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« Maman avait le coeur brisé. J'aurais voulu lui dire que c'était rien, que tout allait bientôt s'arranger. » Sincèrement, j'ai dû mal à me rappeler cette période de ma vie. Celle où nous étions une vraie petite famille, heureuse, avec mon vrai père, où moi et Andreas nous nous comportions vraiment comme des frères et où j'avais la sensation qu'Indiana était juste notre sœur et sans plus. Je crois que c'est parce que je suis doué pour oublier ce qui me déplaît, et ce qui me déplaît ce n'est pas notre ancienne vie de famille, mais le jour où cette famille a disparu. Les disputes de nos parents, on les entendait souvent, trop peut-être, mais j'avais Andreas. On allait tous les deux dans son lit, on serrait nos mains, fort, et on attendait que ça se passe. Ca me plaisait bien, pas que mes parents se disputent !Mais la relation que j'avais avec mon frère, là l'un pour l'autre, et j'avais l'impression d'être dans une bulle avec lui, que plus rien ne pouvait nous attendre, même pas les cris ou les bruits de verre brisés. J'étais dans notre petite bulle et j'attendais que ça se passe. Puis un jour il y a eu la fois de trop. La fois où les hurlements se sont arrêtés parce qu'une porte venait de claquer. Ça arrive une porte qui claque non ? Un coup de vent et puis hop. Mais je crois que j'ai été le seul à ne mettre pas préparé au pire. Andreas était déjà sortie de la chambre et lui avait compris. « Attend ! » Je l'ai suivi, doucement, sans précipitation. Pourquoi faire ? J'essayais de me persuader que ce que j'allais trouver en bas ne serait pas terrible. Peut-être deux trois assiettes cassés mais papa dans le fauteuil, maman en train de lire un livre, ce que tout le monde fait d'habitude. Mais j'ai descendu quelques marches et je les ai vus tous les trois. Maman. Indiana. Andreas. Juste eux trois. Par terre. Dans la cuisine. Et je me suis effondré. Assis sur une marche d'escalier, cramponné à la rampe, j'observais le trio. Je n'avais pas la force ni l'envie d'aller les rejoindre. Mes jambes ne me portaient plus et je voulais être seul, mais près d'eux à la fois. On était plus que quatre maintenant, et cette idée me terrifiait.

« Maman n’avait simplement plus envie d’être heureuse toute seule. » Il nous a fallu du temps pour nous remettre du départ de papa. Et je pense qu'aujourd'hui aucun de nous n'en est totalement remis. Reprendre un train de vie a été très compliqué. Maman pleurait tous les temps et c'était dur pour nous trois de ne pas oser compter pour elle. Je me rends compte que je sollicitais beaucoup Indiana, pour les devoirs, pour une paire de basket de perdu, une dispute à l'école, le genre de truc que l'on confie à ses parents en tant normal. On aurait peut-être dû se soucier un peu plus d'elle, mais c'est dur de ne pas être égoïste à neuf ans. Quant à Andreas .. Je ne sais pas trop, notre relation c'est quelque peu dégradé. Il ne parlait que le strict minimum et je n'avais rien à dire. Pour la première fois de notre vie on surmontait une épreuve chacun dans notre coin. Puis il est arrivé. Edmond. Quand maman nous a dit qu'elle devait nous présenter quelqu'un et que ce grand monsieur a franchi la porte d'entrée, j'ai tout de suite compris que notre cauchemar serait fini. Maman semblait déjà beaucoup plus heureuse, puis Edmond était gentil. Certes ce n'était pas mon père, mais tous comme. Et ça me suffisait. Indiana a été quelques peu retissante au début, et puis Andreas, et bien lui .. il a pété un câble. Je le déteste pour ça d'ailleurs. On allait avoir une nouvelle famille, avec un père qui s'intéressait à nous, qui aimait maman et qui ne la faisait pas pleurer. Mais il a tous gâché. Monsieur avait décidé d'avaler sa langue. De ne plus parler, et bien sûr il a eu ce qu'il voulait : de l'attention. Celle d'Indiana, puis maman aussi. Comme si moi j'en avais pas besoin. J'ai eu l'impression de me retrouver sur le carreau, mis à l'écart, mais heureusement Edmond aussi avait vu clair dans son jeu

