cool story, bro.

« NINOU DESCEND DE CETTE CHAISE TOUT DE SUITE... NON NE RENVERSE PAS TON BOL DE CHOCAPICS RO. NOOOOON PAS DANS LE NEZ !!! » (je vous présente ma nounou, la meilleure amie de ma mère, 34 ans et déjà presque chauve) Ne vous fiez pas aux cris de cette vilaine sorcière, j'étais une enfant sage, gentille et a-d-o-r-a-b-l-e. Faire des bêtises ? Trop peu pour moi je préférais regarder Bob l’Éponge. Ça devait être l'influence de ma démoniaque de cousine. J'ai grandi avec elle en quelque sorte, c'était mon tout mon toit, toi toi mon toit. En tout cas elle représente une bonne partie de mon histoire. « NIRVANA MELODY JACKI LOLA FICH, files au coin méchante fille. Et toi aussi Cici. Vous êtes privées de goûter. » Rien de pire pour deux gosses de 7 ans que d'être privée de goûter, c'était la fin du monde, toute la maison qui s'écroulait sur ma tête. Du coup on lui a fait la misère. Depuis ce jour là, on ne l'a plus jamais revu. De toute manière je préférais quand c'était mam's qui nous gardait c'était pas cool les jours où elle travaillait. Enfin dans un sens si, on allait chez mon oncle par alliance (grosse histoire que je ne comprends toujours pas, les histoires de famille c'est toujours les pires) et là c'était la shtroumph party. M'enfin je ne vais pas m'attarder sur mon enfance, j'ai pendant toutes ses années était très heureuse.

« Cool mon pote, c'est pas Brownie qui t'as volé ton pet', tu viens de le fumer. » C'était ça ma nouvelle vie, j'avais grandi, je me faisais appeler Brownie par mes nouvelles colocataires. J'avais quitté le Mexique après le départ de ma mère pour la Chine pour aller vivre chez ma cousine et sa mère hippie. La grande vie d'une peace and love. Une belle aventure. « Cici bouge ton boule, on part pour les USA. » Comment vous résumer mon adolescence ? Un road trip. Les pays me fascinaient tellement, j'aimais quand on partait dans le van rose et vert fluo, ça c'était la liberté. Je suivais tout de même des cours en correspondance, ma mère me répétait souvent que l'école c'est important pour avoir des diplômes et des sous. Je vivais une vie différente loin du train train debout 7h, école, goûter, supo et dodo. J'avais des nouvelles de ma mère de temps en temps, elle me disait souvent qu'elle allait rentrer au Mexique, qu'elle voulait revenir près de moi sa fille... mais non. Je pouvais encore attendre pour qu'elle revienne. « Un jour on ira s'installer toutes les deux dans un autre pays en Europe, vivre des aventures de ouf, tu sais comme monter dans un métro par exemple. » Je l'aimais beaucoup ma cousine mais parfois qu'est-ce qu'elle pouvait avoir un sens de l'humour pourrav', enfin elle arrivait toujours à me redonner le sourire quand j'avais des coups durs. « Je te promets qu'un jour on prendra le métro, tu pourras réaliser ton rêve. »

« OH MON DIEU. Maman vient de se marier avec un chnok' bouddhiste qui n'écrasera jamais les araignées de ma chambre et en plus elle revient au pays. J'vais partir vivre avec les ours ou encore mieux me gaver de chocolat et fuguer dans la forêt. C'est pas cool. » J'avais du faire ma boude pendant une bonne semaine sans adresser le moindre mot à ma mère. C'était mon record, une semaine sans parler c'est quand même une dure affaire à mener, mais j'avais vaincu dieu en est témoin. « Arrête de bouder, tu fais encore pire que quand tu loupais un épisode de Totally Spies. » « Mes actes on du sens au moins. » Mon mode de boudage ? Je restais assise sur la chaise en regardant de travers mon nouveau beau père et en croisant les bras. Prenez s'en de la graine. J'ai mis beaucoup de temps à l'accepter, le plus dur à digérer c'était surtout le fait qu'ils se soient marié sans moi, comme si je n'étais pas la personne la plus importante dans la vie de ma mère mais bon avec le temps on apprend à connaître une personne et ce chinois n'était pas un chinois comme les autres, c'était le chinois. Finalement elle était assez bien tombée, il était gentil, mo... très gentil et il avait pas mal d'oseille monsieur le jesaisplusquoi de Pekin. C'est grâce à lui qu'on a quitté le Mexique pour l'Angleterre. Passer du soleil frappant au -8000 en été, ça c'est la vie.

