« Mamaaaaaaaaaaan, Jack m'a prit ma voituuuuure, mamaaaaaaan » deux jeunes garçons jouaient dans le jardin de la petite maison familiale des Miller, aux alentours de Brighton. Deux frères, deux amis. qui se chamaillaient de temps en temps. Ou tout le temps, c'était à voir. « Jackson, rend la voiture à ton frère, Samuel arrête de hurler. » La femme brune leva les yeux aux ciels, ces deux là étaient toujours pareils. Depuis six ans, depuis la naissance de Samuel, ils vivaient tous les quatre à Brighton, une petite ville pas très peuplé, mais assez calme, quand on faisait abstraction des deux côtés différents, Carefree et Spark. Ils avaient acheté une petite maison, un peu en dehors de la ville. Elle n'était certes pas très grande, mais arrangés à leur soin, à leur envie.  Et ils s'y sentaient bien. Les Miller étaient une famille exemplaire, du moins, en apparence. Le mari et son épouse avaient malheureusement souvent des conflits, ce qui mettait les deux frères au milieu. Mais ça passait, toujours. Ils grandirent. Jack devient très vite le plus débrouillard des deux, mais aussi le plus casse-cou. Sam rigolait toujours à ses bêtises, ses escapades, mais se promit de ne jamais devenir aussi chiant que son grand frère avec ses parents. Plus le temps passait, plus son aîné s'amusait à l'emmerder, à le pousser dans ses retranchements. Mais Sam avait toujours eu un tempérament plus calme, plus doux. Ce qui rassurait les deux parents. A l'école, Sam avait des bonnes notes, se comportait relativement bien. C'était un élève normal, dans la moyenne, sans jamais faire d'excès, d'un côté comme de l'autre.

« Fais chier. » un vase se brisa quelque part dans le salon. Sam, en haut dans sa chambre posa la tête entre ses mains. « Ils s'arrêteront vraiment jamais. » Son frère étant absent, il n'avait que ses Rolling Stones pour échapper aux cris qui se faisaient entendre en bas. Depuis plusieurs années, ses parents avaient de plus en plus de mal à s'entendre en privé. Sam n'espérait qu'une chose, que ça cesse. Même si l'idée de ne plus vivre avec ses deux parents, en même temps, lui était insupportable, il préférait ça plutôt que d'entendre des hurlements de furies et ne pas savoir se concentrer sur ses cours. Il venait d'entrer au lycée et voulait absolument réussir tout du premier coup, comme son grand frère Jack avait fait. Il n'avait pas envie d'être en reste. Il balança ses écouteurs sur son lit, bien décidé à faire entendre à ses parents le fin fond de sa pensée. Comme d'habitude, ils se disputaient au sujet d'une chose totalement futile. Un verre de Coca posé sur la table basse et non sur le support prévu à cet effet. « Non mais réellement, vous n'en avais pas marre ? Vous allez vous péter les cordes vocales à force hein.. » Ses parents, surpris qu'un de leur fils était toujours dans la maison en oublièrent de s'hurler dessus durant un millième de seconde. « Ce ne sont pas tes affaires mon chéri, retourne étudier. » « Etudier ? Vraiment ? Avec le boucan que vous faites ? J'vais aller demander l'hospice aux voisins ! Il ne vous est jamais venu à l'esprit de... faire une pause ? » Il ne sut jamais si c'était ses paroles qui avaient tout déclenché, mais ce fut quelques jours plus tard, après cette mini-discussion que ses deux parents décidèrent de se séparer pour de bon. Madame Miller garderait la maison, gagnant mieux sa vie, et son mari irait se louer un appartement. Même si Sam en avait parlé en premier, il ne pouvait s'empêcher de trouver cette décision trop brusque, trop rapide. « Hé le morveux, j'arrête les études, j'en ai marre. Le dit pas aux parents, j'vais faire genre que je suis les cours le temps de me trouver un boulot stable. » Dans le parc avec son frère, Sam ne pu s'empêcher de le regarder de travers. Son frère avait toujours été un grand malade. Mais à ce