Pensive, tu regardes le plafond en souriant d’un air niais. T’as trop de chose dans la tête et tes yeux te brûlent un peu trop. Mais ça te fait sourire bêtement. T’as l’air d’une idiote mais t’es totalement incapable d’enlever ce sourire de cruche que la réponse que Tyler a plaqué sur tes lèvres. Du coup tu regardes la gueule que t’as aujourd’hui ; t’as envie de pleurer tellement tu fais de la peine. Cerné jusqu’aux pommettes, sourire inexistant, c’est tout juste si tu te rappelles de ce que tu as fais hier soir. Du coup tu tires une dernière latte sur ta cigarette et pour tenter de te remettre les idées en place, tu files prendre une douche froide. L’eau glacé te gèle sur place mais au moins, t’es réveillée ! Tu sors, tu te sèches, tu te maquilles tu t'habilles et hop, t’es dehors. Mais y’a quelque chose qui va pas, t’as eu cet automatisme, tu sais pas comment, mais tu t’en rends compte quand tu passes devant une vitrine brisée. T’es habillée avec les fringues de Liberty. C’est terrifiant cette facilité que tu as de porter son odeur, ses fringues, de fumer des joints avec l’herbe qu’elle a laissé caché au fond d'une boite que t’as trouvé sans mal. Tu la connaissais la petite Liberty. Ses cachettes, ses doutes, ses angoisses. Mais t’as pas était foutu de la sauver, sombre idiote.

T’avances à reculons du coup pour aller chez Tyler, t’as l’esprit encrassé par la douleur. Trop lourde à porter pour tes frêles épaules d’enfant terrible. Tu devrais foncer pourtant. Il ne te manque pas Tyler ? Bien sûr qu’il te manque, ses yeux rieurs, ses mains à la peau rude, sa barbe piquante et son éternel bonnet rouge vif. T’es devant son appartement trop rapidement. Tu dévales les marches dans l’autre sens en respirant tout juste. Frénétiquement, tu cherches quelque chose dans ta poche. Tu te demandes si Tyler t’observe depuis sa fenêtre. Parce que s’il n’a pas entendu le boucan que t’as fait, tu sais plus comment tu t’appelles. Tu sors enfin le joint de ta poche et tu l’allumes en prenant une grande latte au passage. Libération. Ton cerveau se vide au fur et à mesure que la fumée glisse dans tes poumons, libérant ton esprit des contraintes que tu te fixes. Tu fermes les yeux un instant, savourant la dernière latte avant de jeter le tonc’ dans la poubelle la plus proche. Puis, tu remontes. Tu manques de t’étaler dans l’escalier et ça te fait rire, mais rire. Tu ne sais pas combien de temps tu restes à rire posé sur ta marche. Mais tu te retrouves finalement devant la porte de Tyler et tu frappes. « TYLER ! Ouvre ! Ouvre c’est Sly ! »