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 MAXXIE ◮ catch me i'm falling.

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Andreas Fawkes
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MessageSujet: MAXXIE ◮ catch me i'm falling.    MAXXIE ◮ catch me i'm falling.  I_icon_minitimeLun 5 Aoû - 16:16

Tu pensais les avoir enfin semé. T’être échappé de l’oppressante emprise qu’ils avaient sur toi. Tes démons. Ces créatures obscures et menaçantes qui braillent sans cesse dans ta tête. Elles te rappellent à quel point tu es minable. Une merde. Que les gens ne t’aiment pas. Qu’ils rient de toi. Qu’ils te jugent. Elles te disent que le monde sans toi serait meilleur, que personne ne te regrettera. Qu’ils t’oublieront tous en quelques mois. Et tu ne peux pas t’empêcher de les croire. Elles ont raison, d’un côté. Tu l’sais depuis que t’es entré à l’hopital. Depuis que, dans ton lit froid, seul dans ta chambre, tu attendais la visite de tes dits « amis », en vain. Ils ne sont jamais venus. Seuls Maxime, Lana et ta pauvre mère se sont pointés. Même ta soeur n'a pas daigné se montrer. Et les autres continuaient de vivre sans se soucier de toi. Parce que c’est le cas. Alors qu’est-ce que t’attends, Andreas ? Tu vas encore chialer ? T’apitoyer sur ton sort ? Qu’est-ce que t’attends ? Elle est là, tu le sais. Elles sont toutes là. Elles t’attendent. Elles t’appellent. Elles ont besoin de toi, autant que tu as besoin d’elles. Sous ton lit. Dans cette boîte de chaussures. Par cinquantaines, rangées soigneusement comme les choses les plus précieuses au monde. Les plus beaux joyeux que tu possèdes. Elles sont tes seules amies. Alors tu te laisses tomber sur tes genoux, t’essayes même plus de luter. T’es foutu. A chaque fois que tu penses aller mieux, tes démons te rattrapent. Ils t'agrippent de leurs mains noires et crochues et te ramènent vers le fond, te noient sans préavis. Ils ne te laissent pas respirer. Alors t’étouffes, seul sur tes genoux. Tu suffoques. T’as besoin d’air. Tout s’embrouille dans ta tête, t’arrives même pas à verser une larme. Et bordel, qu’est-ce que tu luttes. Qu’est-ce que tu luttes pour ne pas tendre le bras et  attraper cette boîte. Tu t’arraches les cheveux, te griffe le visage mouillé par la sueur. T’as envie de leur crier de se taire, ces voix dans ta tête. Celles qui te disent que t’es qu’un lâche. T’as envie de leur dire qu’elles ont tort mais au fond de toi t’es d’accord avec elles. Tu les laisses te vaincre. Une fois de plus. 