« I'm not you, now that would be disastrous. » Au bout de quelques temps il n'y a plus eu de Noah et Andreas, plus personne ne nous voyait comme des jumeaux mais bel et bien comme deux personnes bien différentes. On se ressemblait physiquement et ça s'arrêtait là. Je ne suis pas Andreas et il n'est pas moi. Je suis le méchant frère, lui le gentil mais traumatisé petit frère. Celui qui va au psy tous les mercredi après midi, qui se fait ramener en voiture par maman et qui m'a donc obligé à traverser la moitié de la ville à pied après les entrainement de foot. « Andreas en a plus besoin de toi. » Comme par hasard. Alors je me suis promis un truc : Andreas avait l'attention de tout le monde à la maison, très bien, mais il n'aurait celle de personne à l'école. Et mes camarades avaient déjà mâché le travail. Andreas n'était pas le garçon le plus aimé du collège, contrairement à moi, et je me devais d'entretenir nos places dans ce petit monde. Alors j'ai suivi le mouvement. Ça a commencé par des trucs tous cons, des bousculades, des remarques, puis c'est allé un peu plus loin, comme par exemple avoir accidentellement renverser un vers de jus de fruit sur son devoir de maths, ou lui ''perdre'' son livre de bibliothèque. Des trucs dont je n'étais franchement pas fier, mais il le méritait amplement. Même si aujourd'hui il s'est remis à parler et que je m'efforce de ne plus le victimiser, je sais que rien ne reviendra jamais comme avant entre nous deux.

« I sit by the window, watching the air that you breathe, so far away » Indiana c'est ma grande soeur, et pas uniquement parce qu'on a les mêmes parents. Elle a toujours été une sorte de modèle, et le plus important pour moi était de lui ressembler, et de la rendre fière. Ce projet a commencé à s'effondrer quand Andreas a fait son caprice. J'ai eu le sentiment de ne plus avoir autant son attention, que je n'étais pas aussi important pour elle qu'elle l'était pour moi. Ma mère dit que ce n'était pas vrai, que j'étais beaucoup trop en colère, jaloux et entêté pour voir la vérité, que j'en voulais tellement à Andreas et que j'ai tous déformé. Je ne sais pas si c'est vrai. Mais j'ai toujours le sentiment d'avoir merdé quelque part. Peut-être que moi aussi j'aurais dû faire ça, la fermer et rejeter Edmond. Puis Indiana a commencé à être bizarre, vraiment bizarre. C'est horrible de voir quelqu'un qu'on aime aller au plus mal mais ne pas savoir quoi faire pour l'aider. Personne ne me croit quand je dis que j'ai voulu bien faire mais c'était pourtant le cas. Indi n'allait pas bien et je voulais l'aider. Sauf que je ne sais pas comment on aide quelqu'un à qui l'on tient quand on se retrouve dans une situation comme celle là. Alors j'ai fait ce que je pensais être le mieux : je l'ai dit à ma mère. Si j'avais su que le seul moyen qu'elle guérisse c'était de l'enfermer dans un centre sans aucune visite, j'aurais fait autrement. J'ai toujours était persuadé qu'elle aurait pu guérir ses TCA à la maison, avec nous, avec notre aide. Je pensais que c'était ce que maman allait faire, mais non. Indiana n'a pas eu son mot à dire, et nous non plus d'ailleurs. Elle a fait ses valises et c'est là qu'Andreas a décidé d'ouvrir sa bouche. J'ai encore des doutes sur ce qui a été le plus horrible dans cette histoire : vouloir aider ma soeur et merder ? ou penser qu'elle s'est battu uniquement pour Andreas ? Je ne sais pas si elle m'en veut vraiment, je suppose que si, enfin, j'ai tout fait pour éviter le sujet. Quand elle est enfin rentrée à la maison, j'ai essayé de me racheter, maladroitement, mais j'ai essayé. Je lui préparais son déjeuner en même temps que le mien et parfois je lui faisais un repas le soir rien qu'à elle pour qu'elle n'ait pas à se forcer à manger les trucs dégueulasses de maman. Je ne sais si elle s'en est vraiment rendu compte, mais je n'avais nullement l'intention de lui demander. J'essayais d'avoir son pardon et son attention.

