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 Can you hear the echoes fading?

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Meth A. Northon
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MessageSujet: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitimeSam 19 Oct - 23:01

In the mourning.
Il fait froid. J'ai toujours pensé que les gens étaient plus beaux en hiver. Dès que la température commence à baisser, on sort les écharpes, les pulls informes et les bonnets. On couvre nos mains abîmées de gants de toutes les couleurs et le monde devient plus agréable à regarder. Les matins sont confortables, dans le chaud d'énormes couvertures, près d'un corps que l'on a appris à aimer au fur et à mesure des semaines. Terminée la moiteur de l'été, où les peaux glissent, rippent, refusent de s'accrocher. On se coût les uns aux autres. On ne fuit plus. La chaleur est là, on ferme les yeux le plus fort possible, parce qu'on ne veut plus qu'elle s'en aille. Qu'elle emporte la beauté avec elle, tout ça pour nous laisser avec des cendres et des souvenirs. Une nouvelle fois.

Stew est avec moi, j'crois que j'me sens déjà comme à Noël. Tous les deux foutus dans un plaid plus grand que la voie lactée, se brûlant la gorge avec un chocolat chaud, deux fois plus de chamallows pour elle, parce que c'est une de ces filles qui se fichent de son poids. C'est pour ça que je l'aime autant. Car elle ne prétend jamais vouloir être une autre. Elle assume l'enfant apeurée, la battante du passé, elle ne fout pas d'ombres sur ses erreurs et sur les moments où s'est cassé la gueule sur toutes les embûches sur son putain de chemin. Avant cette fille, j'avais jamais fêté Noël. Pas une habitude familiale, ni même un truc duquel on parlait avec ma mère. Un sujet tabou à ajouter dans une liste que je savais sans fin. Donc j'me contentais de me promener dans les rues de Newhaven, remplies de guirlandes et d'étoiles sur les murs et les toits. J'osais avoir les yeux qui brillent quand on ne me regardait pas. J'osais être l'enfant qu'on m'avait interdit d'être, parce que maman était malade, maman était triste, et que je me devais d'être fort, plus fort qu'un titan. J'me souviendrais toujours de ce 24 décembre où j'me suis réveillé parce que les gamins d'en face hurlaient trop leur bonheur. J'me suis approché de la fenêtre et j'ai même pas pu les détester. J'me suis juste assis, j'les ai observés, en m'disant que le père de famille devait avoir les couilles qui transpiraient sous son costume de Père Noël.

J'embrasse le front de Stew, elle se colle contre mon torse. Ses cheveux sentent la pomme et le caramel, une foutue sucrerie vivante. Y'a un bout de ma famille sur ce canapé, dans mes bras. Et j'me battrais aussi longtemps qu'il le faudra pour pas qu'elle m'abandonne. Pour être heureux, parce que j'me le suis promis. Il faut que j'y arrive, j'en suis capable. Ma petite sœur de cœur, de palpitant, tire sur ma manche comme si elle lisait dans mes pensées. Elle fout son regard dans le mien, elle me lâche pas, et pose ses doigts de chaque côté de mes lèvres. Qui s'étirent dans un sourire, parce qu'elle est là. Parce qu'elle est la base de tout ce que j'ai, de tout ce que j'ai connu de bon.

Téléphone.
Mon dos craque quand j'me lève du canapé, Stew me traite de p'tit vieux, elle se prend un doigt d'honneur, même si j'ai jamais compris pourquoi on appelait ça comme ça. C'est une voix de femme au téléphone. Hôpital général de Newhaven.
J'crois que mon cœur rate plusieurs battements. Mon œil gauche saute.
Est-ce que Ariana Northon est bien votre mère ?
Oui.
Monsieur Northon... Je suis le médecin de votre mère... Je... Je suis dans le regret de vous annoncer que votre mère nous a quitté plus tôt dans la soirée.

Le combiné fait un bruit sourd quand il frappe mon tapis.
J'entends plus rien. Peut-être la voix de Stew, en fond, comme une vibration.
Une piqûre.
Elle touche ma peau, j'devrais le sentir, non ?
Mes pieds me tiennent plus.
J'crois que j'ai froid.
Froid.

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MessageSujet: Re: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitimeSam 19 Oct - 23:53

CAN YOU HEAR THE ECHOES FADING ?

