Serre moi encore serre moi Jusqu'a etouffer de toi Ft. Maxeas léplubos
Je me suis réveillé à côté d’un mec aux fesses à l’air ce matin-là –fin, il était 16h30 mais passons. J’étais dans mon lit, nu comme un ver, la tête qui allait exploser et une haleine à en faire s’évanouir un cheval. Un samedi typique, j’ai envie de dire … « Hé… Hého ! Oh ! Réveille-toi, putain ! » J’essayais de pousser l’inconnu allongé sur le ventre à côté de moi en le secouant comme une vulgaire marionnette, mais cette putain de marmotte n’avait pas l’air décidé à ouvrir les yeux. Ah, en fait, oui. C’est à ce moment-là que j’ai découvert de grands saphirs bleus, aveuglants, fatigués à cause de la longue nuit –ou matinée- passée la veille –ou cinq heures plus tôt-. Pendant une seconde, j’ai vu ceux de Maxime, ils étaient vraiment identiques. Et durant une minute, la personne à côté de moi n’était plus blonde, mais avait des cheveux châtains, en bataille sur son front, et lorsqu’elle plissait les yeux, avait ces petites rides autour qui me faisaient mal au ventre tant elles le remplissaient de papillons. J’ai fermé les yeux cinq secondes, le temps de reprendre mes esprits et chasser son image de ma tête, puis en les ré-ouvrant, j’ai retrouvé le blond cendré me sourire. Il était beau. Très beau, même. Des cheveux un peu rasés sur le côté et une longue mèche blonde retombant sur son front, un sourire blanc et des tatouages sur les bras. J’avais bon goût, n’empêche. « Hm, salut … » Il s’était approché de moi comme pour m’embrasser. Non mais euh, j’étais en train de rêver là ! Limite s’il n’essayait pas de me rebaiser. Déjà, j’avais une haleine pourrie et je pouvais sentir qu'il était dans le même cas que moi à des kilomètres à la ronde, alors hors de question que mes lèvres s’approchent à plus de trois mètres des siennes. Doucement, je me suis éloigné de lui, puis, après avoir compris, il a décidé de se tourner et enfiler ses vêtements, m’offrant une vue panoramique sur son dos magnifiquement bien taillé et hmm… Wow, je m’égare, là. Il s’est ensuite retourné vers moi, m’offrant un sourire digne des plus grands films hollywoodiens. « Merci pour tout à l'heure … J’te dois combien ? » Non mais là, pour expliquer à peu près ma réaction … Ma mâchoire a limite touché le sol quand j’ai entendu ça, et l’air outragé, j’ai presque crié « Non mais j’suis pas une pute ! » Et il m’a lancé un regard surpris. « Pourtant c’est pas ce que t’as dit … » Oula. Je me suis mentalement promis que c’était la dernière fois que je sortais lorsque maman et Edmund partaient en week-end. C'était pas possible, j’avais pas dit à cet inconnu que j'étais un vulgaire gigolo, je savais que mon intelligence ne volait pas haut, mais à ce point là ? J'avais envie de me foutre une claque, mais à la place, j'ai soupiré. « Bref, casse-toi s’il te plaît. Prends tes clics et tes clacs, et n'essaies même pas de voler quelque chose en sortant sinon j'te retrouve, et j'te castre! » Il faut toujours rester poli quelques en soient les circonstances. Il s’est exécuté, m’offrant un dernier sourire et un « C'est ça. A plus » inaudible, et je me suis laissé tomber sur mon oreiller, essayant de me rappeler ce que j’avais bien pu foutre la veille. Mais le néant. C’était comme si on avait effacé ma mémoire, et après une bonne demi-heure de réflexion, je me suis enfin décidé à me lever, difficilement, ce foutu mal de tête cognant sans cesse contre mes tempes. Ma tête avait l’air d’un foutu champ de bataille et mes oreilles sifflaient. Dans le salon, mon frère jouait à la xBox avec des potes, je ne l’ai pas calculé et j’ai directement tracé à la cuisine, où je me suis servi un verre d’eau glacée qui avait un goût amer de vodka. J’ai grimacé, puis je me suis assis sur une chaise, essayant de reprendre mes esprits et retrouver, peut-être, la mémoire.
