cool story, bro.

∆ FIRST STAGE, BABY STEPS. Rupture, abandon, fuite, courage. des mots si parfaitement choisis qu'ils décriraient à la perfection le début de mon existence. Les mettre les uns aux bouts des autres n'avait aucun sens, sauf si on connaît toute l'histoire. Tout commençait en été 1994, ici même à Brighton. Jenna, fraîchement débarquée de son Amérique natale était en voyage scolaire dans cette petite ville d'Angleterre. Logiquement, elle aurait dû se retrouver dans une famille Londonienne dans le but d'un échange scolaire, malheureusement cette famille en question avait déménagé entre-temps et elle fût changée de correspondant au dernier moment, elle atterrissait alors dans une grande maison typiquement britannique dans ce petit village totalement inconnu aux yeux du reste du monde. Certes, ce n'était pas Londres, le Big Ben et la ville qu'elle s'émerveillait de découvrir depuis son départ de New York, mais c'était tout de même l'Angleterre. Et puis, la famille était plutôt sympathique. Ils avaient de l'argent, beaucoup d'argent et ne s'en cachaient absolument pas entre les femmes de chambres, cuisiniers, majordomes. Ils faisaient partie intégrante de l'aristocratie anglaise, ce qui voulait dire bonnes manières exigées. La jeune américaine n'avait jamais été aussi bien traitée. De plus, les Hellington's avaient un fils, Benjamin, dont elle tombait éperdument amoureuse dès le premier regard. Son accent, son côté gentleman, tout la faisait littéralement fondre chez lui. Il était âgé de deux ans de plus, mais elle ne s'en souciait guère. Fort heureusement les sentiments étaient réciproques et même sans l'accord de sa famille qui s'entêtait à vouloir le fiancer à une quelconque duchesse, Benjamin assumait pleinement d'être lui aussi tomber sous le charme de Jenna. Leur relation ne fût pas des plus simples et dû surpasser beaucoup d'épreuves, comme le fait que Jenna ne passerait que trois mois en Angleterre et que la famille de Ben' était totalement contre cette idylle avec une jeune américaine qui sortait complètement de leur rang social. Malheureusement pour eux ils s'aimaient comme des fous et voulaient passer le reste de leur vie à deux. Lui prévoyait de partir s'installer aux USA après l'obtention de son diplôme pour vivre avec elle. Quelques jours avant son départ, Jenna apprit qu'elle portais un enfant. Folle de joie malgré son jeune âge elle allait l'annoncer à son petit ami quand elle fût interceptée par la mère de ce dernier qui lui fit bien comprendre qu'elle n'était plus la bienvenue dans sa maison, et surtout dans le coeur de son fils. Elle lui remettait une lettre, soi-disant écrite par Benjamin qui rompait officiellement avec elle. Brisée, enceinte et déboussolée Jenna quittait l'Angleterre le soir même pour rentrer chez elle. Cette histoire, digne d'une comédie romantique, c'est celle de mes parents. Du moins de ma mère, celle de ma conception. Non, il n'est pas venu la chercher à New York, non ils ne se sont pas retrouver une nuit pluvieuse et n'ont pas échangé un baiser langoureux sous la pluie, tout le monde, même s'ils le méritent n'ont pas forcément le droit aux fins heureuses.