Machinalement, sans même réfléchir ton bras se déplie et atteint la boîte en carton. Tu les entends s’entrechoquer dans le silence qui repose sur ta chambre. Tu sais que tu seras tranquille. Personne n’est là, ce soir. Comme d’habitude. Ton frère est chez Meth, tes parents sont sortis, Maxime n’a pas pu venir. Les autres s’en foutent. Et tu t’en fous des autres. Tu ouvres la boîte et elles te regardent. Tu ne les lâche pas des yeux. En te relevant doucement, en t’asseyant sur ton lit, tu les fixe comme la plus belle chose au monde. Fasciné. Tes lames. Il y en a de tous les genres. Il y a tes préférées, rangées à gauche et celles que tu utilises occasionnellement à droite. Pourquoi t’en as autant, t’en sais foutre rien. T’aimes juste ça. Savoir que tu ne tomberas jamais en panne, qu’elles seront toujours là pour toi. Alors t’en prends une. Taille moyenne, parfaitement aiguisée. T’es assis sur ton lit les mains tremblantes, tu viens de relever la manche gauche de ton pull beaucoup trop chaud pour la saison. Tes yeux l’a fixent l’air excédé, t’es juste vide. Elle tourne entre tes doigts, tu joues avec elle. Tu fais durer le supplice. Au fond t’aimes ça, en avoir besoin. Et dans quelques secondes tu pourras voir l’encre de vie couler le long de ton bras, dessiner d’une couleur carmine les formes de tes veines. Tu pourras libérer tes démons. Car, d’un côté, c’est le seul moyen pour qu’ils te laissent un peu de répit. Mais alors t'entends un bruit sourd. Tu lèves la tête et tu le vois, là, devant toi. Sur ta terrasse, comme un voleur. Et une boule se forme dans ta gorge, t’empêche de respirer normalement. T’es tétanisé, tu te sens nu, prit sur le fait. T’aimerais fuir, partir en courant, mais t’es cloué sur ton lit, t’en oublie même de respirer. Les secondes se transforment en heures quand tu regardes son visage offusqué. Et la boule grossit. Elle te rappelle ton enfance. Et alors tu te figes. Tu t’souviens. Cette sensation. Les mots qui brûlent ton œsophage et écorchent tes lèvres. Ces mots qui ne peuvent pas sortir. Tu panique. Puis tu réalises qu'il est de retour. Le démon que tu pensais avoir vaincu
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Maxime S. Thunderson
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MessageSujet: Re: MAXXIE ◮ catch me i'm falling.    MAXXIE ◮ catch me i'm falling.  I_icon_minitimeLun 5 Aoû - 18:07



And I will try to fix you,
maxeas maxeas maxeas maxeas maxeas maxeas maxeas maxeas





Le lampadaire éclaire ton ombre qui passe, il grésille un peu. T’avais un repas de famille mais t’as filé dès que c’était terminé. C’était devenu plus qu’une envie de le voir, c’était comme un besoin. Et parfois même, ça te faisait flipper, parce que la dépendance à autrui ça a jamais été ton fort, malgré toutes les personnes qui gravitaient autour de toi, celles que tu rassurais et que tu consolais dès que tu le pouvais, t’as jamais voulu être dépendant, être accro, ça faisait bien trop mal. Mais il est arrivé dans ta vie avec ses putain de fossettes et ses paroles,  ses gestes et ses regards, et t’étais foutu. Tu souriais à la lune ce soir, parce que tu savais que vous vous engueulerez pas et que tu pourrais t’endormir dans ses bras, avec peut être même l’espoir de ne pas te réveiller en pleine nuit le souffle court et le front trempé de sueur. Les temps sont moins sombres. Tout ça est derrière vous et des fois tu te surprends même à le regarder en souriant, en te demandant comment vous en êtes arrivés là, toi qui croyais plus au bonheur. Mais ce genre de choses ça te tombe dessus comme une météorite, tu t’y attends pas et une fois que c’est là ça te fascine et t’effraie en même temps. Tu sais pas à quel moment c’est arrivé, et tu ne peux que regarder les conséquences, les apprécier ou pas, leur tourner le dos ou pas. Toi, t’as choisi d’ouvrir les bras à ce putain de bonheur arrivé de nulle part. Tu sais qu’il reste encore du chemin à faire, mais t’as pas peur. Et dans ses yeux parfois, tu voyais que ça disait « tu pourras jamais me guérir. » Mais tu t’es promis d’essayer, et tu sais que t’y laisseras jusqu’à ton dernier souffle s’il le faut. Peut importe le combat. Peut importe les obstacles, t’en as rien à foutre, parce que tu veux tellement qu’il soit heureux que ça te donne envie de crever sur place.
