Ouvrant les yeux, Ellen mit un peu de temps à comprendre où est-ce qu'elle se trouvait. Ce n'était pas chez elle, ni chez JJ, mais chez quelqu'un d'autre. Endroit qu'elle connaissait déjà et dont il lui fallut quelques instant prendre conscience de chez qui elle était véritablement. Elle ferma les yeux puis les rouvrit à nouveau. Passant une main sur ses paupières, elle tourna ensuite légèrement la tête pour observer la personne présente à ses côtés. De dos, elle pouvait observer son corps dénudé et ses jolis bouclettes présent dans ses cheveux. Inconsciemment, elle eut un léger sourire et resta pendant quelques instants sans rien dire à contempler Kyllian. Elle aurait voulu aller se blottir contre lui, mais c'était comme si quelque chose la retenait. Comme sielle ne prenait pas réellement conscience de la chose qui lui arrivait. Dans le silence le plus total, elle profitait du calme qui régnait, profitait de cet instant de délice, de béatitude, qui était présent.

Au bout de quelques minutes, la jeune femme prit enfin conscience que le sommeil n'allait pas l'atteindre de nouveau. Alors, elle décida de se lever. Essayant d'être le plus silencieuse possible, Ellen prit la couverture et la mit autour de sa taille avant de partir dans la cuisine. A force, elle connaissait la maison de Kyllian, mais étrangement ce jour-ci, elle la trouvait quelque peu différente. Comme si une odeur différente régnait, comme si un autre sentiment était présent. Sans se gêner, elle ouvrit les placards où elle en sortit une tasse et décida de se servir un café. Une fois installée, elle mit sa tête entre ses mains et resta pendant quelques minutes ainsi. Aucun mal de tête n'était présent, la jeune blonde ne se rappelait pas non plus avoir été bourré. Elle se rappelait juste avoir vécu une magnifique soirée, où la peur que des clowns ou des poupées ne viennent la voir pour la fin du monde, avait été chassé. Relevant la tête, elle but une gorgée de café, avant de se lever, tasse à la main et d'aller sur la balcon. L'air frais lui frappa de plein fouet le visage et ses épaules dénudées. Ellen n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, elle n'avait aucune idée non plus si JJ l'avait harcelé de message pensant que son amie s'était suicidé. Autre chose obnubilait son esprit. En effet, la jeune femme ne cessait de se remémorer la soirée, pensant que peut-être la fin du monde avait été plus satisfaisante que désastreuse.

Bien qu'il était vrai que cela allait arriver. Il était vrai que le jour où Kyllian et Ellen allaient coucher ensemble allait se produire. Malgré tout les efforts pour contourner, éviter, ralentir ce moment. La tentation avait été plus forte que tout. Oscar Wilde avait peut-être raison. Lui qui a dit que le meilleur moyen de résister à la tentation était d'y céder. La jeune blonde qui avait tout fait pour éviter que ses pulsions, ses affects soient maître d'elle et que son désir d'embrasser Kyllian soit assouvi ; avait peut-être échoué. Pourtant, elle ne regrettait en aucun cas cela. Au contraire, la soirée du vingt et un, deux mille douze était devenu la plus belle à ses yeux. La plus magique, la plus extraordinaire. Celle où certaines filles auraient sûrement aimé être à sa place. Elle, elle en gardait une magnifique souvenir. Le genre de souvenir qui serait toujours présent dans son esprit, dans sa mémoire, quelle que soit les circonstances.

Buvant une autre gorgée de son café, Ellen finit le liquide d'une traite avant de regarder la vue que lui offrait le balcon. Le quartier de Carefree était visible. Sur les trottoirs il y avait des sans-abris, des drogués ou des personnes qui venaient de sortir de boîte. Les illuminés croyant à la fin du monde avaient dû sûrement se suicider avant que le soleil ne soit totalement levé. Ne se préoccupant pas du vent qui se levait et qui commençait à lui frapper sauvagement le visage, Ellen observait les immeubles devant elle puis quelquefois elle baissait le regard pour rester quelques instants sur un visage inconnu, qui avait le visage fatiguée signe d'une courte nuit. Depuis qu'elle s'était mise à la photo, la jeune femme avait beaucoup plus tendance à passer du temps à observer silencieusement des personnes, des paysages. Se demandant avec quel angle la photo pourrait être magnifique, où alors comment est-ce qu'elle pourrait mettre telle ou telle personne en valeur, tout en la laissant dans son milieu naturel. Étrangement, cette passion de la photographie avait réussi à la faire sortir de l'inertie de sa légère dépression. Inertie qui avait été causé suite à l'arrivée des fêtes et après qu'elle se soit rendu compte qu'elle était tout aussi minable que sa mère. Ce qui la faisait évader loin de cette dépression qui était en elle, de ses soucis, de ses légers chagrins, c'était aussi Kyllian. Depuis qu'elle l'avait rencontré, Ellen n'avait cessé au début de résister à l'envie d'être avec lui, mais plus elle l'avait découvert, plus elle s'était sentie bien à ses côtés. Bien que la peur de l'amour sommeillait toujours en elle.

Posant la tasse sur la petite table basse présente, Ellen s'appuya ensuite contre la barrière. Elle ferma un instant ses paupières, trouvant que l'air frais et glacial était plus purifiant qu'autre chose. L'angoisse d'être malade à cause de cela ne lui venait guère à l'esprit, bien qu'elle commençait à ressentir un légèr tremblement lié au froid parcourir ses membres. Resserrant le drap autour d'elle, la jeune blonde garda toujours les paupières fermées. Perdue dans ses pensées, elle sentit soudain un bras se resserrer autour de sa taille. Elle posa sa main sur celle du jeune homme, avant de rouvrir doucement les yeux. Puis, elle tourna la tête vers Kyllian, un sourire dessiné sur ses lèvres, et plongea ses yeux dans les siens. Des yeux bruns voir même noisette en accord avec ses bouclettes présentes dans ses cheveux. Ellen trouvait que le jeune homme dégageait quelque chose qu'elle ne savait expliquer. Ses yeux descendirent ensuite sur les délicates lèvres de Kyllian où elle déposa un baiser. Et sans dire un mot elle se blottit ensuite dans ses bras, essayant de trouver de la chaleur et de combattre le froid qui commençait à l'envahir. Elle finit par s'exclamer, d'une voix douce, cherchant presque ses mots. « Merci de m'avoir fait passé la plus belle soirée de fin du monde. » Peut-être que cela était stupide, mais étrangement pour elle, ce n'était pas le cas. N'ayant été presque jamais éduquée, la jeune blonde remerciait rarement quelqu'un, sauf quand l'occasion se présentait, comme c'était le cas ici. Puis Ellen leva de nouveau la tête et observa encore le visage du jeune homme. Un frisson parcourut ses membres, et instinctivement elle grelotta. Mais, elle ne bougea pourtant pas, se sentant bien dans les bras de Kyllian. Toutefois, au bout de quelques secondes à grelotter, elle finit par dire comme si c'était une évidence, devançant sûrement le jeune homme qui pensait peut-être la même chose. « On devrait peut-être rentrer au chaud non ? » Et la jeune blonde le regardait avec cette expression séduisante, mais attachante qui lui être propre à elle même.