« Oh, bonjour. Je suppose que tu es Lyssandra? Lyss'? Tu préfères peut-être que je t'appelle Lyss'? Moi c'est Mark. Ta maman est là? » Du haut de mes six ans je fixais ce grand monsieur. Costume, pompe probablement neuve vue la façon dont elles brillaient, cheveux parfaitement plaqués vers l'arrière, je crois que je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi impressionnant de toute ma vie. J'étais impressionnée, voilà le pourquoi de mon silence après lui avoir ouvert la porte d'entrée. « Kaylee. Elle préfère Kaylee. » Ah, enfin, une voix familière. Ma mère apparue, sortant de la cuisine et il ne lui fallut que quelques secondes pour arriver vers moi. Elle déposait un baiser sur le haut de ma tête, puis lançait un sale regard à l'homme en face de nous. « Tu comptais faire quoi? Un kidnapping en plein jour, Mark? » « Jenna, je t'en prie. » « Non, écoute-moi. C'est ma fille, toi et ta famille de bourges n'avaient aucun droit sur elle. » Le coupait-elle froidement. L'homme soupirait doucement, puis déclarait après m'avoir jeté un regard. « On devrait peut-être en parler sans elle? » Sur ce point, ma mère semblait d'accord puisqu'elle me demandait gentiment de monter dans ma chambre. De toute manière, à l'époque je ne comprenais strictement rien à leur conversation. Alors, partir jouer à la poupée ne me dérangeait pas. Je grimpais quelques marches, mais fus retenue par un écho de la voix de maman. « C'est hors de question. Kaylee ne quittera pas la ville. » « Ça ce sera au juge de décider, Jenna. Sur ce, passe une bonne journée. » "Quitter la ville"? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par "quitter la ville"? Je pressais le pas pour monter les escaliers quand j'entendis maman marcher dans notre petit appartement après le départ de cet homme.

Allongée au fond de mon lit le soir même je me posais tout de même la question, qui était-il? Pourquoi maman était si agressive avec lui alors qu'elle était polie et souriante avec le moindre inconnu dans la rue? Mes questions trouvèrent rapidement des réponses. Environ deux semaines plus tard j'étais dans un avion direction l'Angleterre. L'homme qui avait frappé à notre porte s'avérait être mon oncle, Mark. Si je ne le connaissais pas c'était parce que je n'avais jamais connu mon père. Et là, j'étais en route, ou plutôt en vol vers l'Europe. Ma mère était installée à mes côtés, elle avait finalement cédé aux arguments de mon oncle pour que je me rende aux funérailles de mon père, à condition qu'elle m'y accompagne. -car oui, il venait de décéder et en faisant des recherches sur ma mère pour la prévenir de la tragédie, Mark avait découvert mon existence- Durant tout le voyage j'essayais de me faire à l'idée qu'à la différence de tous mes copains d'école, je ne rencontrais jamais mon père, cette fois c'était certain. Nous arrivions dans une petite bourgade du nom de Brighton quelques heures plus tard. J'avais dormi durant le trajet alors je n'étais pas vraiment fatiguée quand nous grimpions dans une limousine avec chauffeur qui nous conduit de l'aéroport à une immense propriété privée dans un quartier où toutes les maisons étaient plus grandes et luxueuses les unes que les autres. J'écarquillais les yeux. « C'était un roi mon papa? » Demandais-je, émerveillée. Mark sourit un peu tristement, puis répondit: « Dans ce genre là. Allez, viens. Tes grands-parents attendent avec impatience de faire ta connaissance. »

Le jour où je franchis la porte de cette luxueuse demeure, je n'étais pas encore consciente que j'allais répéter ce geste des millions de fois. Cet univers était nouveau pour moi, toutes ces personnes qui me complimentaient et me disaient avoir les mêmes traits que mon père étaient toutes nouvelles également. Heureusement, maman était là pour me rassurer. Bien qu'elle fût rapidement éclipsée du tableau. L'excuse ? Elle n'était pas de notre sang, de notre famille. Ils avaient dû faire appel à des tribunaux et Mark avait obtenu ma garde. -ses relations avec de grands noms aristocrates l'avaient plus favorisée qu'une petite serveuse du Queens.- Ma mère était brisée, mais j'appuyais auprès de mon oncle pour pouvoir lui rendre visite durant les vacances scolaires. À partir de ce moment je changeais totalement de vie, il n'y avait plus de grasses matinées, plus de glandage devant la télé ou de dîner tout ce qu'il y a de plus gras. Mes grands-parents reprirent mon éducation tout depuis le début, m'inscrivant à des cours de bonnes manières, -car ils jugeaient les miennes trop basiques- de danse classique, d'équitation, changeaient complètement ma garde-robe, bien décider à faire de moi une véritable petite fille-modèle et effacer cette image de garçon manqué from ny. Je troquais à contrecoeur mes convers contre des petites chaussures vernis, mes jeans contre des robes et dû apprendre à jouer sans me salir. -ce qui, soyons honnêtes aura été pour moi l'une des choses les plus difficiles de ma vie.-