« J'ai comme l'impression que t'es pressée, j'me trompe ? » Je m'arrête aussitôt. A moitié penchée sur mon sac, je tourne la tête vers le jeune homme. C'est compliqué. Personne ne comprend. Lui non plus. Je suis plus que pressée. J'attrape finalement mon sac en poussant un soupir. « Je t'appelle demain, promis. » Il me prend dans ses bras, je ferme les yeux. Il faut que je file. S'il savait tout ce qui se passe dans ma tête. Malheureusement, je ne peux pas me permettre de tout lui dire. Alors je ravale mes pensées et m'écarte en douceur. Un léger baiser posé sur mon front et je m'éclipse. C'est comme ça que cela doit rester. Je n'ai pas le droit de tout compromettre. Maël. C'est bien trop grand pour moi. Je n'ai pas le droit de me laisser aller. Il faut que je garde la tête sur les épaules. Je n'ai pas le droit de tout planter maintenant. Bref. Je le mets dans un coin de ma tête et me concentre sur la soirée qui m'attend. Un soirée qui, je le sais, sera la meilleure dont je puisse rêver. J'ai besoin de ça. Vraiment. Et il sera interdit de parler de lui. Sinon je m'en irais en courant. Et je n'en n'ai pas envie. Il fait froid dehors. Je remonte le col de ma veste et resserre mon écharpe autour de mon cou. Encore quelques pas et je pourrais me blottir dans les bras de mon frère.

Il n'y a vraiment qu'avec lui que je peux passer une soirée comme ça. Sans parler. Juste assis, là, sur le canapé. Enveloppés dans ce plaid bien trop grand, je peux tout oublier. J'ai encore manger beaucoup trop de marshmallows mais je n'en n'ai rien à cirer. J'ai beau ne pas aimer le chocolat, Meth sait comment le doser pour que je puisse en boire. Là, comme ça, j'oublie tout. Et puis, il y a cette connexion que je n'arriverais certainement jamais à rompre. Je sais qu'il réfléchis beaucoup trop. Alors je fais en sorte que cela cesse. C'est toujours de courte durée mais c'est déjà ça. Ses bras se referment autour de moi et, à nouveau, je laisse ma tête se poser contre son torse. Le téléphone sonne. Et merde. Je me décale pour le laisser se lever. On dirait un vieux qui galère à se lever de son fauteuil. Je ne me gêne d'ailleurs pas pour le lui dire. Et hop, un gros fuck dans ma tête. Je lui lance un coussin avant qu'il ne réponde. Je m'attarde sur les traits de son visage. Quelque chose ne va pas. Je me redresse lentement. Je suis dans l'incapacité totale de comprendre et ça ne me plait pas. Il y a quelque chose qui cloche, je le sais. Il ne ferait pas cette tête là sinon. Resserrant mon emprise sur le plaid, j'attends la suite. Et j'ai l'impression que cela dure des heures et des heures. Et puis, le téléphone est venu s'échouer sur le tapis.

Il ne m'a pas fallut longtemps pour comprendre. Il n'y a qu'une seule chose qui puisse susciter une telle réaction. Alors j'ai juste bondis du canapé, abandonnant lâchement le plaid à son sort. « Meth ... » Mes bras se referme autour de ses épaules. Il tremble et vacille. Merde. C'est pas comme ça que cela devait se passer. Pas maintenant, pas comme ça. Je retiens mes larmes. Ce n'est pas le moment de me laisser aller. Pas tout de suite. Je ne peux pas me le permettre. Pas quand il faut que je m'occupe de lui. « S'il te plait, regarde moi Meth. Je suis là ... J't'en prie ... » Et soudain, je sais que je n'y arriverais pas seule. Je le sais parce que les larmes se mettent à perler sur mes joues sans que je ne puisse plus les retenir. Je voudrais tellement pouvoir y arriver mais c'est bien trop grand pour moi. Et j'ai beau faire ce que je dois, Meth me repousse pour s'enfuir dans sa chambre et m'en interdire l'accès. Putain. Pas ça. « Meth attends ... Meth ! » Trop tard. J'ai beau faire tout ce que je peux pour le rejoindre avant qu'il ne soit trop tard, je me heurte à une porte close. Mes jambes refusent de me tenir plus longtemps. Mes genoux heurtent le sol sans même que je n'en sente la douleur. Mon coeur me fait trop mal. Un fois de plus, une ombre vient ternir mon paysage. Et puis, je réalise que j'ai perdu cette femme que je considérais comme une seconde mère. Cette femme qui ne voyait pas tout le mal que j'avais pu faire avant et qui n'en n'avait strictement rien à faire. En fait, ça fait mal. Ca fait plus que mal. Et je ne pourrais jamais arriver à faire quelque chose toute seule. Parce que sans lui, il me manque quelque chose. Alors j'attrape mon portable pendant que je le peux encore. Notre échange a été plus long que je ne le pensais mais il arrive. La tête posée contre cette porte close, je pleure en silence. Mon portable glisse sur le sol. Il fait froid en fait.