De la débauche dans tous les coins de la maison, des adolescents perdus de tous les côtés, buvant, fumant, couchant de droite à gauche. Il n’y avait plus aucune pudeur, plus aucun respect, nous avions affaire à de vrais sauvages dénués de sentiments et de morale. Les filles ne portaient pratiquement pas de vêtements, elles dansaient farouchement contre des garçons avides de luxure qui enchérissaient en les collant un peu plus contre eux. Une musique dubstep, assourdissante, résonnait dans la petite pièce où une cinquantaine d’adolescents livrés à eux même s’entassaient les uns sur les autres, mais ça n’avait pas l’air de les déranger plus que ça. Nous étions dans la mauvaise partie de la ville, dans la mauvaise maison, dans la mauvaise fête. Celles où la drogue coule à flot et où des partouzes géantes se forment sans que l’on comprenne comment. Là où Andreas et ses fréquentations douteuses avaient atterris vers quatre heures du matin. Après avoir entendu une musique au loin, ils ont décidé de voir ce qu’il s’y passait. Bonne ou mauvaise idée, la question est discutable. L’ambiance et l’amusement, le divertissement qu’Andreas avait expérimenté lui disaient qu’il avait fait le meilleur choix de sa vie, mais le mal de tête ressentit le lendemain lui donnait envie de se gifler pour s’être laissé entraîner dans ce tourbillon. Il dansait –ou sautait, au choix- un sourire jusqu’aux oreilles dessiné sur son visage : Il s’amusait, il prenait du plaisir, il se sentait libre, serein, et avait deux trois coups dans le nez, aussi. Se droguer n’était dans ses habitudes, à vrai dire, il n’avait touché à la drogue dure qu’une fois dans sa vie, mais pour oublier le temps d’une nuit, il s’était permis. Tout s’était enchaîné tellement vite, le mélange de drogue et d’alcool lui était monté au cerveau, il s’était retrouvé à crier « JE SUIS LA PUTE LA PLUS CHERE DE BRIGHTON, MAIS AUSSI LA MEILLEURE ! » à tue-tête, riant comme un con, puis un blond lui avait murmuré deux trois mots à l’oreille, mots dont il ne se souviendra jamais. Sans savoir pourquoi ni comment, ils s’étaient retrouvés chez lui, dans son immense lit à faire l’amour sauvagement, mais sans grand plaisir. Il était dix heures du matin et ils avaient perdu la notion du temps, ne se réveillant qu’en fin d’après-midi.
J’étais en train de décider si j’allais goûter, petit-déjeuner ou tout simplement manger des restes de la pizza d’hier soir –si mon frère ne les avait pas mangé avant …- , quand le puissant vibrement de mon téléphone me fit sursauter. J’avais dix messages non lus, plus un nouveau que je venais de recevoir à l’instant de la part de Kyllian et j’ai soupiré en le lisant. « Super fête chez Jones ce soir, venez nombreux et ramenez de l’alcool !!!!!!! » J’ai roulé des yeux à la vue des innombrables points d’exclamation puis j’ai jeté le téléphone sur la table pour ensuite poser mes coudes sur celle-ci et me malaxer la tête en soupirant. J’allais sûrement rompre la promesse de ne plus sortir durant l’absence d’autorité un peu plus rapidement que prévu …
Une musique pop commerciale résonne dans la maison tandis que je me fraye un chemin dans le salon. Il est vingt-deux heures et la fête vient tout juste de commencer, mais on peut déjà apercevoir de jeunes écervelés totalement bourrés danser en titubant, riant pour pas un et sautant de tous les côtés. A chaque pas que je fais, une nouvelle connaissance saute dans mes bras pour me dire bonjour, et, plus ou moins gentiment, je leur fait comprendre que s’ils continuent, ma main rencontrera malencontreusement leur visage et qu’ils partiraient dans un coma sans savoir pourquoi, puis je