«Dis Maty, tu me dessineras encore quelque chose ? »

Ses petits yeux qui avant étaient pétillants étaient désormais éteints. Et tout ces tuyaux reliés à ce corps si frêle. Il ne pouvait pas faire grand chose pour elle alors il dessinait. Il ne faisait que ça. Au petit déjeuner, en cours, à la cantine, après la douche ou bien en lisant. Il n'aimait pas vraiment dessiner, mais il le faisait bien, alors il continuait. Pour elle. Parce qu'il l'aimait.
Et par ses dessins, ce n'était pas lui qu'il exprimait, il lui laissait là place. Son temps à elle, sa vie. A travers elle il retrouvait ce qu'il n'a jamais voulu quitter : l'enfance. L’innocence de cette petite fille qu'il s’efforçait de préserver avec acharnement était son moteur , sa source vitale.

« Merci chéri, c'est un grand geste que tu as fait pour ta petite sœur. »

Il n'avait pas le choix. C'était son rein contre sa vie. Ses parents ne pouvaient pas le faire à sa place. De toute façon, il ne les aurait jamais laissé faire. Oh, il ne leur reprochait rien, à ses parents. Il ne pouvait pas, ils ne faisaient jamais rien. Ces gens qui ont des problèmes avec les choix et qui, en conséquence, ne font jamais que couper la poire en deux. En ce sens là, comme beaucoup de gens, ils ne pouvaient être de mauvais parents. Ni même de bons. Ils étaient seulement parents. Eux n'avaient rien fait mais au moins, Marianne était en vie.

Pour elle, il aurait décroché la lune. Il n'a jamais été comme ça pour qui que ce soit d'autre, c'est d'ailleurs pourquoi il n'a jamais eu de relation durable- Surtout avec les filles, bien trop jalouses-. Mais pour elle donc, il était parti. Et il l'a emmené avec lui. Il lui a montré Paris, Moscou, Sydney, Kyoto... Il lui a montré le monde. Puis ses parents ont déménagé à Brighton. Alors ils ont suivis.

« Il n'y a que nous et tu ne vois qu'elle... »

C'est encore ici, à Brighton qu'il est vraiment tombé amoureux pour la première fois. Il s'appelait Owen. Il était devenu sa muse. C'est avec lui qu'il découvrit le monde de la drogue, du sexe et de l'alcool. Avec lui qu'il se défonçait et avec lui qu'il passait chaque nuit. Pourtant celui ci ,comme tous les autres, finit par lui reprocher son trop plein d'amour pour sa sœur. Il ne pu se résigner à sa visite quasi-quotidienne chez sa sœur et se retrouva dès lors tout seul.

Sa vie n'étant pas des plus fantasques, son histoire n'est pas bien longue et ne finit pas comme tous les contes que l'on lit habituellement dans les livres. Aujourd'hui il continu de vivre en ermite dans son appartement, reclus avec ses plantes et ses bestiaux pour seules compagnies, visitant sa sœur tout les deux-trois jours et ne sortant que pour boire ou sniffer un rail de coc' à l'occasion.
Il est, et restera des plus banals en apparences mais comme on dit, les apparences sont bien souvent trompeuses et il ne tient qu'à vous de voir si, oui ou non, son histoire est telle que l'auteur le laisse entendre.