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MessageSujet: Re: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitimeDim 20 Oct - 0:58

you'll never sink when you're with me.
"WE ARE ALL WANDERERS ON THIS EARTH; OUR HEARTS ARE FULL OF WONDER, AND OUR SOULS ARE DEEP WITH DREAMS. Your mother warned you there'd be days like these Oh but she didn't tell you when the world has brought You down to your knees that... I'll be there for you When the rain starts to pour I'll be there for you Like I've been there before I'll be there for you 'Cuz you're there for me too... No one could ever know me No one could ever see me Seems you're the only one who knows What it's like to be me Someone to face the day with Make it through all the rest with Someone I'll always laugh with Even at my worst I'm best with you, yeah It's like you're always stuck in second gear And it hasn't been your day, your week, your month, or even your year... I'll be there for you When the rain starts to pour I'll be there for you Like I've been there before I'll be there for you 'Cuz you're there for me too...


J’pensais que ça allait être une soirée des plus tranquilles, sans incident majeur à rapporter. STD ronronnant sur mes genoux, mon carnet posé à côté, mâchonnant un crayon en quête d’inspiration. J’avais un peu moins de mal à la faire venir ces derniers temps, mais elle se faisait attendre, toujours un peu plus et la pression pesait tout de même, alors j’me creusais la tête mais j’finissais toujours à soupirer, raturer et m’endormir les poings serrés de frustration, et à rêver de trucs chelou comme des cafards, des canards en bois ou des parallélépipèdes rectangles... Je préférais me coucher tôt et avoir un sommeil sans rêves. C’était d’ailleurs ce que je m’apprêtais à faire. Il commençait à se faire tard, j’avais de nouvelles de personne, et pas mal de sommeil  en retard. C’est alors que mon portable a vibré et que la photo de Stew déguisée en chat pour Halloween 2008 s’est affichée. « t'es où ? avec qui ? tu fais quoi ? réponds-moi. VITE. » Mon cœur a accéléré comme à chaque fois. C’était pas le genre de Stew de paniquer pour rien, ça c’était plutôt mon rôle dans le duo qu’on formait. Mes doigts tremblaient un peu quand j’ai appuyé sur les touches de mon téléphone, je savais qu’elle passait la soirée avec Meth, et si une chose leur était arrivée à l’un ou à l’autre… J’voulais même pas y penser. Elle me parlait de Meth, de sa mère. Elle me demandait de venir.  Meth. Sa mère. Je n’ai pas mis beaucoup de temps avant de faire le lien. J’étais dans la rue au bout de deux messages, à moitié habillé et l’esprit flou, courant à toute allure vers l’immeuble de Meth. Pas le temps de retrouver les clés de Stan. Pas le temps de prévenir qui que ce soit ou de penser à autre chose que les prénoms de Meth et Stew qui résonnaient dans mon crâne. J’avais le souffle coupé, et j’étais pas sûr que ça soit à cause de ma course effrénée contre la montre.
Les escaliers furent montés tellement vite que je faillis tomber une bonne demi douzaine de fois. J’ai ouvert la porte à la volée, tourbillon d’inquiétude et de panique. Le téléphone est tombé et deux tasses à peine entamée gisent sur la table basse. Mauvais présage, mon cœur se serre, mes dents aussi. Je me rue jusqu’à la chambre de Meth. Stew est assise contre le mur et quand elle lève son visage vers moi, les traces de larmes sur ses joues me fendent le cœur à coup de rasoir. C’est le choc. J’crois que j’me laisse tomber à côté d’elle. J’ai un peu la tête qui tourne, je pense. Mes bras enlacent sa taille et je soulève une mèche de ses cheveux avant de la bercer doucement. « Hé, Stew. Ca va aller, d’accord ? Ca va aller. Pleure pas. » Parce que ça va toujours. C’est comme ça qu’ça fonctionne, non ? Ca a toujours fonctionné comme ça, alors pourquoi ça changerait ? Les gens partent et ça fait mal, mais on se relève, on se relève même avec des cicatrices qui nous marquent pour toujours. Mais en attendant j’ai plus la force de me lever et j’reste à caresser le dos de Stew avant de lui embrasser la tempe. Je frappe à la porte, toujours close, qui me fait face comme le mur le de la plus impénétrable des prisons. Une fois.  Pas de réponse. Une deuxième.  « Meth ? Est-ce que tu veux bien ouvrir, quand t’en auras envie ? S’il te plaît ? » Meth et son air toujours si fort qui conserve un cœur un peu trop blessé. Meth et ses mots qui rassurent tout le monde, sauf lui-même. Je l’imagine dans le noir, seul avec ses pensées et j’m’étais trompé si je pensais que mon cœur ne pouvait pas se serrer plus. J’suis passé par là, moi aussi. Pas mal de fois, j’dois dire. J’sais à quel point ça fait mal, la culpabilité, les doutes, la remise en question. Et j’me sens coupable moi-même. Les deux personnes auxquelles je tiens le plus coulent. Mais j’peux pas couler avec eux.  J’les laisserai pas à la dérive. Alors j’retiens les larmes qui montent dans ma gorge et lie ma main à celle de Stew. « Faut juste attendre. Il va ouvrir quand il sera prêt. » C’est tout ce qu’il reste à faire, attendre. Et j’frissonne un peu alors je la serre un peu plus fort.