∆ SECOND, TEENAGE DREAM HERE I AM. « Kaylee? Je te présente monsieur et madame Fitzgerald et leur fils, Stefan. » « Enchantée. » Sourire parfait, légère inclination de la tête, j'avais dû répéter ses gestes et ce mot des centaines de fois alors qu'il était à peine 19h30. Et autant le dire, je mourrais déjà d'ennuyer. C'était toute ma grand-mère ça, me saucissonnait dans une robe de soirée hors de prix et m'exposer aux yeux de ses vieux et bourgeois mais. Je laissais d'ailleurs échapper un soupir qu'elle ne manquait pas de remarquer et me mis un coup de coude qui me fit sursauter. C'est en mimant un "outch" tout aussi discret que je surpris ce dénommé Stefan afficher un sourire moqueur en ma direction. Environ mon âge, cheveux blonds, yeux bleus, gueule de petit-fils à papa de première en costume cravate. Je lui fis les gros yeux, genre "bon, tuas quoi à me fixer, là?" Ce n'est pas que je n'aime pas qu'on me fixe... Si, en fait je n'aimais pas qu'on me fixe. Et vu qu'il ne retirait pas pour autant ses yeux de moi je décidais de l'ignorer et porter mon attention sur le reste des invités. Tous de vieux croutons raffinés qui parlaient de politique, argent, potins, scandales, et une nouvelle fois argent. La soirée promettait d'être longue. Trèèès longue. Soudain, alors que j'essayais de ne pas me pendre mentalement. -oui, parce que le suicide mental existe, n'est-ce pas?- Le blondinet à la veste brodée d'une cuisson d'école privée ouvrit la bouche : « Papa? Et si je faisais visiter la propriété à cette demoiselle? » Ma grand-mère me jetait un coup d'oeil, elle semblait très emballée à cette idée et me poussait presque dans les bras de ce petit snobinard. « Elle adorerait! » S'exclamait-elle, souriante comme jamais. Le garçon s'empressait de saisir main, puis sorti de la pièce principale par la porte vitrée donnant sur le balcon.

« Je n'ai pas saisi ton nom quand madame Hellington nous à présenter. » Il s'appuyait au balcon en pierre, portant ensuite sa coupe de champagne à ses lèvres tout en me regardant de nouveau de son regard que je ne savais pas vraiment qualifier. Moquerie? Arrogance? Attirance? En tout cas je n'aimais pas cette façon qu'il avait de le faire. Je m'appuyais également contre la pierre, lui jetant un regard furtif et méfiant avant de le poser sur le paysage -du moins ce que j'en voyais de nuit.- « Logique, vu qu'elle ne l'a pas donné. » Agressive, moi? Jamais. Seulement saoulée de ce monde d'hypocrisie générale dans lequel j'étais forcée de vivre. « Wow. » Lâchait-il, posant sa main droite sur son coeur, comme blessé. « Si belle et si rebelle. » Souriait-il ensuite de plus belles. J'étouffais un léger rire, forcé. « Tu l'as trouvé dans une pochette surprise, celle-là? » « Hey, hey! » Il levait les deux mains en l'air, innocemment. « Quel que soit ton souci, je n'y suis pour rien. J'essaie juste de te sauver de ton ennuie. Mais si tu veux y retourner, vas-y . » Je jetais un nouveau coup d'oeil à la salle, pas vraiment motivée puis scrutait un instant ce Stefan. « Je crois que je vais rester te tenir compagnie. » Déclarais-je simplement.

6 mois plus tard.