T’empruntes le chemin que tu connais par cœur, tu l’as fait tellement de fois que tu pourrais grimper à cet arbre puis à cette gouttière et sauter sur cette terrasse les yeux fermés. Pour pas réveiller les parents, pour pas lui laisser le choix, juste par envie de le surprendre même. A chaque fois tu peux pas t’empêcher de penser à cette fois où tu l’as surpris, dans tous les sens du terme, avec Liberty, et l’effet que ça t’a fait, mais t’essayes d’occulter ce jour de ta mémoire. Des fois t’y arrives pas, alors tu te renfermes et tu soupires, mais tu finis toujours par te dire que t’as réussi à aller de l’avant. Et t’essayes de plus penser au passé. Parce que t’as depuis longtemps appris que si tu laissais les mauvais souvenirs te bouffer, c’en était fini de toi. Tu gardes les meilleurs moments et tu laisses les autres planqués, même si des fois ils sortent sans permission. Et tu souris, tu souris toujours, parce que c’est ce que tu fais de mieux et que tu veux inquiéter personne avec tes histoires passées.
Mais ton sourire retombe immédiatement quand tu vois Andreas et la chose qui brille dans sa main. T’as l’impression que tes jambes vont te lâcher et ton cœur, t’as même pas l’impression que tu cœur explose ou se serre, t’as juste l’impression qu’il a disparu, qu’il s’est barré sans dire au revoir. Et tu sais pas quoi faire. C’est toujours rare cette impression d’impuissance. Ça t’arrives pas souvent et tu hais ça, d’habitude c’est toujours toi qui prend les choses en main, qui sait quoi dire pour faire passer les choses. Mais avec Andreas tu perds le contrôle, parce qu’il y a trop en jeu. Parce que tu peux pas te permettre de faire mal les choses, alors tu réfléchis trop. Parce que le fait même qu'il ait envie de se faire du mal te retourne les tripes. Tu cours presque jusqu’à lui, mais tu veux pas le brusquer. Tu feras pas de scandale, t’en as pas envie, t’en as même pas la force. En un sens, tu le comprends. Tu sais ce que ça fait, cette impression que le monde sera meilleur sans toi, que t’es un poids en plus, on te l’a trop dit. Mais t’as jamais craqué. T’as failli, de trop nombreuses fois, mais tu t’es ressaisi. Les larmes montent dans tes yeux, te brûlent presque, mais tu les gardes, parce que tu veux pas pleurer. Tu peux pas te le permettre. T'as pas envie d'attirer l'attention sur toi, tu veux juste qu'il aille mieux, qu'il te sourie. Andreas a baissé la tête. Tu t’agenouilles devant lui, tu le quittes pas du regard. La lame est encore dans sa main, comme s’il était figé, tu la prends avec précaution et la remet à sa place, dans la boîte. Tu sais que ça servirait à rien de tout jeter et que c’est pas la meilleure chose à faire, alors tu repousses la boîte sous le lit et tu remplaces la lame par ta propre main. Elle tremble un peu. Tu entrelaces vos doigts, tu veux plus le lâcher. Tu veux qu'il sache que tu le lâcheras pas, jamais, que tu lui en veux pas, que tu crieras pas, que t'es juste triste qu'il y pense, parce que t'aimerais être assez, pouvoir faire assez pour le rendre profondément heureux. Son poignet gauche porte encore des cicatrices, certaines, tu le sais, à cause de toi, et tu l’embrasses doucement. Ca t'a jamais dégoûté, tu lui as répété, avec ou sans ces marques tu le trouves magnifique. C'est pour ça que tu poses tes lèvres sur son poignet brûlant. Parce que tu veux plus jamais qu’il en arrive là, mais tu sais que la partie n’est pas encore gagnée. Mais t’abandonneras pas, tu seras là, toujours, jusqu’à ce qu’il puisse s’en passer, jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose qui le rende heureux. Quelqu’un. Toi, peut être. Alors tu tentes un sourire et tes mots sortent dans un souffle. « Pas ce soir, ok ? J’suis avec toi. »










