C'est quoi la normalité ? C'est quoi le bonheur ? C'est quoi le véritable amour ? C'est quoi la vie tout court ? Tant de questions que l'on se pose lorsqu'on est petit.Et quand on grandit, on croit en voir les réponses. Mais non, non les réponses ne sont pas là il n'y aura jamais de véritable réponse à toutes ces questions. Jamais. On croit qu'on est grand. On croit. Oui on croit. Mais croire c'est quoi ? Croire c'est puérile. Croire c'est diviser. Croire c'est s'encombrer d'inutiles. Croire c'est avoir peur. Et l'être humain a peur. Il a peur de ce qui est différent de lui. Il a peur de l'inconnue. Un inconnue qu'il ne sait pas résoudre. Parce que lui n'a pas de solution, parce qu'il est impuissant face à cette inconnue à laquelle il n'a pas de solution. Au final notre vie n'est qu'une série de questions auxquelles on ne peut pas répondre. Parce que les réponses ne sont pas.

Pourtant je pensais avoir les réponses. Je pensais avoir compris pourquoi les vieux se sont séparés. Je pensais savoir pourquoi maman m'a emmené en Espagne, pourquoi nous avons été séparés, toi et moi. Mais non, j'en sais rien, au fond, ça s'est fait. Et c'est comme ça. On avait quoi ? douze ans hein ? Oui jusque là tout allait bien, une vie bien tranquille à Paris. Des gosses de riches, voilà ce qu'on était. Des petits asiat' enfant d'un styliste et d'une mannequin. Pourtant leur union a pas duré éternellement. Peut être que j'aurai préféré. Quoique j'en sais rien. Mais tu sais quoi. J'avais dix septans, hein, quand j'suis partie avec maman à Barcelone. J'suis entré au lycée là bas. Et au fond j'me suis éclaté. Je regrette rien de ces deux ans, hormis le fait d'avoir été séparée de toi. Mais ma vie a pas été catastrophique, j'ai rencontré des gens géniaux, je me suis éclatée, j'ai apprit la vie, seule. J'me suis renforcé, j'ai commencé à avoir un caractère de chien, ouais, je me suis pas laissé marché dessus. Jamais. Je suis sortie avec un mec, il s'est foutu de ma gueule, genre bien tu vois. Mais j'ai été plus forte que lui, quand il est revenu pleurer je l'ai démoli. J'en avais rien à foutre de ces fausses larmes. J'en avais rien à foutre qu'il essaie de me faire croire que j'étais la femme de sa vie. Au fond, je regrette presque d'être sortie avec lui.

Et après je suis rentrée avec maman à Paris. Retour aux sources. J'ai retrouvé des gens, j'en ai rencontré d'autre. Je suis même sortie avec une fille, genre, pas longtemps. Mais c'était cool. Et j'ai pas honte, le regard des autres ne me fait pas peur, tu sais. Si ça les amuse de critiquer, au moins je sais que j'occupe des gens, et ça j'en suis fière. Qu'ils bavent seulement, je ris en les voyant. Une fois j'ai même lancé moi même une rumeur sur moi, et tout le monde y a cru, genre bien. Puis t'es rentré, depuis tout ce temps. Je t'ai pas lâché, plus lâché du tout. Je voulais pas être à nouveau séparé de mon frère, de ma moitié. Parce que t'es bien plus qu'un frère. Et on est partis, tu m'as embarqué en Angleterre, au début je me suis demandée où tu m'avais emmené. Puis je me suis habituée. Et même si on a plus une vie de riche, on a notre vie, et ça c'est classieux tu vois. Et j'suis fière d'avoir un frère comme toi. La fac de droit je m'y plaît et je compte bien aller loin dans les études. Peut être qu'un jour je serais avocate, qui sait. Ou peut être pas mais qu'importe, pour le moment je m'éclate et c'est tout ce qui compte, non ? Et les gens qu'on a rencontré, je les adore, tous, j'imagine même plus ma vie sans eux, ni sans toi d'ailleurs. Faudra quand même que j'aille voir papa un jour. Tu ne crois pas ?

J'ai toujours pas les réponses à toutes ces putains d'interrogations. Je sais toujours pas ce qu'il en est de l'amour avec un grand A, de la vie, du bonheur. Mais je m'en fous, parce que la vie que je mène c'est moi qui l'ai choisie et même si il y a encore toutes ces questions, elles ne me font pas peur, parce que les réponses, c'est moi qui les donneraient. Ce seront les miennes et pas celles qu'on aura voulu m'apprendre.