« prête pour ce soir ma belle ? » « J'sait pas trop, mes grands-parents et mon oncle vont sérieusement piqués une crise s'ils apprennent que je suis sortie. » « Oh, je t'en prie, Kay' ! Tu peux pas me laisser tomber. Je suis ton meilleur ami et c'est genre un cas de forces majeurs ! Tu sais cette fille, Crystal ? Et bah devine qui passe à l'attaque ce soir ? C'est Bibi ! » Un rire étouffé s'échappait de mes lèvres alors que je me laissais retomber en arrière sur mon matelas. Bon ok, en tant que meilleure amie je me devais d'être présente quand il se prendrait un énième râteau avec sa cher et tendre Crystal. Je ne pouvais et ne devais rater ça pour rien au monde ! Bon, bien sûr j'avais encore beaucoup de boulot à faire avant la rentrée, qui au passage était dans tout juste deux jours ... « On est déjà beaucoup sorti cette semaine, Stef'... » Je tentais discrètement de le faire changer d'avis, quand c'est au final lui qui changeait le mien en une seule phrase. « Devine qui d'autre sera là ? » Ça y est, sa voix mystérieuse attirait ma curiosité, je pouvais presque l'entendre sourire à travers le téléphone quand je m'empressais de rétorquer les sourcils froncés : « Qui ça !? » Il lâchait un petit rire, certainement moqueur puis prit son temps avant de me torturer davantage. « Et si je te dis beau gosse, métisse, regard de ouf, playboy de ses dames son prénom commence par un "K" et fini par un "L" ... Tu me dis ? » Je faillis tomber de mon lit à la vitesse à laquelle je me redressais. « NON T'ES PAS SéRIEUX ! » Nouveaux éclats de rires. « Et si, il paraît même que ce soir monsieur n'a pas de copine officielle, c'est juste ce soir ou jamais brunette. » J'hésitais, -mais pas longtemps- je me mordillais la lèvre. Kenael ? Je craquais sur lui depuis l'école primaire, c'est pour dire ! Bon d'accord, à cet âge c'était qu'une amourette de gamins, seulement à 17 ans c'est un peu plus ... Dérangeant. Il était comme inaccessible ce gars, je me demandais même s'il lui était déjà arrivé de me considérer autrement qu'un de ses potes. Il faut dire aussi que j'avais toujours eu un faible pour les rebelles dans son genre. « Kay' ? Tu te décides ? Ça fait cool d'arriver en retard, mais ça fait naze d'arriver quand tout le monde est partis. » J'immergeais de mes pensées et fis rapidement disparaître le visage de Ken' de ma tête. « Ouais, ouais ! Je viens. Laisse-moi le temps d'enfiler un truc potable ! » « Génial ! Je passe au coin de la rue dans disons ... 15 minutes ? » « Parfait ! À toute' ! » Mon portable à peine raccroché, une fraction de seconde plus tard je sautais déjà hors de mon lit, envoyais valsé mon pyjama et dévalisait ma garde-robe. « Seigneur ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre ! » Songeais-je à moi-même. Finalement, une petite robe de soirée arrivant au-dessus des genoux et des escarpins et le tour était joué ! Je pris rapidement une douche, puis séchais et coiffais mes cheveux que je remontais en une simple queue de cheval ... Que je retirais ensuite devant le miroir en grimaçant. J'essayais une dizaine de lipsticks différents, avant de finalement opté pour un maquillage simple, et des cheveux lâchés. -l'adolescence un gars ça donne un stresse de fifou.- 20 minutes plus tard, -oui parce que 15, faut pas trop m'en demander- j'atterrissais dans la décapotable de Stefan direction la fête de l'année ! Ou du moins, de la semaine.

Quand nous arrivions devant cette grande maison d'où provenaient cris, musique et lumières multicolore une boule se formait dans mon ventre. « Attends, attends, et si on faisait demi-tour ? On rentre se mettre devant un bon film d'horreur et on se goinfre de pop-corn jusqu'à en mourir, Ok ? » Stefan roulait des yeux, puis m'ignorant totalement, sortait de la voiture et commençait à marcher en direction de la fête. Je soupirais bruyamment, nerveuse telle une gosse de six ans devant la maîtresse d'école. Je pris une dernière inspiration, puis sortais à mon tour. Les quelques mètres reliant la voiture de mon meilleur ami au pavillon me semblèrent être une éternité. Sûrement à cause des regards incessants et très flipants des gars qui fumaient devant ce dernier, ou peut-être aussi parce que je n'arrivais pas à m'arrêter de penser à comment Kenael allait me trouver ce soir. Je vous l'accorde, j'agissais comme une nunuche à deux balles ! Surtout qu'il était toujours entouré de poufs plus bien foutus les unes que les autres. Et puis je n'agissais pas de la sorte avec les autres garçons, bien au contraire ! J'étais du genre à prendre les devants, seulement lui me faisait complètement perdre mes moyens, allez savoir pourquoi.