Dernière édition par Maxime S. Thunderson le Mer 7 Aoû - 11:50, édité 1 fois
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Andreas Fawkes
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MessageSujet: Re: MAXXIE ◮ catch me i'm falling.    MAXXIE ◮ catch me i'm falling.  I_icon_minitimeLun 5 Aoû - 21:20

T’as peur, tu trembles. Plus t’essayes de bouger ou d’parler, plus tu restes paralysé. T’as honte aussi. Honte qu’il te découvre comme ça, si vulnérable, une lame de rasoir à la main. Tu dois être tellement pathétique. Non, en fait tu l’es. T’es pathétique. Et il doit avoir honte aussi. Tu l’sais bien. Il a honte de toi, honte d’avoir ce fardeau qui lui sert de copain sur le dos. Il a honte des regards que les gens vous portent lorsque vous êtes à la plage et que tes cicatrices brillent au soleil. Honte d’être le petit ami du pauvre gosse de riche dépressif. Le gosse qui bouffe du caviar avec une putain de cuillère en diamants et qui trouve quand même à s’plaindre. T’oses même pas le regarder dans les yeux, tu baisses la tête. T’as pas envie de pleurer non plus. T’as juste envie de disparaître en un claquement de doigt et ne jamais revenir. Laisser tes responsabilités derrière toi sans penser aux autres. Fuir, tout simplement. Fuir comme le lâche que tu es. Sauf que là tu n’peux même pas bouger le petit doigt. A quoi bon de toute façon. Fuir ne ferait qu’empirer ton cas. Parce que tu vas devoir revenir un jour ou l’autre, et la honte sera encore plus intense. Maxime se rue vers toi et pendant une seconde tu te sens menacé. Tu t’rends compte que c’était exactement pareil quand t’étais gosse. Alors t’essayes d’ignorer, tu t’dis que ça va passer. Il n’est pas une menace. Il prend délicatement la lame de ta main et l’a fou dans sa boîte. Pendant une seconde t’as peur qu’il l’a jette sans préavis et ton cœur s’accélère. C’est comme si tes émotions s’étaient amplifiées. Comme avant. Mais il l’a remet sous ton lit, à sa place et tu respires à nouveau. N’importe qui aurait pu crier, te réprimander comme un gosse qui vient de voler un bonbon. Mais il prend juste ta main. Et tu l’a serre, fort. Le plus fort possible. Tu t’dis que peut-être, au fond, il a pas honte de toi. Tu peux toujours pas le regarder dans les yeux, mais tu sens les siens te fixer. T'imagines ses pupilles danser, briller à cause des larmes. Mais tu sais qu’il ne te juge pas. Qu’il est seulement dans l’incompréhension. T’aimerais lui dire que t’es désolé mais aucun mot ne sort de ta bouche. T’ignores. Ca va passer. Et quand tu sens une légère pression humide sur tes poignets, t’as l’impression d’être la plus belle chose au monde. T’oublies tout. Tout ce que tu pouvais penser quelques minutes plus tôt. Evaporé. Il n’y a plus que lui et toi et au diable le reste. T’as envie de lui dire que tu l’aimes mais aucun mot n’arrive à sortir. La boule grossit. Tu commences à paniquer mais ça va certainement passer. « Pas ce soir, ok ? J’suis avec toi. » Tu daignes enfin lever les yeux et sert sa main plus fort. Il est beau. Il est toujours beau. Et toi tu dois être dans un putain d’état lamentable. Une pauvre tache à côté de lui. Ca t’énerve. Le fait qu’il ne sache pas à quel point il est magnifique. Il te couple le souffle, littéralement. Tu donnerais tout pour le voir rire, là, maintenant, malgré la situation. Parce que