pars à la rencontre de ce branleur de Kyllian qui parle avec deux nanas aux seins probablement faits et refaits. « On s’amuse bien ?! » Je suis obligé de gueuler comme un con pour qu’il m’entende, et par-dessus la musique, il essaie de me présenter à ses deux blondes tandis que j’hoche la tête sans broncher, ne comprenant pas un mot de ce qu’il dit. Je tente tant bien que mal de suivre la conversation qui se déroule devant moi, mais je suis vite distrait par la foule, la balayant du regard à la recherche d’une nouvelle connaissance. Et je ne tombe pas sur la moindre. Maxime se trouve là, à rire aux éclats avec Liberty, et soudain un sourire apparait sur mon visage. Il est beau Maxime n’empêche. J’aime bien quand il sourit, il a de tous petits yeux, d’ailleurs parfois j’aime bien l’emmerder en le surnommant « le chintoc ». Sans même prendre la peine de dire à Kyllian que je m’éloigne, je me dirige vers Maxime, qui, de dos, ne me voit pas arriver. Doucement, je m’approche de lui, le prenant par la taille pour l’attirer vers moi, puis je lui susurre à l’oreille de ma voix roque et cassée : « Salut toi … ». Ce sourire scotché à mes lèvres ne veut pas partir et lorsqu’il se retourne, je passe lentement mes bras autour de son cou, fourrant mes lèvres chaudes dans celui-ci et me déhanchant doucement au rythme de la musique. Sans vraiment savoir pourquoi, je ris légèrement, puis, toujours en dansant doucement, je m'exclame dans son oreille, assez fort pour qu'il m'entende. « J'savais pas que tu viendrais ! » Mytho. Je savais qu'il allait venir. J'le savais, parce que Kyllian avait envoyé un message groupé à probablement tous ses contacts, et Maxime en faisait sans aucun doute partie. Il est possible, je dis bien POSSIBLE, que ce soit la seule raison pour laquelle je me suis déplacé jusqu'ici, malgré le mal de tête et la fatigue. C'est juste une possibilité.
Nothin' new is sweeter than with you. And in the streets we're running free, like it's only you and me. Geez, you're somethin' to see.
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Quand j’étais petit, Maman me disait qu’on avait pas toujours ce qu’on veut. Ben putain, je l’avais bien appris, à mes dépends. J’avais pas ce que je voulais dans le vie, j’ai jamais eu ce que je voulais. J’avais pas la vie de rêve, ni la thune à volonté. J’avais pas la facilité, j’devais me démerder, pour tout. Pour survivre. Je supposais qu’on s’habituait. J’étais habitué. A cette routine. Ce matin-là, je me suis levé, dans cet appart minuscule et miteux , sentant le café et la clope. Comme d’habitude. J’avais déjeuné des céréales fades, enfilé mon blouson. Comme d’habitude. Comme d’habitude, je ne vis pas la camionnette de mon oncle garée dans l’allée, comme d’habitude, je pris mon vieux van pourri. Et comme d’habitude, j’allais m’échiner toute la journée dans ce boulot de merde. Bon, c’était pas que je détestais ce job, mais j’aurais préféré rester à glander toute la journée, que les sous sortent tous seuls, ne rien avoir à faire. Je me demandais tous les jours ce qu’aurait été la vie si mes parents étaient encore là. Si je n’avais pas eu a déménager du côté Carefree. Si la thune coulait à flot. J’étais pas sûr que j’aurais mieux vécu, en fin de compte. Ok, j’étais peut être un pauvre, ok, j’arrondissais jamais les fins de mois et j’avais jamais bouffé de caviar, à part quand je piquais des restes aux cocktails où je servais. Mais l’argent ça peut être de la merde, ça peut pourrir. Et sacrément. Mon père ne s’en est pas sorti, et dieu sait qu’il en avait, du fric. Franchement, j’avais des potes, j’avais un toit, j’avais pas à me plaindre. Je