Puis, sans que je ne m'en rends compte je me retrouvais au beau milieu du salon, la musique battait son plein, les gens dansaient, fumaient et buvaient dans tous les coins, seulement dans tout ce brou ha, -et alors que mon pseudo meilleur ami m'avait lâchement abandonné- je me retrouvais seule. complètement seule. pour commencer la soirée, je me dirigeais vers une table où étaient disposées plusieurs bouteilles, et m'apprêtait à me servir un verre de l'une d'entre elles quand une voix me stoppait : « ouh, si j'étais toi j'éviterais celle-ci ma belle. quelques potes ont mis n'importe quoi dedans. » Cette voix. Bien sûr, je la reconnaissais immédiatement et sans même me retourner. pourtant, je m'inclinais légèrement sur le côté pour m'assurer de sa présence, une cigarette dans la bouche, il servait un verre de bière avant de me le tendre, un sourire charmeur sur le visage. ce n'est qu'à l'instant où nos regards se sont croisés qu'il a réalisé qui j'étais. Il écarquillait les yeux, puis s'exclamait : « Kaylee ! Wouah, tu t'es métamorphosé ! » Et ouais, aux oubliettes les jean's et les convers. -enfin, pour ce soir du moins, parce que dès la fin de cette soirée je retire ses talons qui me torturent littéralement. Mais, légèrement intimidée, je replaçais une mèche rebelle derrière mon oreille et souriais légèrement avant de répondre : « C'est censé être un compliment ou ...? » J'attrapais finalement le verre qu'il me tendait, et en bue une gorgée. « J'aime bien tes jean's troués, mais ça ... Ça te va super bien aussi. » Répondait-il, se pinçant la lèvre inférieure comme il avait l'habitude de le faire, et comme cela me faisait toujours fondre. Je souris de nouveau, bien que mes joues devaient sans doutes rougir comme des tomates. Et c'est lors d'une conversation aussi anodine soit-il, que tout a dérapé. une heure plus tard on se retrouvait dans un lit, à perpétuer le mélange banal de l'adolescent moyen alcool, drogue, sexe. La nuit avait été comme je me l'avais imaginée, et même bien mieux ! L'erreur au tableau, ce fut plutôt le lendemain, et le sûr lendemain ... Quand je réalisais que je n'avais été qu'une nuit pour lui, alors que pour moi il signifiait un peu plus. il disparut complètement de la circulation, je n'eus plus vraiment de nouvelles. ah les premières peines de coeur d'ados, horribles moments à passer. Pour moi, pour Stefan qui était forcé de me tenir compagnie durant mes longues soirées de déprimes, pour les paquets de chocolats et certainement aussi pour mes fringues, qui au bout d'une ou deux semaines de régime de "presque rupture" rétrécissaient de jour en jour.

∆ I DON'T WANT TO BE SERIOUS, I'M TOO YOUNG TO BE SERIOUS. Deux petites barres bleues. Tout ce qui suffit pour remettre à zéro tous mes plans d'avenirs, tous mes projets, les études d'art avancés à Londres, les voyages entre amis pendant les prochaines vacances. Ma vie complètement basculée et chamboulée par un simple et tout petit bâtonnet blanc avec deux barres bleues. Pas le premier d'ailleurs, quatre précédents avaient affiché le même résultat. Pourtant, même si j'avais peur, même si je flippais et que je ne rêvais que d'une chose, m'enfuir en courant jusqu'à l'autre bout de la planète, je ne pouvais m'empêcher de pensée qu'un petit être grandissait en moi ... Que si je le gardais, dans quelques mois un petit homme ou une petite fille se mettrait à bouger dans mon ventre. J'avais toujours trouvé la grossesse, les femmes enceintes magnifiques, mais je n'avais jamais réalisé que moi j'étais capable de me retrouver dans leur situation. Du moins, pas si tôt. j'étais si jeune, je n'avais encore rien accompli dans ma vie. mon quotidien se résumait au lycée, aux sorties, aux garçons et aux copines. comment j'étais censée élevée un enfant ? assise sur la cuvette des toilettes, je restais songeuse. l'avortement était tout simplement hors de question, je ne me sentais pas capable de tuer cet enfant avant même qu'il ne vienne au monde. et puis à quatre mois, il était déjà trop tard. l'adoption ? c'était certainement ce qu'il y aurait de mieux pour lui ou elle ... il/elle aurait droit à une vraie famille, à de vrais parents. pas a une adolescente complètement pommée dont le gars qui l'a foutue enceinte ne lui a plus donné de nouvelles. -certes, il n'était pas censé le deviner, mais tout de même.- en parlant de lui, devais-je lui dire ? devais-je chercher à le joindre ? lui demander son avis ? pfiou. « Mais pourquoi moi ...? »