son rire est la plus belle mélodie que t’aies jamais entendu. T’essayes de sourire mais tout ce que t’arrives à faire est un rictus imperceptible. T’ouvres la bouche pour le remercier, lui dire que tu l’aimes et à quel point t’es désolé. Mais blocage. Aucun mot ne sort. La boule qui grandit dans ta gorge te brûle. T’avales difficilement ta salive, t’essayes de rester calme. Faut pas que tu paniques, ça va empirer, tu l’sais bien. Mais la deuxième tentative est aussi un échec. Alors tu flippes. Tu flippes comme t’as sûrement jamais flippé auparavant parce que tu pensais que tout ça était derrière toi. Tu flippes parce que tu sais que c’n’est pas normal. Parce que tu sais que si tu ne parles pas dans les prochaines heures, les prochaines minutes, t’as du soucis à te faire. Tes yeux s’humidifient soudainement, tu recherches de l’aide dans ceux de Maxime. T’as mal, putain. Ta gorge te brûle. « Non. Non. Non. Non putain ! Non ! » C’est tout c’que t’arrives à penser. « Maxime… Putain aide moi !» Des mots que t’aimerais pouvoir sortir. Des mots qui déchirent ton œsophage. Ta respiration se fait courte. « Ca va passer… Ca va passer… Ca va passer…. » Tu t’mens à toi-même. Tu sais que c’est pas prêt d’s’arrêter, tu connais bien cette sensation. T’as envie de lâcher Maxime pour te replier sur toi-même mais tu serres sa main encore plus fort. Tu sais pas comment lui expliquer, comment lui faire comprendre c’qui est en train de t’arriver. Alors tu le regarde l’air désespéré, des larmes dévalant tes joues sans même que tu t’en rendes compte. T’essaye de lui parler avec tes yeux.
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Maxime S. Thunderson
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MessageSujet: Re: MAXXIE ◮ catch me i'm falling.    MAXXIE ◮ catch me i'm falling.  I_icon_minitimeLun 5 Aoû - 22:31



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Tu lui souris. Peut être que si t’étais une autre personne, t’aurais hurlé, lancé un regard menaçant, imploré, chialé à perdre haleine. Peut être que tu te serais dit qu’il avait aucune raison de faire ça, qu’il avait tout pour être heureux, pour vivre une belle vie, que c’était de la lâcheté. Mais tu sais qu’Andreas n’est pas un lâche, et tu sais ce qu’il ressent, parce que même si t’as conscience qu’il te cache encore des choses, jamais tu lui en voudras pour avoir des ombres. Toi-même t’en as plein. Tu le caches juste un peu mieux. T’as pas honte de lui, ça arrivera jamais. Tu te dis qu’un jour il le comprendra, en attendant t’essayes de lui prouver au quotidien. Et il serre ta main comme si t’étais son dernier espoir. Ça te rappelle cette nuit à l’hôpital, que t’as passé à le regarder sans fermer l’œil alors qu’il dormait dans tes bras, parce que tu voulais pas t’assoupir une seule seconde, parce que tu voulais profiter de chaque instant au cas où tu le perdrais à jamais. C’est quand on expérimente l’abandon qu’on sait vraiment ce qu’on ressent quand la personne qu’on aime part pour de vrai. Et putain c’que ça fait mal, c’est comme si on t’avait arraché un morceau de toi, et ton âme n’est plus vraiment complète, et tu sens que tu vas devoir vivre avec ce manque toute ta vie. Toi, tu te considérais comme chanceux. Parce que même si il voulait parfois abandonner, il était là, il avait vécu, et il t’a promis qu’il te laisserait pas. Pas comme tous les autres. T’as envie d’y croire. Alors t’y crois de toutes tes forces. Tu le laisseras pas abandonner, jamais, parce que t’as besoin de lui. Et tu sais qu’il a besoin de toi.