me plaignais jamais. La route défilait devant mes yeux, je la connaissais par cœur. Chaque jour, ou presque, le même trajet, les mêmes discours, la même attitude. Être poli, serviable, entendre les conversations parlant de courses de chevaux ou de cours de la bourse. Dans ce smoking qui grattait. Ouais, en fait, j’étais bien content d’être un Carefree, de me foutre des conventions, des apparences. Moi, je m’habillais comme un vieux sac, je bouffais pas un jour sur deux et j’pouvais dire un gros mot sur deux quand j’ouvrais la bouche. Tout le monde s’en battait les couilles dans mon entourage parce que tout le monde avait autre chose à foutre que de faire semblant. C’était bien ça qui me faisait chier, plus que tout au monde. Les faux-semblants. « Ah ben enfin Maxime, t’es resté coincé dans les chiottes c’matin ? Leur truc pour l’association des bébés phoques, ou j’sais pas quoi, commence dans une demi-heure, on bouge, hop hop hop. » « Relax Bob, c’est le matin là ho. » Mon patron était un survolté, qui voulait toujours que tout soit parfait, au millimètre. Ça me saoulait. Et je le saoulais. Bon, ok, je renversais des plateaux sur les gens toutes les semaines. Mais qu’est ce qu’on s’en foutait des robes Dior et des costards Armani ? Comme si tous ces bourges de merde pouvaient pas aller au pressing, et c’était moi qui prenait sur la gueule. Le rythme était effrénant. Moi et mes camarades de galère, on courait dans tous les sens, apportant les petits fours, le vin, le champagne. Je retins un rire en voyant toutes les vieilles liftées jusqu’aux os porter des manteaux de fourrure. C’était pas censé être un truc genre pour la SPA ? BLAGUE. Encore un truc pour se donner bonne conscience. Plus je côtoyais les Spark, moins j’avais foi en l’humanité. Tout dans les apparences, mais à quoi bon. Ça parlait politique, économie. C’était chiant, mais ça me concernait pas. Je me contentais de faire mon boulot, et j’espérais que ça terminerait le plus vite possible. J’étais pas d’humeur, aujourd’hui. Mon portable vibra alors que je remplissais la fontaine de champagne, je m’y attendais pas, et j’ai laissé couler au moins une bouteille entière à je savais pas combien de balles sur le sol. Putain. Je voyais Bob avancer vers moi, furieux. Il était rouge quand il était furieux, et j’avais envie de rire à chaque fois, mais c’était jamais le moment de rire, croyez moi. Je baissai la tête, entreprenant de nettoyer le liquide, mais en fait, je jetais un coup d’œil à mon portable. Ca avait intérêt à être important. « Super fête chez Jones ce soir, venez nombreux et ramenez de l’alcool !!!!!!! » de la part de Kyllian. Je souris, discrètement. C’était ça qu’il me fallait, en fait, une fête, tout oublier le temps d’une soirée, d’une nuit, m’oublier, au rythme des basses. Si j’avais de la chance, Andreas serait là. Enfin, j’savais pas si je devais appeler ça de la chance, j’avais pas quoi penser. Valait peut être mieux qu’il vienne pas. Pour le voir repartir au bras de quelqu’un d’autre, à quoi bon ? Pour souffrir, encore une fois ? J’aimais pas souffrir, et je souffrais quand je voyais ce qu’il me faisait, parfois. Ouais. J’étais dévoré par la jalousie. Je savais même pas pourquoi. Après tout, on était pas… En couple. J’étais pas amoureux. Du moins j’étais pas censé l’être. Après, décider, c’était une autre affaire. Mais bon. Je soupirais, rangeant mon téléphone, retournant vers l’entrée pour servir une énième assiette de canapés à l’air immonde. Moi, si j’étais un vieux bourge, j’aurais aimé manger des hamburgers, ou chinois, pas des œufs de poissons. Après tout, ils allaient bientôt tous crever, épuisés