« Oh les cassos, fermez vos gueules, y en a qui bossent ! » Bonjour la délicatesse, je sais. En même temps, c'est vrai qu'on ne peut pas se concentrer cinq minutes avec ces deux débiles à côté. Elles, ce sont mes sœurs. Mes grandes sœurs. Des jumelles en plus alors je ne vous raconte pas l'histoire. Je les aime de tout mon coeur. Je ne sais pas le leur dire, mais je vous jure que c'est vrai. En attendant, qu'est-ce qu'elles peuvent être chiantes mais c'est pas vrai ça. « La ferme bébé face de rat et va jouer ailleurs ! » J'écarquille les yeux. Mais c'est qu'en plus elle se foutrait de ma gueule. Celle-là, c'est Sly. Elle, elle est nymphomane et droguée jusqu'à la moelle. Si, je vous jure. « Ouais ben l'intello de service, s'il est pas content, il va voir ailleurs si on y est, na ! » Je reste bouche bée. La seconde, c'est Liberty. Une vraie biatch accroc au LSD. Je vous jure que mes sœurs sont des cas sociaux de haut niveau. Et pourtant, elles sont toutes ma vie. Oh, ça n'a pas toujours été comme ça, il faut bien que je l'admette. La vie parisienne était bien plus agréable. On était plus détendus je trouve. Il ne faut pas croire, les LSD ne sont pas nés à Brighton, bien que cela pourrait prêter à confusion. Notre vrai repère, c'est Paris. Enfin, Montmartre plutôt. Là-bas, tout était si différent, si parisien. Je crois que je me suis toujours senti chez moi là-bas. J'y avais mes habitudes, mes rituels. Ouais, enfin, c'est vite dit en fait. Surtout quand on sait que j'ai quitté la France à l'âge de neuf ans. Mais faut pas croire, j'étais déjà un petit môme bien accompli. La tête de la famille. L'intello de service. Là-dessus, Liberty n'a pas tord. Je crois que j'ai hérité de toute l'intelligence familiale. Il faut bien avouer que mes sœurs ne sont pas douées. C'est vrai quoi, il n'y a qu'à voir comment elles ont fini. L'une est une prostituée et l'autre, la chanteuse libertine et droguée d'un groupe de jeunes gens dérangés. Oui, j'aime mes sœurs. On ne dirait pas comme ça, je sais et pourtant, c'est le cas. Elles sont tout pour moi. Enfin ça, le premier qui ose le répéter, je le décapite. J'aurais pu tomber bien plus mal cela dit. Il est vrai qu'on s'envoie balader à longueur de temps et que l'on pourrait croire que c'est la guerre froide. Cependant, je peux compter sur elles n'importe quand et c'est ça qui est génial. Et c'est valable dans l'autre sens aussi. Il faut bien que quelqu'un de censé veille sur ces deux greluches incontrôlables quand même. Je suis le premier fan du groupe de Liberty. Ouais parce qu'elle déchire sur scène, je ne pourrais pas trouver d'autre mot. Ma frangine, c'est un espèce de boulet de canon je vous le jure. Quant à Sly, elle, on l'aime pour ce qu'elle est, faut pas chercher plus loin. J'ai décidé de me barrer de la maison familiale, comme elles l'avaient fait. Ne me demandez pas pourquoi, je cherche encore la réponse. D'un côté, être séparé de ces deux-là, c'était impensable. On a vécu tellement de choses tous les trois que de me retrouver tout seul avec les vieux, c'était même pas gérable. Et puis, d'un autre côté, je crois que j'avais un grand besoin de m'aérer la tête. Sortir de la route, faire des écarts de conduite. Être le petit bijou de la famille, ça va bien cinq minutes. Alors oui, je les ai fait chier jusqu'au bout mais elles ont craqué, je le savais, j'en étais persuadé, elles craqueraient. Je vis avec elle et je fais ce que je veux. Le pied total. Bien sûr, chez les LSD, il y a forcément un moment où quelque chose cloche, chez tous les membres de la famille. Je ne pouvais donc pas y échapper, c'était écrit. Oh, je continue de suivre mes cours, là n'est pas le problème. Le truc, c'est que les jumelles déteignent sur moi. Je me défonce, je baise à tout va. Oui, qui l'aurait cru ? Et puis merde, j'ai dix-huit ans, il faut bien que je découvre la vie non ? « Vous m'faites vraiment chier ... » Je soupire et je rallume ma cigarette avant de me replonger dans mes calculs. « Détends-toi mini biatch et viens fumer autre chose que ta vieille cigarette roulée à l'arrache. » Proposition très intéressante. « Alleeeeeeeeeeeeer viiiiiiiens » Oui, Sly est franchement désespérante des fois. Je lève les yeux au ciel et j'accours. Parce que oui, ce serait mal de refuser une telle proposition.