point ? Il secoua la tête. « T'es vraiment sur de toi ? Ils vont pas apprécier. » Jack opina du chef. Quand il avait une idée en tête, pour le faire changer d'avis, autant demander à une poule de ne plus pondre d'œuf. De toute façon, se dit Sam, ça ne changerait pas grand chose à sa façon de vivre. Que son frère travaille, étudie, court à poil dans un champ de maïs, il n'allait pas en mourir. Puis ça voulait aussi dire qu'il allait bientôt partir et qu'il aurait la plus grande chambre ! Enfin, pour ça, il n'était pas sorti de l'auberge. Les parents Miller finirent par apprendre que leur fils avait arrêté l'école, cette histoire aurait pu terminer dans les cris, les engueulades, une fois de plus. Mais heureusement pour Jack, il avait fini par trouver un boulot stable, et surtout, ce qui réussi à limiter la crise, il avait trouvé - si on peut dire cela ainsi - une fiancé. Sa mère, trop heureuse de pouvoir se donner corps et âme dans un futur mariage qu'elle espérait tant voir arriver, oubliant les mensonges de son fils. Si Sam fut assez étonné de ce retournement de situation, il ne dit rien, tout aussi soulagé d'avoir évité les crises. Et puis surtout, cette fiancée avait une sœur.

Sam avait l'impression de les connaître depuis toujours. Comme si ils faisaient partie intégrante de sa vie, de son passé, de son futur. Ils étaient une sorte de deuxième famille, sans tous les problèmes autour. Oh, certes, il y avait toujours des côtés plus romanesque, mais excepté ça, c'était comme se dorer la pilule au soleil durant un mois d'août à Ibiza. Le pied. Sam n'avait jamais été un garçon ayant des problèmes d'attachement. Lorsque ça marchait relativement bien avec une personne, le jeune homme s'attachait assez vite. Pas jusqu'à faire des dépressions lorsqu'il se passait une semaine sans nouvelles, non, juste, il était heureux de passer du temps avec ces gens qu'il appelait ses amis. Il préférait même rester avec eux que chez lui. Comme tout adolescent normal. « Mec, tu sais pas quoi ? » Sam souriait. Il souriait tout le temps en présence de cette petite brune, une vraie tornade, mais qu'il affectionnait tout particulièrement. On pourrait presque aller jusqu'à dire qu'ils étaient les big potes que la terre ait connue. Mais Sam n'aimait pas mettre d'étiquette, et leur amitié, ils ne la décrivaient pas, ils la vivaient. « Ouais, c'est fou hein ? Tu seras bientôt ma sœur, si c'est pas la classe. » Son satané frère avait décidé de mettre le grappin sur la sœur de son amie. Si il avait d'abord penser que ça serait plutôt bizarre comme situation, aujourd'hui, il en rigolait. Même si tout ne se présentait pas totalement très très bien, surtout avec les lubies de Jack. Mais ce n'était pas le problème de Sam. Surtout que ça l'avait encore plus rapproché de la petite brune, et ils s'entendaient comme larrons en foire. Peu de temps après l'avoir rencontré, il fit la connaissance de ses deux cousines. Deux brunes aussi avec qui une fois encore l'amitié était très vite passé. Il jouait parfois le psy avec l'une des deux, l'écoutant parler de ses problèmes et la réconfortant du mieux qu'il pouvait. Il l'aimait bien, et adorait jouer ce rôle de grand frère qu'il prenait très au sérieux. « Viens parler à tonton Samou! » C'était sans doute la phrase qu'il sortait le plus souvent à cette petite brunette dès lors qu'l voyait que ça n'allait pas. Un petit sourire mi-triste, mi-joyeux, et c'était parti. La dernière en date était surement la plus casse-cou. Enfin, dernière, techniquement non, mais bon. La dernière des cousines était celle avec qui Sam aimait le plus parler de tout, de rien, de conneries, souvent de conneries. Ils étaient comme deux chatons qui se bagarraient, all the time, sans jamais se lasser, mais tout en portant l'autre très haut dans son cœur. A deux, ils peuvent