par le fric, la chirurgie et toutes ces batailles judiciaires pour raisons diverses, autant en profiter ? Mais non, les œufs de poisson, ça fait classe. Allez savoir. Mon portable vibra, et je fis demi-tour pour me cacher de Bob. J’aimais pas ce travail, mais il était nécessaire, sinon, je me retrouvais à la rue. Mon oncle était cool mais pas con. Et je devais aider, c’était normal. Une photo de moi et une jolie brune, un verre à la main, s’afficha sur l’écran. Un nouveau message de Liberty. « Hey fils du tonnerre ! Tu viens ce soir ? Ça promet d’être é-norme. Mais j’sais pas quoi mettre… » c’était bien elle ça, de s’occuper de ses fringues. Moi, si on m’écoutait, j’irai à toutes les soirées avec un vieux pull en laine et un jean troué. J’me sentais bien comme ça. Mais la plupart du temps, mes potes m’en empêchaient. C’était le désavantage d’être ami avec des filles. Elles voulaient jamais que vous leur fassiez honte. « J’sais pas trop si j’vais venir, actually… » je me suis empressé de répondre en allant rechercher un plateau. Plus qu’une heure, une petite heure. J’y penserai après. Je devais pas venir, pas pour le voir encore avec une autre, ou un autre. Mais je voulais venir. Je voulais le voir. Putain, j’savais pas quoi faire. Je me suis rendu compte un peu trop tard que j’étais en train de faire les cent pas au milieu d’un groupe de femmes en robe de soirée. Un grand sourire innocent et j’me suis cassé en mode speedy gonzales jusqu’aux cuisines. Ok j’étais catalogué comme Maxime, le fou qui piétine aux cocktails, ma situation s’arrangeait. Mon portable vibra de nouveau. « AH NON HEIN TU VIENS ! Ça fait longtemps qu’on s’est pas vus, ta bouille me manque ! » Je n’eus même pas le temps de répondre, que mon portable vibra à nouveau. « Et essaye de pas t’habiller comme un clodo pour une fois, tu veux ? » je soufflai un rire tout seul, quitte à passer pour un débile mental (au pire avec toutes les conneries que je faisais au boulot, j’étais plus à ça près). « Bon, ok, j’passe te chercher à 21h30. Trop tôt ça fait genre on veut être prems sur l’alcool. » La réponse fut instantanée. « Ben, j’veux être prems sur l’alcool… (a) » Elle était con des fois ma Liberty. Mais je l’aimais malgré tout. C’était une de mes plus vieilles amies, et aussi une des plus belles relations que j’ai jamais eues. Parce que oui, on était sortis ensemble. Et franchement rester en aussi bons termes avec une ex, c’était rare. J’étais bien content de ne pas l’avoir perdu, parce que même si on se faisait chier souvent, elle était important pour moi, elle comptait, toujours, mais plus de la même manière. Des fois, j’dis qu’elle m’a rendu gay. Ça m’amuse. J’ai soupiré. Bon, ben j’allais y aller ce soir. Ça avait intérêt à être bien… Oh, et puis je trompais personne, j’avais pas mieux à faire de toute façon. Plus que trois quarts d’heure avant la libération. J’suis retourné dans la salle ou le brouhaha m’envahit aussitôt. Elle prit mon bras et souriait de toutes ses dents, j’avais ri à son exclamation de joie quand elle avait vu que j’avais fait un effort pour m’habiller. Je ne l’avais pas fait pour elle, en fait, mais pour… Non, ça sonnait trop niais à dire, si je disais que j’avais essayé de bien m’habiller parce qu’Andreas serait peut-être là. Ça ferait le pauvre type désespéré, prêt à tout pour avoir un peu d’attention de la part du mec qu’il aimait. Oubliez ça. C’était pas mon genre. Pas du tout, même. Le rythme des basses me fit vibrer les oreilles et j’avais l’impression que mon cerveau allait sortir de mon crâne, j’étais un peu trop jeune pour mourir. Mais bon, c’était le deal en soirée, surtout du