« alors vous êtes sûr de vous ? c'est ce que vous voulez vraiment ? » silencieuse, assis au fond d'un fauteuil de burreau, je caressais machinalement mon ventre arrondi de sept mois. « vous savez, plus vite vous nous donnerez votre accord plus vite nous pourrons commencer à chercher une famille à ce petit ange. les nouveau-nés sont les enfants les plus rapidement adoptés. et puis ... je suis sûre que vous êtes consciente que c'est ce qu'il y a de mieux pour lui, n'est-ce pas ? » lui. oui, malgré ma promesse de ne pas connaître le sexe de cet enfant pour ne pas commencer à m'attacher à lui j'avais cédé. c'était un petit garçon. un petit garçon qui serait sûrement aussi magnifique que son papa. je sais, je sais ce que vous voulez me dire et ce que vous pensez de moi avec votre regard, là. "t'attend quoi, Kaylee ? tu aurais dû remplir ses papiers pour l'accouchement sous x depuis des mois !" oui, oui, je sais. seulement je n'ai jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout. c'était quand même un bébé. On n'abandonne pas un bébé sans remords, sans doutes, n'est-ce pas ? on ne le laisse pas aux bras d'inconnus sans hésiter une seconde. c'était mon bébé ... il grandissait en moi depuis sept mois déjà, il cognait mon ventre et me donnait des nausées horribles, on avait traversé beaucoup de choses ensemble. et puis ... m*rde ! « mademoiselle James ? » « Oh, donnez- moi ça ! » J'arrachais presque le stylo et les papiers des mains de la femme assise devant moi, les signait rapidement, puis me laissait de nouveau tombée dans mon fauteuil, cette fois les bras croisés au-dessus de mon ventre. je ne devais pas y penser, pas y réfléchir. laisser cet enfant à un couple prêt à s'occuper convenablement de lui était la meilleure des choses à faire.