tomber très bas, dans l'idiotie, mais n'en rient que plus à chaque fois, n'en ressortent que plus amis. En clair, Sam adore ces trois cousines qui sont pour lui plus qu'importantes. Comme des sœurs. En plus de toutes ces drôles de dames, il y a deux autres zigotos. Une nouvelle fois, aujourd'hui, on pourrait caractériser leur entente comme une entente parfaite. Même si il n'y a pas toujours eu que du rose. L'un pourrait être son meilleur pote au masculin. Quelque peu timide au premier abord, Sam a toute de suite accroché à son caractère et à sa personnalité atypique. Etrangement, avec lui, Sam arrive à se confier de toute sorte, particulièrement après la séparation de ses parents qu'il a au début mal pris, le jeune homme fut une sorte de journal intime humain, sans spécialement le conseiller, ni même le juger, il arrivait à faire sortir le mal-être de Sam. Enfin, la mauvaise humeur. Sam n'étant vraiment pas un jeune homme torturé. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui ils sont un peu comme deux confidents, tout en restant très simples. Ils adorent passer du temps ensemble et ne perdent jamais une occasion de se voir. Avec le dernier de la bande, Sam eut plus de mal au départ. Et encore. Disons qu'ils n'étaient pas spécialement proches, ils se connaissaient de vue, se croisaient dans les couloirs, et ça en restait là. Sam n'était pas du genre à aller chercher quelqu'un qui ne semblait pas vraiment apte à faire connaissance. Jusqu'à cette fameuse soirée où une fois de plus, toute la malchance tomba sur le pauvre Sam qui en subit une énième fois les conséquences. Ca aurait pu en rester là, si seulement le jeune homme ne s'était pas retrouvé avec Sam au mauvais moment, au mauvais endroit. Pour une fois, Sam n'avait pas bu une seule goutte d'alcool, faisant le Bob. Une simple soirée, au bord d'une simple piscine. Ce n'était même pas une grosse fête avec pleins de gens et de gobelets à terre. Non. Mais ce que Sam n'avait pas prévu, c'est qu'il se prendrait la seule dalle à moitié surélevée dans toute la propriété, et que cette dalle unique se trouvait juste au bord de la piscine, et que s'y trouvait ce jeune homme, un dessert à la main, qu'il connaissait à peine. Et il était très loin de penser qu'il allait se la prendre cette dalle, et qu'ils allaient tous les deux se rétamer, non pas sur le sol, mais dans la piscine, par moins cinq degré, tout habillé, un verre de coca et une mousse au chocolat, dans l'eau avec eux. « Oh shit. » Ils se regardèrent de longues secondes avant d'éclater de rire tous les deux en même temps. « Oh putain vieux, t'es vraiment comme on le disait. » Depuis ce jour, ils ont arrêté d'être distant, et sont devenus amis. De vrais amis.

Si Samuel était un jeune homme réglo, il n'empêche qu'il n'avait jamais eu de relations vraiment sérieuses. Fleurt, de passage en vacances, rien qui ne l'avait marqué au plus profond de son être. Mais ce n'est sans compter l'apparition de la petite dernière trouvaille de leur bande. Une jeune fille à l'apparence toute frêle, craintive, timide, et très, très religieuse. Et ça, ce n'était pas que d'apparence. C'est Ronnie qui les présenta l'un à l'autre. Et très vite, cette petite blonde captiva Sam. Elle n'était pas comme eux, comme lui, mais en même temps, elle était tout. Elle se mis à traîner avec eux, ils lui firent découvrir le monde. Et lui, Sam, la dévorait du regard, chaque seconde, chaque minute passée avec elle. Mais il n'osa rien tenté. Elle restait Jude. La petite Jude. La belle et fragile Jude. Il finit par se prendre en main, et invita Jude à passer une soirée avec lui. Rien qu'avec lui.  Etrangement ou pas, elle accepta. C'était la première fois qu'ils allaient sortir tous les deux, sans le reste de leur bande. A deux. Rien qu'à deux. Et Sam prépara tout dans les moindres détails.
