If everyone goes away, I will stay,


 

J’ai toqué à la porte face à moi, sans réfléchir. Pourquoi faire de toute façon ? J’ai eu cinq longs mois pour me décider, pourquoi prendre une bouffé d’air et risquer de renoncer ? Pourtant ça n'empêche pas mes doigts de trembler et de chercher du réconfort en caressant mon ventre maintenant plat. Cette présence me manque, je me sens trop seule et trop fragile pour affronter mes sentiments sans aide, mais c’est pourtant ce que je m'apprête à faire. Figée sur les marches de l’entrée, j’attend patiemment qu’on m’ouvre. Peut-être n’y a-t-il personne ? Cette idée me réconforte mais je prend bien vite conscience que je n’aurais pas de deuxième chance. La petite Violet est bien trop fragile pour affronter ses peurs deux fois. Je m’en veux d’avoir fait attendre Maxime aussi longtemps, de lui avoir manqué, -il me l’a dit, je reçois ses sms, ses statuts facebook même si je n’y répond pas-. Mais je ne peux nier que ce n’était pas une mauvaise idée. ‘i will stay’. Il me l’a chanté. Et je le crois, bien que je ne suis pas sûr que cette phrase s’applique après tant de temps.

J’envisage sa réaction, mais la seule qui me vient en tête est : il va me détester. Et moi je le déteste de prendre autant de temps pour ouvrir une porte. Le temps ne correspond plus à mes repères, il ne m’atteint pas, j’ai le sentiment d’attendre plusieurs minutes mais peut-être est ce seulement des secondes ? Je suppose que c’est comme ça à chaque fois, quand on met nos sentiments à plat, qu’on est enfin sur de ce qu’on est, de ce qu’on veut, de ce qu’on ne pourra jamais avoir, mais qu’enfin on l’accepte. J’aurais pû garder ces réflexions pour moi, mais j’imagine que des sentiments se partagent obligatoirement à deux, ou peut-être parce que j’ai envie d’affirmer à Maxime que j’existe toujours, que je ne suis pas juste une tracas de plus et que je peux être quelqu’un dont il a besoin, malgré nos besoins contraires. Ou peut-être est-ce simplement parce que j’ai le sentiment d’avoir une dette envers lui. Je ne pense pas que Maxime est conscience de tout ce qu’il m’a apporté, de tout ce que j’ai pu surmonter grâce à lui, directement ou indirectement. Son ignorance sur ce genre de détail ne me contrarie pourtant pas. Est-ce que ça fera peser la balance en ma faveur ? Je suis certaine que non. Maxime aime Andreas. Andreas aime Maxime. Et bien que leur relation soit plus destructrice que bénéfique, je n’ai pas mon mot à dire. Pourtant c’est un peu mon intention en venant ici.

M’expliquer. Nous expliquer. Se mettre au point. Ou peut-être pas. Peut-être que l’ignorance lui convient. J’imagine mal Maxime égoïste, mais qu’est-ce que je sais de lui de toute façon ? Je ne le pensais pas aimer quelqu’un qui lui fait plus de mal que de bien.

Finalement je renonce. Je n’arriverai jamais à savoir les pensées de Maxime. Une conviction qui renforce mon impression que nous ne sommes pas fait l’un pour l’autre. Mon coeur se sert et je retiens un haut les coeurs pendant que mes bras s’enroule autour de mon ventre plat.

La porte s’ouvre. Et je le hais de choisir ce moment-là pour m'accueillir. Je hais me montrer faible, encore plus devant lui à présent. J’ai l’impression de ne plus avoir le droit à l’erreur, et je commet pourtant ma première. Je me frotte le front pour me donner une contenance, l’impression que je ne suis pas tombé aussi bas que j’en donne l’air.

« Hey.. une revenante. »

Un murmure à peine audible. Je suis bien trop concentré sur mes pieds, je les oblige à rester, ne pas fuir, affronter ma plus grande faiblesse, ma plus grande force aussi. Je tante en sourire, un sourire raté. J’ai heureusement la présence d’esprit de ne pas m’attarder sur son visage et sur tout ce qui pourrait me faire commettre une deuxième erreur. Je détourne mon regard de sa présence pendant que mes doigts se perdent une nouvelle fois sur mon ventre.

‘And I'm not letting go.’ Est-ce que je peux le croire ?