« Très bien ... » Constatait-elle, relisant soigneusement les documents. « il ne manque plus que la signature du père et se sera parfait. » je faillis m'étouffer avec ma propre salive en reposant rapidement mon regard sur elle. « quoi ? » « oui, dans le cas d'une adoption il nous faut l'accord des deux parents biologiques, donc du père de l'enfant. » « mais euh ... il ... il n'a pas de père. » Bégayais-je. je levais finalement les yeux au ciel face à son expression. « oui bon, forcément il a un père ! seulement ... il euh ... premièrement il n'est pas au courant et ensuite ... ensuite je n'ai plus de contacts avec lui. je ne pourrais même pas vous dire où il est en ce moment. » avouais-je, franchement. « je vois ... eh bien, on tentera de faire sans ! » j'hochais la tête, pas vraiment détressée.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Pxtain de bordel de ****** ! » « Kay' ! Calm down ! Ça va aller, je suis là ! Kay', Kay' ! Tu m'écrabouilles la main, là ! » « Mais je souffre Stef', ok ?! Donc je t'écrase la main si j'en ai envie ! Arg, je déteste les gars ! » « Bon, docteur. Vous n'avez rien pour la soulager ? Ou quelque chose pour AU MOINS la faire taire ? » À cette dernière phrase, je serrais encore plus fort la main de mon meilleur ami qui se tordait à son tour de douleur. Allongée sur un brancard au milieu du couloir du seul petit hôpital de la ville de Brighton je n'avais jamais autant souffert de toute ma vie. c'était atroce, horrible, indescriptible. « Je suis sérieux, donnez-lui quelque chose ! » « c'est trop tard, le travail à commencer on a plus le temps. » Eh bien ce que je peux retenir c'est qu'il disait vrai, ils n'avaient plus le temps. À peine les portes de la salle d'accouchement refermées que je mettais mon fils au monde. -dans d'horribles cris de douleur d'accord, mais quand même- heureusement, cela fût plus rapide que ce à quoi je m'attendais. je reprenais doucement mon souffle, tandis que Stefan qui était resté à mes côtés à me soutenir tout du long retiraient les quelques cheveux rebelles de mon front. « vous voulez le porter ? » une infirmière s'approchait de moi, une petite couverture bleue dans les bras et un sourire sur les lèvres. Déboussolée, je jetais un coup d'oeil à mon ami qui luit déjà admirait l'enfant avec ce même sourire sur le visage. « Je... je peux ? » Sans me donner de réponse orale, celle-ci plaçait la petite couverture sur mon ventre qui avait soit dit en passant considérablement dégonfler. Soudain, mon regard croisait le sien. Mon coeur loupait un battement, comment une chose aussi merveilleuse pouvait-elle exister ? Il était parfait. Ses grands yeux noirs, ses quelques cheveux, son petit nez et sa petite bouche, je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi magnifique. c'était définitivement un ange tombé du ciel. « comment est-ce qu'il s'appelle ? » demandait la sage-femme. comment ? je n'en avais aucune idée ! un prénom ... un prénom ... « je croyais qu'il n'était pas nécessaire de donner un prénom pour un accouchement sous x ? » Stefan venait de m'interrompre dans mes pensées. Mes yeux se détachèrent difficilement du joli bébé pour se poser sur lui. pendant une fraction de seconde, j'en avais oubliée que ce n'était pas mon bébé ... en une nouvelle fraction de seconde je prenais une décision qui changeait le reste de ma vie. « Elouan. il s'appelle elouan. » Lâchais-je instinctivement, attrapant l'une de ses petites mains entre mes doigts, posant de nouveau mon regard sur lui et ajoutais : « et je le garde. »

∆ I'M COMING HOME, I'M COMING HOME, TELL THE WORLD THAT I'M COMING .. HOME. « s'il te plaît bébé, dort ... » je le suppliais presque, mais rien à faire. il ne voulait pas dormir, ni manger, rien ne pouvait l'empêcher de hurler et de verser des larmes. j'avais tout fait, je lui avais fait prendre un bain, ne l'avait nourri mais rien, il refusait de fermer l'oeil. il n'était pas malade, il avait tout pour bien aller et pourtant. je n'avais pas dormi une nuit entière depuis ... depuis des semaines, je mourrais littéralement de fatigue et tous ses cris de bébés m'étaient devenus insupportables. alors je sais que c'est ça être maman, que c'est ce que j'avais choisie et que c'est horrible de dire des choses pareilles, mais je n'en pouvais plus ... j'étais à bout . j'vais cru en être capable mais soyons honnêtes, je n'étais pas à la hauteur. Elouan ne cessait de pleurer, et ça me fendait le coeur. d'ailleurs, je terminais même en larmes à mon tour sur le parquet de mon petit appartement, la tête entre les mains. « Elouan ... s'il te plaît ... » répétais-je en vins. le lendemain, tout était calme. le petit c'était finalement endormi aux alentours de 5 heures. quant à moi je n'avais pas réussi à trouver le sommeil, ma tête avait beaucoup trop cogitée pour cela. qu'est-ce que je foutais de ma vie, sérieusement ? j'avais dix-huit ans, et à l'âge où logiquement je ne devrais me soucier que de la robe que je vais porter ce week-end ou de mes diplômes de fin d'année moi je devais marchander entre les couches et les biberons. je pris une douche, histoire de me remettre les idées en place, mais une seule pensée hantais mon esprit : je ne pouvais plus. je n'y arrivais plus. vivre de cette manière n'avait plus aucun sens. mes amis m'avaient abandonné les uns après les autres, pré-textants que je n'avais plus de temps à leur accorder, ce qui n'était absolument pas faux. ma famille passait son temps à me juger, à faire des messes basses même en ma présence. j'étais seule. et je ne profitais plus de rien. j'avais un bébé de trois mois sur les bras, et j'étais persuadée que même lui n'était pas heureux de cette vie. une fois finit de m'habiller, je filais dans la chambre de mon fils, fourrais le nécessaire dans son sac à langer, habillait à son tour Elouan puis sorti de mon petit appartement. je ne pouvais plus continuer comme ça, il fallait que je prenne mes distances. j'avais besoin de respirer car j'avais l'impression de suffoquer.

