Sly, ça n’était pas trop son genre la finesse. Plutôt brute de décoffrage et du genre à foncer dans le tas sans réfléchir. Alors quand elle avait apprit que Kaylee passait son temps à se morfondre, elle n’avait eu d’autre idée en tête que de se rendre chez elle. La jeune brune avait toujours été une de ses amis les plus cher, elles avaient apprit beaucoup de chose de la vie ensemble : les premiers amours, les premières déceptions. Tout ça. Plus encore, Sly avait été là tout le temps de la grossesse de Kaylee, supportant sa meilleure amie du mieux qu’elle pouvait, assistant même à l’accouchement, quitte à être dégouté à vie de l’organe génital féminin et confirmant par la même occasion son hétérosexualité déjà parfaitement assumé. Et puis Kaylee était partie, n’abandonnant pas qu’Elouan, abandonnant aussi Sly. Ce que cette dernière avait particulièrement mal vécu alors qu’elle l’avait toujours soutenu. A l’époque, Sly parfait déjà en vrille, ça n’avait été qu’une excuse de plus pour foutre sa vie en l’air. Kaylee lui servait une excuse toute faite et sans doute par vengeance contre cette meilleure amie qui l’avait abandonné, elle s’en était donné à cœur joie pour dire que tout était de sa faute. Même si ça n’avait jamais été réellement le cas. Au contraire. Rien n’était la faute de Kaylee. Elle avait eu besoin de temps, d’espace, de liberté et Sly connaissait ses besoins par cœur. La liberté ? Elle l’avait prise d’elle-même en quittant le cocoon familiale des Spark pour vivre sa vie de reine de la nuit côté Carefree. Voilà à quoi elle était réduite à présent : avec sa sœur jumelle, elles organisaient les meilleures fêtes pour toutes les occasions. Elle vivait de sa passion : le dessin et par extension, le tatouage. Elle était toute prête à lancer sa propre marque. Et pourtant, elle n’était pas heureuse. Elle n’était pas satisfaite de sa vie. Loin de là. Mais apparemment, on lui en donnait déjà beaucoup pour qu’elle ose se plaindre. Elle devait profiter de ce qu’elle avait et peut-être que là elle comprendrait ce que c’était le bonheur. Mais ça ne fonctionnait pas comme elle voulait. Elle faisait des erreurs. Tout le temps.

Elle était passée chez Hope avant de venir chez Kaylee. Juché sur ses talons vertigineux (et hors de prix) qui claquaient à chaque pas, elle avait pressé la jeune fille afin qu’elle l’accompagne voir la malade. Bon, certes, Kaylee n’était pas vraiment malade. Mais elle était malheureuse. Et Sly était bien décidée à comprendre pourquoi. Elle ne pouvait pas laisser Kaylee en plan, elle ne l’avait jamais fait et elle ne ferait jamais. Elle se doutait que ça avait avoir avec le fait que Kaylee avait avorté. Mais ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi Kaylee restait chez elle à se morfondre. Qu’importe, Sly et Hope volaient au secours de Kaylee, quoi qu’il arrive. Alors suivit de Hope elle rentra chez Kaylee, la maisonnée était plongé dans la pénombre, ce qui n’indiquait rien de bon. Sly s’imagina le pire et lorsqu’elle découvrit les joues roses de son amie et ses yeux boursoufflés d’avoir trop pleuré, elle poussa un soupir de soulagement. Kaylee ne s’était pas pendue ou ouvert les veines, c’était tout ce qui comptait. « Hey ! Qu'est-ce que vous faites ici ? » Sly s’avança et s’assit près de Kaylee, la mine soucieuse. Elle déposa un baiser sur la joue de la pauvre brune. « T’es sérieuse toi ? Genre on va te laisser te morfondre toute seule ici ? » Sly se débarrassa de ses chaussures trop hautes, de son gilet, dévoilant une tenue trop courte (comme à son habitude) et poussa un peu Kaylee pour qu’elle lui fasse de la place dans son canapé. Elle en profita même pour gouter la glace de son amie. « Tu t’en veux ? » Elle n’avait surtout pas eu le choix. Ce n’était pas sa faute.