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MessageSujet: Re: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitimeDim 20 Oct - 23:05

In the mourning.
Respirer. Y'a pas plus simple, hein ? C'est un automatisme tout ce qu'il y a de plus humain, comme enclencher la machine à café à peine entré dans la cuisine, regarder à droite et à gauche avant de traverser la route, dire un « je t'aime » évasif à une personne que l'on connaît depuis trop longtemps et qui a sombré dans nos habitudes. Avoir la respiration coupée, je sais ce que c'est. Gérer les crises, semaines après semaines, dans la solide étouffante de ma chambre. Remettre de l'ordre dans mon studio après avoir tout défoncé autour de moi. Dans ces moments là j'ai un voile blanc qui couvre mon regard. J'vois plus rien, juste des obstacles infranchissables, des murs à briser et des mots à expulser. J'deviens une boule de violence, un désastre ambulant. J'ai jamais voulu faire de mal à qui que ce soit. Toujours préférer m'en faire seul plutôt que de foutre les responsabilités de mon cerveau à chier sur les autres. Jusqu'à ce soir, j'avais jamais pensé au fait qu'un jour, j'voudrais complètement arrêter de respirer. Voir ce que ça fait d'avoir la tête qui tourne, le cœur qui panique, qui panique si fort qu'il en détruit notre cage thoracique, les larmes qui menacent de s'écrouler au moindre moment et cette neige dans la tête. Mes poumons se ratatinent comme un fruit qui pourrit au fond d'un saladier.

« Meth ... » Mon corps se met à trembler sans que je lui donne la permission de faire quoi que ce soit. Je sens plus le bout de mes doigts, ni même mes jambes. J'aimerais pouvoir angoisser, me demande c'qui se passe exactement, pourquoi j'arrive plus à ouvrir la bouche, ni même à produire un son. Putain, réveille toi, agis, fais quelque chose. Un mouvement de recul. Bordel, c'est tout ce qu'il est arrivé à faire. Partir, un peu plus loin. J'me sens coincé dans ma propre tête, c'est pas beau à voir, j'ai envie d'hurler, j'ai envie que Stew s'en aille le plus loin possible de moi, je vais lui faire mal, je vais la heurter, je vais la perdre et tout se casse la gueule, plus aucun contrôle. « S'il te plait, regarde moi Meth. Je suis là ... J't'en prie ... » Je sais que t'es là, p'tite sœur. J'vois ton regard trembler, j'vois tes larmes couler, et j'aimerais lever ma main du sol, les faire disparaître comme on efface un message qui nous dérange, j'aimerais te prendre dans mes bras, te dire que ça va aller, mais j'suis pris au piège, quelqu'un m'enferme, au secours, aide moi putain, tu m'entends pas hurler et tu continues à pleurer, tes yeux rougissent et ça pue la douleur. FUIS. DEGAGE METH, CASSE TOI DE TOUTE CETTE PUTAIN DE DOULEUR QUE TU PEUX PAS SUPPORTER. Je hurle dans ma tête, ma gorge me fait mal, j'la sens cette boule qui grossit, grossit, grossit et commence à m'étouffer doucement. Le corps de Stew s'éloigne, je crois que je l'ai repoussée, pour la première fois depuis notre rencontre j'ai refusé son aide, son amour, son attention, tout ce qu'elle a pu m'apporter, j'avais jamais pu y goûter avant elle, et certains soirs j'me dis que c'est encore nouveau pour moi tous ses sentiments qui me pressent le cœur. A des milliers de kilomètres de moi, je l'entends me demander de l'attendre, de ne pas partir sans elle, de rester parce que d'un côté c'est sa mère à elle aussi. Sa mère. Putain. J'ai plus de mère. Ma mère est plus là. Comment on appelle ça, déjà ? Je ferme la porte contre l'obscurité, le verrou s'enclenche, comme dans ma tête. Ce mot ne vient pas. Je crois qu'il commence par un o.