« quoi ? qu’est-ce que tu dis Kay ? qu’est-ce que tu peux plus ? tu peux pas lui faire ça kaylee… il a besoin de sa mère. » est-ce que je venais vraiment de faire ça ? raccrocher au nez de kenael alors que je venais de le planter avec notre fils dans les bras ? oui, je crois. c'était la seule chose que j'avais trouvée, la seule solution. Elouan avait deux parents, il méritait de vivre avec l'un d'entre eux. et puis kenael ... au fond, c'était un type bien. depuis que je lui avais appris pour el il avait pris ses responsabilités et tous les deux ils s'adoraient déjà. il avait beaucoup changer depuis cette fête où le petit avait été conçu, il avait changé dans le bon sens. je savais qu'il prendrait soin de son fils, de notre fils. moi ? moi j'avais filé à l'aéroport, un billet pour new-york dans la main. je rentrais chez moi, mon vrai chez moi. je reverrais ma mère, je retrouverais ma vie. c'est tout ce dont j'avais besoin, ne plus avoir cet horrible sentiment de voir mon existence me filer entre les doigts. Je passais des mois dans les boîtes de nuits new-yorkaises, à traîner avec des gens peu fréquentables, à boire et fumer à l'excès. j'avais eu ma part de la vie d'un adolescent basique, puis, je revenais doucement à la réalité après avoir beaucoup trop plané ...

9 mois plus tard. " Bienvenue à Greenwood, Louisiane ! " Gosh. Qui m'aurait dit il y a neuf mois en arrière que je serais un jour aussi heureuse de revoir ce foutu panneau à l'entrée de la ville ? Ouais, personne. Vous vous souvenez de ma fuite il y a neuf mois ? de la façon dont j'avais abandonné mes responsabilités de mère pour rejoindre les États-Unis . Moi en tout cas, je m'en souviens. Et bien devinez quoi . J'ai changé d'avis. Je vous l'accorde, ce fût long, mais j'ai réalisé ce qui était vraiment important dans la vie. Elouan ? Je l'ai porté durant neuf longs mois, il était une partie de moi, sans doutes même la meilleure partie de moi. Je ne pouvais pas rester loin de lui plus longtemps. Mon fils me manquait terriblement, et son papa tout autant ... Assise à l'arrière d'un bus, je regardais les murs de la ville défiler devant mes yeux, songeuse. Kenael allait très mal réagir à mon retour, c'est comme ça que moi j'aurais réagi à sa place et je le comprenais parfaitement. Tout ce que je demandais, est qu'il me laisse le temps de m'expliquer et de lui faire comprendre que j'étais de retour pour tout reprendre de zéro'. Ma relation avec Élouan, et qu'on essaie de rester en de bonnes relations pour le petit ... Comme il l'avait dit, Éli' avait besoin de sa mère. Tout comme de son père. Je prévoyais mon retour à Greenwood depuis des semaines, je m'étais inscrite à l'université, et j'avais même négocié avec mon oncle Mike pour qu'il me trouve un nouveau logement assez grand pour accueillir mon bébé ... j'attendais juste le bon moment. J'étais sûre de moi, prête à repartir sur de bonnes bases ... Ken' n'avait plus qu'à me croire ... Je n'étais parfaitement consciente que ce que j'avais fait état horrible, mais j'étais capable de tout pour me racheter. je voulais voir Elouan grandir, s'épanouir. je sais que je ne me pardonnerais jamais de l'avoir laissé, mais j'espérais que lui et kenael me le pardonneraient un jour ... j'allais tout faire pour.

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