« I'm a crook for stealing your heart away and maybe I'm a crook for not caring for it, maybe I'm a bad person » Ce qui se passe à la maison reste à la maison, et ce qui se passait en cours .. restait difficilement en cours. J'avais un peu arrêté de martyriser Andreas et je m'appliquais à mes études, ce qui n'était pas trop mal. Mais j'ai vite grandit, et les différences entre mon frère et moi se sont encore plus marqué. J'aimais les étoiles et lui le dessin, j'aimais les filles et lui les garçons. J'en jamais vraiment eu grande chose à faire de ce qu'il faisait avec sa bite, parce que ça m'arrangeait pas mal, pas que je voyais Andreas comme une menace en ce qui concerne mes chances de chopper une fille mais presque. On a chacun son terrain de chasse et c'est cool. Il essayait ses trucs et moi les miens. J'ai jamais vraiment eu de petite amie, ou alors je n'étais pas en courant et elles se sont mises en couple avec moi sans me le dire. Je n'ai jamais vraiment compris l'intérêt d'être un couple. C'est chiant, t'as des obligations, tu dois tous donner à une seule et unique personne, et l'exclusivité c'est pas mon truc. J'aime avoir l'exclusivité de quelqu'un mais je déteste là donner. Du coup je trouve ça vachement plus simple d'aller en boite, boire un verre ou deux, chercher une jolie fille, la trouver, et hop pirouette cacahuète. Puis ça à l'air compliqué et chiant l'amour. Même si maman et Edmon m'en donnent un bel exemple, si c'est pour ressemble à maman et papa ou Andreas et Maxime, non merci je me contente de ma main droite. J'ai pas l'impression d'être un vrai salop avec les filles, elles savent à quoi s'attendre alors elles n'ont pas à pleurer si je me suis barré au petite matin.

« If I talk real slowly, if I try real hard to make my point dear, that you have my heart. » Puis au tour de ça y a une personne qui est un peu plus importante que les autres. On en a tous une. La mienne s'appelle Mia. Et Mia je l'aime beaucoup. Trop peut-être ? Elle est douée pour beaucoup de choses, à commencer par me permettre d'être moi-même. On ne s'en rend pas compte à quel point on n'est jamais totalement soi-même jusqu'à ce que l'on rencontre notre Mia, et franchement ça fait du bien. Je n'ai plus à me cacher derrière un masque de supériorité, je suis juste moi-même, Noah Timothy Fawkes. Et quand tu aimes une personne de la façon dont j'aime Mia, t'as forcément envie d'aller plus loin. Et c'est ce qu'on a essayé de faire, enfin, c'était en projet, je crois. Elle venait de sortir d'une rupture, et aucun de nous n'avions envie de la brusquer alors je lui ai fait la promesse de l'attendre. « Je te la ferais pas à l'envers Mia. Je te le promets. » Et j'y croyais vraiment, j'y ai mis dû mien. Je ne voulais pas la briser une deuxième fois. C'est dingue mais quand elle me regarde, j'ai l'impression que je pourrais soulever des montagnes, faire d'elle ma prioritée, et lui donner mon exclusivité. Je n'aime pas nous ranger dans des casses, on a jamais été en couple et nous n'étions pas non plus amoureux, c'est juste que je l'aime beaucoup. Alors rien que pour elle, j'ai décidé d'attendre, je lui ai promis. Mais je n'ai pas tenu ma promesse. J'ai merdé. Foutu en l'air tout ce qu'on avait commencé à construire et planifier, simplement parce que je n'avais pas réussi à garder ma bite dans mon caleçon. Et je m'en veux, à mort. Mais c'est bien plus compliqué que ça. Je ferai n'importe quoi pour elle, mais je pense ne pas en être totalement capable, et on en a aujourd'hui tous les deux la preuve.