Sujet: (MINDIE) don't let me down. Ven 2 Aoû - 16:44
and i need you, more than ever.
Tout semblait si facile. Pas de prise de tête. Je n'avais qu'à me laisser porter par le temps. Le retour à Brighton, c'était tout ce dont je rêvais depuis que j'étais partie. Je ne regrette pas ce que j'ai fait, oh ça non. Je me sentais tellement bien quand j'ai posé mes valises à Londres. Mais ça n'avait rien à voir avec Brighton. Brighton, c'était chez moi, que je le veuille ou non. Je devais réapprendre à vivre et m'organiser dans cette ville. Un an, ça semblait un millénaire. Me réhabituer à ce rythme de vie étrange, trouver un logement, trouver un boulot. Ce n'était pas de tout repos. Heureusement, on garde des contacts, les liens qui se sont créés ne sont pas tous forcés de se défaire. Avec Meth, par exemple, c'était comme si rien n'avait changé. C'est d'ailleurs grâce à lui que j'ai trouvé du travail. Une boutique faite pour moi. Un travail fait pour moi. Il savait que je pourrais m'en sortir. D'ailleurs, je le soupçonne fortement d'avoir eu une idée derrière la tête en me parlant de ce travail. Faut bien l'avouer, il savait comment ça se passerait. Parfois, je le déteste de me connaitre aussi bien. Il savait que son pote, Jones, c'est exactement le genre de type qui me rend toute bizarre. Je le déteste de vouloir me rendre heureuse. Parce que, finalement, ça réveille en moi les douleurs du passé. Et je vais faire comment moi maintenant ? Andreas me dit que le passé doit rester derrière et que je n'ai pas à me soucier de ce que j'ai vécu avant. Parce que, justement, c'était avant. Je sais bien qu'il a raison ce petite con mais je ne sais pas. Il y a toujours ce moment qui a fait que j'ai basculé. Je ne veux pas revivre ça et, pourtant, les garçons croient que ça me fera du bien, que ce sera totalement différent. J'en doute. Je doute. Tout le temps. Sans répits.
« Tu fais quoi ce soir Indie ? » J'ai levé les yeux de mon portable. Jones se tenait devant moi, les coudes posés sur le comptoir. J'ai arqué un sourcil. D'accord, c'est quoi ce délire ? On a déjà été boire quelques verres tous les deux. Ca s'est toujours très bien passé. Enfin, là, je voulais juste rentrer chez moi et me jeter sur mon canapé comme une grosse larve. « Me coller devant la télé avec une couverture. Enfin, je pense. » J'ai ponctué ma réponse d'un petit sourire en coin. Ces derniers temps, mon canapé était ma chambre. Mon appartement est beaucoup trop grand pour moi toute seule. Peu importe. « Et toi, tu comptes faire quoi ? » Autant engager la conversation. Et puis, c'est une question de politesse que de retourner la question. Et puis, au fond, j'ai envie de savoir ce qu'il fait aussi. Je pars trop loin, c'est ça ? Reviens sur terre blondie. « Disons que je n'avais rien prévu de particulier mais maintenant que tu me poses la question ... » Il se gratte l'arrière de la tête. Ca sent pas bon ça. Il va me demander quelque chose. Il va m'emmener boire un verre ? J'avoue que j'aimerais bien. Ca n'engage à rien d'aller boire un verre. Et puis, on apprend à se connaître finalement. Ce n'est pas forcément plus mal. « Ca te dirait d'aller manger un truc. Genre, tous les deux ? Je t'invite au restau même. » Sonnette d'alarme. Putain. Ma gorge, ma bouche, mes yeux, tout s'assèche en un instant. Mon estomac se noue aussitôt. Putain. Je commence à trembler de partout. Bordel. Il faut que je me tire de là au plus vite. Je dois être blanche comme un cachet d'aspirine en plus. Merde. Je panique totalement. Putain. Il me regarde de travers en me demandant si ça va. Je bredouille quelque chose d'incompréhensible, m'excuse finalement et lui dit que je ne me sens pas très bien, qu'il vaudrait mieux remettre ça à plus tard. En deux temps, trois mouvements, je disparais de mon lieu de travail, le laissant en plan sans aucune autre forme d'explication.
Je ne peux pas rester chez moi. Trop de tentation et personne pour me retenir. J'ai essayé pourtant, je le jure. M'enfermer dans la salle de bain, assise dans la baignoire. J'ai essayé. Prévenir les jumeaux ? J'en étais incapable. Andreas m'aiderait, je le savais. Mais je ne voulais pas affronter ses questions et son regard. Noah ne me laisserait pas tomber. Mais entendre ses reproches et sentir ses yeux accusateurs me dévisager, j'en étais incapable. Cela faisait deux longues heures que je luttais mais que, petit à petit, mes forces s'évanouissaient. La faiblesse de blondie. J'ignore par quel miracle j'ai réussi à me sortir de cette foutue baignoire, par quel miracle j'ai réussi à enfiler des chaussures et sortir de chez moi, par quel miracle j'ai réussi à me rendre chez lui. Je savais qu'il ne me jugerait pas. Pas lui. Il était mon seul secours à l'heure qu'il était. Le sang battait dans mes tempes, ma respiration faisait n'importe quoi. Putain, il valait mieux qu'il soit là, sinon, je finirais par crever sur son paillasson. Moyen comme endroit pour finir ses jours. Réunir encore quelques forces pour frapper à la porte, n'importe comment mais pourvu qu'il entende. Se contrôler n'est pas de tout repos. Plus je lutte et plus je me rends compte que je n'arriverais jamais à m'en sortir toute seule.