côté Carefree, shame on me d’aimer la musique calme. Des gens étaient déjà là, buvant, riant, je reconnus certaines personnes. Liberty me lança un regard et salua la foule comme la reine d’Angleterre à son jubilé, j’explosai de rire comme un con. « Te manque 105 ans de plus et t’es crédible à fond là. » à mon tour je fis une révérence aux quelques personnes de ma connaissance que je croisai. Oh, au pire, me foutre la honte, j’avais l’habitude. Et puis sinon j’allais me faire chier toute la soirée, boire comme un trou, conduire bourré avant de m’écrouler dans mon lit chez moi. Enfin, s’il n’était pas là. Mais je préférais ne pas y penser, car pour l’instant, aucun signe de lui. Dommage. Non, tant mieux ! Qu’est-ce que je racontais ? Fuck. Je sortis une bouteille de champ' de dessous mon manteau, que j’avais volé au boulot. « Oh, t’es le meilleur. En plus il doit coûter plus cher que tous les loyers d’ton immeuble en ruine réunis. » « Chut et bois au lieu de faire la maline. » La brune m’arracha presque la bouteille des mains avant de descendre le liquide pétillant en moins de deux. « Hé bois pas tout, gorge profonde ! » je lui repris la bouteille avant de boire à mon tour. Fallait pas déconner, c’était pas que j’avais risqué mon job en volant cette bouteille mais… Bon, si, en fait. Puis j’avais mérité d’me bourrer la gueule ce soir. J’en avais pas spécialement envie. Mais j’en avais comme besoin. La bouteille fut finie en quelques secondes, bon fallait dire que Lib m’avait pas laissé grand-chose. On en a prise une autre sur le bar improvisé, routine habituelle des soirées de débauche, au pire je finirai sous la table. « Et là tu vois le mec il commence à faire le chaud avec moi et tout, genre BG. Et il me sourit, et j’vois il a une dent sur cinq… J’étais like what the fuck ? J’peux te dire que j’me suis cassée comme une vieille belette. » J’étais toujours mort de rire quand Liberty me racontait ses mésaventures, les mecs qui la draguaient dans la rue ou ailleurs, j’me lassais jamais cette fille en fait. Ouais, elle m’avait manqué. Autour de nous, la fête commençait, nous étions sur la piste, dansant, mais pas trop, pour pas faire con. J’avais jamais honte de rien, et je savais danser, mais j’avais juste pas envie de ressembler aux trois quarts des gens autour de nous, qui se trémoussaient comme si y’avait pas de lendemain. Y’avait toujours un lendemain, et j’étais pas encore assez torché pour oublier cela. Tout à coup, sans prévenir, je sentis une présence derrière moi. Pas n’importe laquelle. Une voix grave, rauque, chuchota dans mon oreille. « Salut toi … » Liberty sourit tendrement, en mode « oh mon bébé a une touuuuche » et elle forma silencieusement sur ses lèvres « j’vais vous laisser », sans que j’ai le temps de dire un mot, elle se cassa à toute vitesse vers une des tables présentes, voir d’autres potes à nous. Mais j’avais oublié les autres, j’avais oublié la musique, l’alcool que j’avais déjà ingurgité, j’avais même oublié Liberty. Andreas venait d’arriver, et un sourire persista sur mon visage, sans que je puisse rien y faire. Je lui fis face, et ses lèvres se posèrent doucement dans mon cou. Oh god, laissez moi mourir. En fait, j’aurais vraiment pu mourir, là, maintenant. Je n’avais besoin de rien de plus que lui… Ça semblait con à dire. Ça l'était, totalement con, j'étais totalement con. Et je réprimai un frisson alors que nous ondulions tous deux au rythme de la musique bon marché. Peu importe la musique de toute façon, c’était lui qui comptait. « J'savais pas que tu viendrais ! » me dit-il à l’oreille, couvrant presque le bruit assourdissant de la musique qui