Pile au milieu de mon lit, j'perturbe pas le silence. J'entends les voitures dehors, les voitures, les gens, les chiens qui gueulent, ce putain d'hélico dans le ciel, la voisine qui baise, mes souvenirs qui grattent l'intérieur de mon crâne, c'est comme le côté vert d'une éponge, ça gratte, ça abîme, ça épuise, ça fait tout disparaître. Y'a un rat qui grogne le visage de ma mère, qui mordille sa voix et ses mains ternes, ses longs colliers, aussi longs que ses cils et que ses silences. Dégage le rat, va jouer ailleurs, laisse moi encore un peu avec elle. Corps qui bouge seul, comme une danse que j'connais par cœur, j'ai perdu la radio que j'avais quand j'étais gamin, les voix me chantaient des berceuses quand le sommeil venait pas, me racontaient des histoires quand c'était l'vide dans mes idées noires. J'suis seul, le corps de Stew cogne contre la porte, je sens que ma peau est pincée, je sais pas d'où ça vient, bordel arrête ça fait mal, STOP STOP STOP, putain tu saignes Meth, ça suffit. Faut pas que je pleure. Non c'est pas la solution. Faut être fort, faut être solide, faut être un gladiateur.

« Meth ? Est-ce que tu veux bien ouvrir, quand t’en auras envie ? S’il te plaît ? » Y'a un truc qui s'passe dans mon cœur, il se serre encore plus, c'est la voix de Max, putain oui la voix de Max, parce que c'est Max et Stew, ça a toujours été nous, ça a toujours été eux. Max qu'est-ce que tu fais là, viens pas souffrir toi aussi, tu l'mérites pas, tout comme elle, prenez vos jambes à votre cou, déguerpissez d'ici, c'est mauvais tout ça, c'est pire que la peste. Mes pieds atterrissent sur le plancher gelé, mes mains tremblantes sur la poignée. Je sais pas combien de temps à passer depuis que j'suis rentré ici. Des minutes, plusieurs heures ? Peut-être même une journée complète, qui sait. Tout va trop vite de nos jours, non ? Ouais, on court, on trottine, on se regarde plus et on se perd. Je l'ai perdue. La porte s'ouvre,  je les vois tous les deux, je vois le regard perdu de Stew et la chaleur de Max qui s'évanouit, je vois ma maison partir en flammes, je vois mon espoir réduit à presque rien, à des miettes dégueulasses.

« J'dois prendre une douche. »

Mes pieds se traînent jusqu'à la salle de bain. Carrelage froid. Tout est glacé. Comme mes pupilles dans le miroir.

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MessageSujet: Re: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitimeVen 25 Oct - 14:20

CAN YOU HEAR THE ECHOES FADING ?

Le silence. Le froid. La douleur. Je pleure sans même avoir réellement pris conscience de ce qui est en train de se passer. J'aimerais être forte et pouvoir surmonter tout ça, être simplement là pour lui et faire comme si tout ça était un temps soit peu normal. Mais, à l'heure qu'il est, j'en suis tout simplement incapable. Je suis une incapable. Incapable. Ce mot tourne en boucle dans ma tête. J'ai mal au crâne, la poitrine en feux et le coeur à l'envers. Mes yeux me brûlent, ma respiration part en vrille. Putain, mais il faut que je me calme. Je suis à bout de souffle quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir à la volée. Enfin. Il est paniqué. Je suis tellement désolée. Mes yeux baignés de larmes croisent son regard et, très vite, ses bras se referment autour de moi. C'est mal barré pour que je me calme. « Hé, Stew. Ca va aller, d’accord ? Ca va aller. Pleure pas. » Si tu savais comme tes paroles ne me rassurent pas le moins du monde Maxime. Et je me remets à pleurer de plus belle, en silence. Je ne veux pas que Meth entende ma douleur à travers cette porte close. Je sais déjà qu'il a mal. Beaucoup trop mal. Et moi, qu'est-ce que je dois faire. J'enfouis mon visage conte le torse de mon meilleur ami. Bercée dans ses bras, j'ai l'impression que je peux me laisser aller et faire comme si toute ma protection était en place. Parce que c'est lui, que ça a toujours été lui et que ce sera toujours lui. Alors je ferme les yeux, me mord la lèvre jusqu'au sang et j'attends. J'attends que la douleur fasse semblant de s'estomper. J'attends que le temps passe. J'attends que Meth refasse surface.

