« MAMAAAAAAAAAAAAAAN ! » criais-je, je suffoquais, ma tête était rouge, j'avais l'impression qu'un allemand fou tapait sur un batterie, je marchais comme sur un fil, je tomba petit à petit, quand ma mère arriva et me vit allongé sur la moquette du couloir, dans cet état, elle commença à s'affoler « GEEEEEEEEEEEEORGE VA CHERCHER LA VOITURE ON EMMENE ROWENA A L'HOPITAL ! ET DEPECHE TOI S'IL TE PLAIT » avec le peu de force qu'il me restai, j'arriva à la regarder commencer à prier « notre père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne que- rowëna essaye de prier avec moi s'il te plait, je disait donc, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, que- oh et puis zut la prière, elle est trop mal pour ça. » je ferma les yeux, ils me brulaient, ils poussaient, comme s'ils voulaient sortir de leur orbite, et puis ce fût le noir total, plus rien, je voyais plus rien, je sentais plus rien, pas même mes jambes glisser sur les marches de l'escalier, ma mère n'arrivant pas à me porter. « Bon Michel tu démarres ? » dit ma mère, « m'appelles pas comme ça. » grogna-t-il, ce fût les dernières paroles que j'entendis.


« George ? Je crois qu'elle se réveille, mes prières ont marchées! » chuchota ma mère en secouant mon père pour qu'il se réveille. « qu'est-ce qu'il se passe ? » demandais-je d'une voix faible, j'avais pas envie de parler ou quoi que ce soit, ma tête me faisait encore super mal, mais quand même moins qu'avant. « hum. humhum. humhumhum. bonne question. George ? Geoooooorge ? » dit calmement ma mère, j’essayai de me relever mais à chaque moindre effort, j'avais l'impression qu'on me tapait la tête avec des marteaux et qu'un grand huit effectuait des loopings dans mon ventre. « quoi ? » répondit agressivement mon père. Mes parents étaient soudés, mais ils avaient un truc qui les séparait, ma mère était tellement calme, elle pensait qu'à prier, alors que mon père il aimait juste boire de la bière devant des matchs de foot. « elle aimerait savoir ce qui se passe. hum. » chuchota ma mère en lui mettant un coup de coude dans les côtes. « On t'a fait un PET scan. et ... hum ... comment te le dire ... » commença-t-il en bégayant, et meeeeeerde ça avait pas l'air ... joyeux. « t'as une tumeur au cerveau. » sur le coup j'ai pas compris, j'avais douze ans putain, douze ans. J'avais beau être mature, c'était pas ça qui m'empêcher de flipper à l'idée de mourir d'un cancer. Les larmes commençaient à couler lentement sur mes joues. « T'inquiète pas ma chérie » murmura-t-il en me prenant dans ses bras « on va aller quelque part où on va bien te soigner, mais on va devoir déménager. » continua-t-il « c'est en angleterre, tu verras, tu seras mieux traitée qu'à gutshot. » angleterre ? mauvais temps ? chanteurs de merde ? non. je voulais rester en Amérique, avec green day et tous mes chanteurs de rock. « je veux pas partir papa, j'aime l'amérique. » sanglotais-je, la voix cassée. « je sais, Dieu bénisse l'Amérique » me répondit calmement ma mère.  


« bon, on va attaquer avec du dylanxium, c'est fort mais tu ressentiras rien. » disait le docteur Sanford. Et pourtant, j'étais là en train de dégueuler les deux bouchées de riz que j'avais avalé à midi, c'était dégueulasse, ça puait et surtout je commençais avoir la gorge qui me brulait. Troisième fois que Maria me voyait en train de vomir, et j'étais sous dylanxium depuis deux jours seulement. Cory entra dans la pièce, et me voyant dans cet état, elle s'approcha, et me fit quelques caresses dans le dos. Avant mon déménagement à brighton, on était correspondantes, et depuis que j'étais à l'hôpital, elle venait me voir presque tous les jours.
« ça va aller rowëna » me dit-elle en me caressant toujours le dos « non, non, ça va pas aller, j'en ai déjà marre, je préférerais mourir que de continuer ce traitement, ça fait deux jours, je commence déjà à vomir, j'perds tous mes cheveux à cause de la chimio, j'en ai marre cory, j'en ai marre. » soufflais-je après avoir finit de vomir. « mais dit pas ça rowëna, ça va finir par s'arranger, t'es une battante ! » répondit maria à la place de cory. Non, c'était faux, j'étais faible. Je savais que j'allais craquer, que j'allais finir par mourir. Que j'aurais jamais dix huit ans, au minimum, je savais que je connaîtrai jamais le grand amour, que je ferais jamais, jamais quelque chose de ma vie, ça me détruisait littéralement. Alors je priais, je priais seule, je priais avec maria, je priais avec des religieuses, je priais avec les clowns, j'attendais que dieu me sorte de là, qu'il m'éclaire et qu'il me laisse mourir, ou qu'il m'ôte la maladie.


« Rowëna ! Réveille toi ! Vite ! » cria Maria en dansant dans la chambre, avant d'ouvrir les rideaux, ce qui me fit plisser les yeux « J'ai insisté auprès des médecins pour te l'annoncer, t'es guérie ! Enfin, en rémission complète ! Je suis tellement contente pour toi Rowëna, tu t'es tellement bien battue. Du coup tu pourras sortir de l'hopital d'ici deux ou trois jours ! Mon dieu ! » elle sortit de la chambre en levant les bras au dessus de sa tête, comme une ballerine, sauf qu'elle faisait pas ballerine. J'avais beau l'adorer, je pouvais lui trouver tout un tas de défauts et je la voyais comme elle était, physiquement comme mentalement, alors qu'elle se trompait à propos de moi. Sanford est venu pour m'enlever les perfusions et me parler, me féliciter, bref, toute la journée ce fût un défilé. J'étais tellement heureuse de sortir après trois ans enfermée presque 24 heures sur 24. Et puis, en sortant, j'ai changé du tout au tout, j'étais molasson et au final, au bout d'une semaine j'étais de plus en plus énergique. Je voulais plus quitter l'angleterre. Quand j'ai eu finis mes études, mes parents retournèrent en amerique. Ca à été dur, mais j'ai survécu, comme j'ai survécu à mon cancer.