nous entourait. Ce putain de sourire ne voulait pas disparaître, j’devais arrêter, j’devais avoir l’air d’un putain d’imbécile heureux, putain je dis trop putain. J’pouvais pas paraître trop content de le voir, même si j’attendais ça depuis le début de la soirée. Ça fonctionnait comme ça entre nous, c’était à celui qui prouvait le moins de choses à l’autre. Des limites, des barrières. Nous n’étions pas amoureux. Du moins, il ne l’était pas, je le savais. Moi, si, mais je ne le disais pas. Tout simplement. Hors de question de passer pour l’amoureux transit, même si la plupart du temps c’était moi qui rampais. Hors de question qu’il sache que je ne pouvais pas me passer de lui et que je pensais à lui tout le temps. Il se sentirait bien trop important. Déjà qu’il avait la tête comme vingt melons. « Ben en fait, j’ai… » « Héééé, mais c’est pas ma pute préférée ? » Un type blond avait posé sa main sur l’épaule d’Andreas, nous rejoignant sur la piste. Il était indéniablement beau, ses cheveux blonds faisant ressortir ses yeux bleus, son tee shirt hors de prix jurant avec ses pompes de marque. Et il regardait Andreas comme on regarde un gâteau appétissant dans la vitrine d’une boulangerie. J’avais envie de lui péter sa gueule parfaite. Andreas se détacha de moi, jaugeant le mec du regard. Blond de la mort se pencha à l’oreille d’Andreas, prononçant quelques mots que j’entendis très distinctement. « Je tenais encore à te remercier pour cette nuit. C’était vraiment sympa, il faudrait se refaire ça un de ces jours. » Et il lui sourit, encore. Un sourire satisfait, complice. J’allais DÉFINITIVEMENT lui PETER LA GUEULE. On verrait si il allait être toujours aussi sûr de lui après un ou deux poings dans la tronche… Ainsi donc, ils avaient couché ensemble. Bien. Je n’étais pas jaloux. Du tout. C’était pas mon genre. BREF PASSONS. Respire Maxime, respire. Le mec se retourna vers moi, s’apercevant enfin de ma présence, son regard hautain passa de mes cheveux en bataille à mes converses usées jusqu’à la corde, et il émit un petit rictus de supériorité. Dieu qu’il m’énervait. « Et... toi, tu es… ? » « Parti. » eu-je réussi à dire, serrant la mâchoire pour éviter de lui balancer une connerie bien placée. Pour qui il se prenait ? Il pensait « mériter » Andreas plus que moi, parce que j’étais une espèce de pouilleux ou que savais-je encore ? Il se trompait. Personne ne méritait Andreas, parce qu’il était trop bien pour tout le monde… Bien sûr, ça, je ne lui dirai jamais. En moins de deux, je laissai le bouclé avec sa nouvelle chérie, m’affalant sur une chaise côté de Liberty, non loin de là. « J’ai besoin d’un verre, d’une bouteille, n’importe quoi, j’ai soif tavernière. » Je me sentais exténué, vidé, comme si on m’avait lavé de toutes mes émotions. Et je ne voulais rien ressentir, après tout. Ça faisait trop chier de ressentir des trucs. Liberty rit doucement et me passa une bouteille de vodka à moitié pleine. « Ta préférée, pure mon chou. » « Tu me connais tellement bien. » Je portai le goulot à mes lèvres, fermant les yeux. Je ne voulais pas voir les gens sur la piste, surtout pas lui, surtout pas eux. J’étais sûr qu’ils dansaient ensemble, peut-être même qu’Andreas le ramènerait chez lui, qu’ils remettraient ça. Je me sentais mal, oh j’allais me sentir mal. Je reposai la bouteille, soupirant, le goût de la vodka me brûlant la gorge, mais au moins je sentais mes pensées négatives me quitter au fur et à mesure que l’alcool coulait dans mes veines. Oublier, c’était mieux. Oublier.
MAXEAS - A force de se tordre, on en finirai par se mordre. A quoi bon se reconstruire quand on est adepte du pire ?