Brighton me voilà. Pour un changement de vie, ce fut un gros choc émotionnel. Le changement climatique, les nouvelles têtes, ma nouvelle place au lycée. Aller en cours, s'asseoir sur une chaise pendant 8 heures sans bouger à se concentrer sur une personne qui parle et qui parle et qui parle. Pour passer le temps à chacun sa méthode, moi je martyrisais mon voisin de classe. « Tiens, ça s'appelle un déodorant, au Mexique même les garçons en mettent tu vois, c'est histoire de capturer les vilaines odeurs qui sortent de ton petit corps. Vu que tu ne connaissais pas, je t'apprends. Ne me remercie pas. » Moi une vilaine garce ? Non jamais, lui c'était une exception, ce n'était pas sérieux, c'était un peu comme notre manière de communiquer et à ce jeu là j'avais un adversaire de taille. « Tu veux un chewing gum ? Non ? Dommage parce que tu pues de la gueule. » C'est aussi pour ça que je l'aimais bien mon petit camarade de classe (mon premier ami en passant), on rigolait bien ensemble à envoyer des petits mots aux autres camarades du genre : « Brad m'a parlé de toi, il m'a dit que t'étais moche et que c'était (pas spoiler) alias Gossip Girl mais de pas te le dire. » Finalement le lycée c'était plutôt l'éclate, surtout cette première année avec mon compère de galère. Autant que dire qu'on s'était trouvé une passion en commun : faire chier le monde est à nous deux on dominait la cafétéria du lycée, la puissance incarnée.

I've got the power (de la cafétéria), certes, mais j'avais pas le power avec les garçons. C'est vrai j'ai jamais trop eu de chance, les garçons normaux ne m’attiraient pas plus que ça. Ce que je préférais moi c'était les garçons efféminés. Je suis bizarre je sais, mais l'amour est con parfois. Je suis tombée amoureuse du garçon le plus sexy de la planète, j'avais l'impression d'avoir 12 ans quand il s'approchait de moi. Sérieusement. J'avais l'impression qu'il y aurait pu y avoir quelque chose... sauf qu'il est gay. « Je suis la fille la plus frustrée amoureusement et sexuellement parlant. Je crois que je vais hiberner et me gaver de mikado jusqu'à mes 43 ans. » C'est frustrant mais c'est excitant. Vous connaissez l’inaccessible ? Moi je le connais, c'est le fait d'être sous le charme d'un mec qui ne regarde même pas les filles. C'est de vouloir attirer l'attention de ce garçon en sachant pertinemment que je n'ai aucune chance avec lui puisqu'il n'aime pas les filles. Finalement tu prends sur toi, tu gardes toutes tes envies uniquement pour toi-même et tu retiens tes pulsions quand tu le croises (tous les jours) au lycée puisqu'il est dans ta classe. Vie de merde. « Il ne te regarde pas parce que t'es moche, c'est tout. » On a toujours besoin d'un bon ami pour te remonter le moral pendant une peine de coeur... C'était mon meilleur ami.

Voilà vous connaissez ma vie, un passé sans aucune ombre au tableau, un futur pas encore dessiné, je pourrais peut-être me reconvertir en sauveteuse avec le maillot de bain rouge à la Alerte à Malibu (parce que oui pendant les vacances d'été je m'improvise maître-nageuse et c'est bien) ou alors en battante pour la cause des baleines en Alaska, du mariage pour tous ou encore devenir l'animatrice du Gay Pride de Brighton. Parce que oui j'habite toujours à Brighton, toujours chez mon beau-père aux yeux fermés quand il rigole et je suis toujours au lycée dans la même classe que mon amoureux gay mais secret. Bref, c'est moi Nirvana.

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