Je changeais trois fois de chemise, ne sachant jamais laquelle laisser, laquelle ferait assez habillée, mais en même temps pas trop, pour pas faire genre que je m'étais préparé durant des heures pour un rendez-vous. Je fis même l'effort de me coiffer les cheveux dans un semi-coiffage, pas comme les hommes des années cinquante. Un bonnet pour un rencart ? Pas des masses. Mais je ne savais même pas si c'était un réel rencart. Oh god. Je ressortis même mes anciennes lentilles, qui fonctionnaient toujours. Ce n'est pas que les lunettes, je n'aimais pas mais... C'était pas pareil. Voilà. Fin prêt, je pris mon sac à dos, mon portable que je glissais dans ma poche et j'étais prêt pour rejoindre Jude près du centre. Ouais, certes, en parfait gentleman j'aurais dû aller la chercher chez elle mais... A cette heure ses parents étaient encore réveillés, et je n'avais aucune envie de tomber sur ceux, pas maintenant. Un quart d'heures d'avance. Ouais, je faisais fort. Mais j'avais pas envie de tout gâcher. Je ne savais même pas à quoi cette sortie allait nous avancer, je ne savais même pas à quoi elle pensait en ayant accepté. Amis, connaissances, autre chose, je n'en avais aucune idée. Je la vis enfin arriver, encore plus belle que dans mes souvenirs si c'était possible. « Hey, salut, ouais. Tu vas bien ? » Ou comment raconter que de la merde en même pas trois secondes, appelez vous Sam. Finalement, j'arrivais à reprendre un peu de contenance, et après les politesses d'usages, je l'emmenais près de la mer, afin de déguster, manger, notre petit pique-nique que j'avais préparé pour l'occasion. Je vous le dis, je m'étais donné à fond. Sauf que manger des sandwichs sur le sable.. Non merci. J'avais donc demandé à l'une de mes connaissances de me prêter une table de l'un de ses restaurants en face de la mer, et ayant déjà tout installé, je fis asseoir Jude sur une chaise, en face de la mer, mais non sur le sable. Ca faisait très romantique tout compte fait mais... Autant sortir le grand jeu, non ? Ouais. Je dois dire que mes souvenirs de cette soirée sont flous, un peu comme dans un rêve, je me demande même si ils sont encore parfois réels. « T'as bien mangé ? Au cinéma du centre, ils jouent un vieux film du début du cinéma, en noir et blanc. J'ai pensé que ça pourrait te plaire, je nous ais pris deux places, ça te va ? » Heureusement pour moi, Jude accepta, et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions assis côte à côte devant un vieux film. Nos mains étaient proches, trop proches sur l'accoudoir. Et pourtant, je n'osais rien faire. Peur de la faire partir, peur de lui faire peur aussi peut-être. Je ne faisais qu'effleurer sa peau quand je buvais mon soda. Je dois avouer avoir plus regardé le visage de Jude à moitié en cachette plutôt qu'avoir fait attention au film. Après cela, il y avait une petite foire au centre ville, je l'ai amené sur un carrousel. On se serait cru dans un film, entendre son rire éclatait toutes les petites bulles de plaisir cachées au fin fond de mon ventre. Il n'était pas très tard ensuite, et je savais qu'un ami faisait une petite soirée. On y resta une petite heure, et après quoi je la ramenais chez elle. Jusque devant la porte de son énorme manoir. Je pense sur le coup n'avoir pas réfléchi, mais après réflexion, je n'avais plus pris une aussi bonne décision depuis longtemps. Alors que je lui disais bonne nuit, j'approchais lentement mon visage du sien, sans jamais quitter des yeux son regard. Son beau regard. Et doucement mes lèvres effleurèrent les siennes. Un boulet de canon aurait pu retenir à côté de nous, que je ne l'aurais pas entendu. Je n'avais d'yeux, d'oreilles, de lèvres que pour elle. Ce ne fut pas l'un de ses baisers fougueux que la plupart des brightoniens donnaient à tord et à travers. Non, c'était mieux que ça. Il ne dura pas longtemps, mais fut magique, vraiment. Et elle rentra chez elle. Ce fut à moitié stone que je rentrais chez moi.