Mais au final, comment est-ce qu'il peut refaire surface ? Il ne le peut pas. Enfin, si, mais pas tout de suite, pas comme ça. Je le sais. Je suis passée par là. La seule chose que je redoute, c'est qu'il ne s'enferme pendant des jours et des jours. Je redoute qu'il me repousse, encore et encore. Il l'a fait tout à l'heure. Pour la première fois depuis notre rencontre, il a refusé mon étreinte et ça, c'était quelque chose que je ne pensais pas vivre un jour. Mais c'est toujours pareil. Je me fais des films, j'illusionne parce que je suis comme ça. Mais s'il m'abandonne maintenant, qu'en est-il de notre promesse. Oh non, il n'oserait pas la rompre, pas comme ça, pas aussi facilement. Quoi que. Le doute s'installe en moi, se glisse à l'intérieur et coule avec une lenteur agaçante dans mes veines. Merde. Et si tout ça n'était finalement que le début de la fin ? Et puis, je tremble. J'ai peur. Peur d'avoir compris que tout ce que je pouvais ressentir n'était valable que dans un sens. Putain mais ça ne devrait pas fonctionner comme ça. Tout s'écroule, je flanche, je doute, je tremble, j'ai peur, j'ai froid. Faites que tout cela cesse. J'en peux plus de perdre, j'arrive au bout de tout ce que je peux supporter. Je suis encore une gamine malgré tout ce que je veux faire croire. Je n'ai même pas vécu le tiers de ma vie. Je veux rentrer chez moi, me glisser sous la couette et ressentir la chaleur des bras de ma mère qui se referment sur moi. Mais non, ça non plus, ce n'est pas possible. Putain mais ça va durer combien de temps tout ce putain de manège, hein ?

La porte s'ouvre. J'arrive à m'échapper de l'étreinte de Maxime pour observer cet homme pour lequel j'ai tellement de doute. Putain, il n'a jamais parut aussi paumé, blessé. « J'dois prendre une douche. » Attendez, il est sérieux là ? Une douche. D'accord. Le mec, il s'enferme pendant des heures (oui, j'exagère, et alors ?), il réapparait comme ça, pas un seul regard, pas un geste de considération et paf, faut qu'il prenne une douche. Il se fout de ma gueule, très clairement. Je pense que je vais le tuer à mains nues. Il prend la direction de la salle de bain et s'y engouffre. Merde. Il va vraiment prendre une douche. Je pousse un soupire et finalement, je retrouve la chaleur du corps de mon meilleur ami. Peu à peu, les larmes cessent de couler. Je ravale ma peine. Ca fait moins mal, j'ai l'impression. Ou alors, c'est juste parce que j'ai décidé qu'il fallait que la douleur attende encore un peu. Je reste muette. Parler, ça ferait trop mal. Mon regard se perd dans le vague et ce n'est pas plus mal que ça. Mon cerveau tourne à plein régime. Ca réfléchit. Mon esprit se torture et puis, j'ai compris quelque chose. Alors, je n'ai pas cherché à me perdre dans des explications sans queue ni tête et je me suis levée. On aurait dit un automate. « Faut que j'essaie un truc. » Un murmure. Pas la force de parler plus fort. Et je laisse Maxime en plan. Excuse-moi mon amour, mais je dois tenter le coup. Je suis presque certaine qu'il a eu la même idée que moi mais je ne m'attarde pas à savoir si c'est le cas ou non. Je n'ai pas le temps. La salle de bain, c'est ça la clé. J'essuie mes yeux du revers de ma manche et hop, direction la salle de bain. « Putain, Meth ... » Pas la force de crier. Juste murmurer. Presque un simple petit soupir, c'était suffisant. Enfin, pour moi. Ma tête légèrement penchée sur le côté, je n'ai plus qu'à avancer, tel un zombie, vers ma destination.

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MessageSujet: Re: Can you hear the echoes fading?   Can you hear the echoes fading? I_icon_minitime

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