Vos yeux se rencontrent une seconde, tu te dis que les tiens doivent être un vrai champ de bataille. T’arrive pas à faire redescendre ces larmes mais tu t’interdis de craquer. T’observes ses cheveux en bataille et ses longs cils. Et tu le trouves beau même dans ses moments d’abandon total. T’as envie de l’embrasser pour lui dire que t’es là, que tu le laisseras pas avec ses pensées. Qu’il y a au moins une personne dans ce monde qui se soucie de lui. Une personne qui en crèverai si il lui arrivait quelque chose. Mais tu restes comme ça, à genoux devant lui, tes yeux ne le quittant pas. Tu resterais comme ça toute la nuit s’il le fallait. T’as envie qu’il te parle, qu’il te dise un truc, n’importe quoi. Même qu’il t’envoie chier. T’as juste envie qu’il se sente vivant autrement qu’en laissant courir la lame sur sa peau. Tu veux lui faire comprendre, mais tu sais pas comment, alors tu te contentes d’être là. Peut-être que ça suffira. Il ouvre la bouche comme pour dire quelque chose, mais il la referme et tu vois une lueur de panique passer dans son regard. Une nouvelle fois, nouvel éclat de panique, et tu commences à t’inquiéter, à te dire qu’un truc pas normal est en train de se passer. Ses yeux s’embuent et tu ne comprends pas pourquoi, et ton cœur cogne un peu plus fort dans ta poitrine tout à coup. Il serre ta main, tu baisses les yeux brièvement. Quand tu les relèves une seconde plus tard, des larmes perlent au coin de ses paupières et ne tardent pas à dévaler ses joues. C’est alors que tu comprends tout à coup et ça t’frappe comme la foudre. Mais t’as pas envie de comprendre, t’as pas envie de te dire que les vieux démons d’Andreas sont de retour. Ta voix tremble, tout comme ses mains. « Hey… Ca va aller ? » Mais tu comprends bien vite que non, ça ne va pas. Les larmes continuent de couler sur ses joues et t’en sèches une du bout de ton doigt, le plus délicatement possible. Tu te relèves et tu t’assois à côté de lui, ton regard ne lâchant pas le sien, tes mains ne se détachant pas des siennes. Tu sais qu’il faut pas que tu paniques, car sinon il paniquerait aussi. Dans ces moments là, il faut toujours rester calme. Des crises, t’en as géré. Mais c’est différent. Cette fois, c’est d’Andreas qu’il s’agit et chaque larme versée te piétine le cœur comme rarement. Tu prends doucement son visage entre tes mains et tu l’embrasses lentement. Une seconde. Deux. Trois. Tu sens son pouls se calmer un peu mais tu sais que c’est loin d’être terminé. Tu veux pas qu’il se sente repartir en arrière, à une époque qui le hante encore aujourd’hui. Même si tu sais pas exactement tout ce qu’il a vécu, ça te revient encore, quelques mots, des mots qui lui ont échappé dans un moment de faiblesse alors que vous vous retrouviez juste, ces mots qui t’ont transpercé le cœur parce que tu hais le savoir malheureux et que t’aurais aimé pouvoir faire quelque chose. Tu veux lui montrer que maintenant ses démons sont derrière lui et que tu peux l’aider à les combattre, parce qu’il l’a plus de raison d’avoir peur. T’es là, maintenant, et tu laisseras plus rien ni personne lui faire du mal. Tu poses ton front contre le sien et tu prends sa main pour la déposer près de ton cœur. « Écoute-moi. Calme-toi, d’accord ? Concentre-toi sur les battements d’mon cœur. Tu l’sens ? Il bat pour toi. Et j’te force en rien à parler. Ca va revenir tout seul, d’accord ? Y’a aucune raison de paniquer, ok ? Respire... » Ta voix est à peine un chuchotement, tu veux pas la faire trop inquiète, tu sais que ça aggraverait les choses. Alors tu restes comme ça et t’essayes de te calmer, pour à son tour le calmer lui, et tu plonges dans le vert de ses yeux qui brille à cause des larmes, et tu respires son odeur. Peu à peu, tu te calmes. Tu veux enlever cet air perdu de son visage à jamais parce que t’as plus envie qu’il soit perdu quand il est avec toi, parce que t’as envie d’être sa maison autant qu’il est la tienne.








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