« T'es sérieuse là ?! Andreas ?! Really ?! » Elle me regarde avec ses yeux de merlan frit. J'hallucine, ça peut pas être vrai tout ça. Elle n'a même pas besoin de confirmer ce que je savais déjà au fond. Je ravale ma salive avec difficulté et préfère cent fois tourner les talons en direction de la sortie de l'appartement. « J'suis désolée Lloyd, j'te jure ... » Je m'arrête, la main posée sur la poignée de la porte. Je me mords la lèvre inférieure. Tais toi Lloyd, tais toi. Arrête, ne fous pas tout en l'air, tu le regretteras. Oh et puis merde, j'en ai marre de fermer ma gueule all the time. Elle a déconné, elle doit savoir que ça me fait mal. « Désolée ?! T'es désolée ?! Ah ouais, forcément, là, ça change tout ! » Je me retourne vers ma grande soeur. Oh oui, on s'est déjà pris la tête, plus d'une fois même, mais là, c'était différent, plus violent, plus froid, moins coupable. « Putain Liberty, tu te rends au moins compte du mal que tu fais ?! T'as pensé à Maxime quand tu baisais avec son mec ?! T'as pensé à moi quand tu baisais avec le type que j'prenais pour un putain d'ami ?! Alors t'es mignonne, mais tes excuses, tu peux te les foutre au cul, j'en veux pas. » Elle reste bouche bée un instant. Je crois n'avoir jamais été aussi en colère que ce soir-là. « Ah oui, c'est sûr, je suis la seule fautive dans l'histoire et le pire, c'est que tu crois que j'ai fait en sorte qu'il le fasse rien que pour tromper Max et pour te rendre malade de me voir comme une putain ! » J'arque un sourcil. « Ok, là, je t'arrête tout de suite Lib. J'ai jamais dis que t'étais la seule fautive et crois-moi, lui aussi il va morfler. En attendant, toi, t'as aucun scrupule à foutre en l'air ton meilleur ami, c'est bien. T'es la meilleure dans le domaine de la tricherie. Bravo. Fière d'être une LSD, hein ? Putain, c'que j'aimerais changer de nom, là, maintenant, tout de suite. J'peux cautionner, j'peux encaisser beaucoup de trucs mais ça, tu vois, c'est vraiment la chose qui me donne envie de vomir par excellence. T'es une salope Liberty et je pense que c'est pas la première fois qu'on te le dit. » Sur ce, je tourne les talons et quitte notre appartement. J'ai regretté mes paroles dès l'instant où j'ai fermé la porte dans un claquement violent. Ce soir, je dormirais chez Jean. Il était hors de question que reste là, à faire semblant de ne pas avoir été blessé par la connerie de ma soeur en plein corps à corps avec un ami. Même pas en rêve.

« Salut babe ... » Je lève la tête et manque de tomber du canapé. « OH.MON.DIEU. » Elle me jette un coussin à la figure. « Je t'emmerde sale biatch. » J'éclate de rire avant de me relever et d'aller lui servir une tasse de café tout juste fait. « Sérieux, t'es pas belle à voir S ... » Elle soupire et se laisse tomber sur le canapé. Je lui tend sa tasse et viens me poser avec plus de délicatesse sur le canapé, juste à côté d'elle. « Je t'emmerde doublement ... Mais merci pour hier soir ... » Un petit sourire en coin et je pousse un soupire. « Ouais, d'ailleurs, en parlant de ça ... Je sais que tu viens de te réveiller mais on a pas vraiment beaucoup de temps. » Je grimace. Faire tourner les parents en bourrique, c'est bien beau, mais en attendant, il fallait qu'on trouve une solution. Liberty en cure, il ne restait plus que Sly et moi et l'enfer qu'allaient nous faire vivre les parents. J'avais réussi à nous sauver la mise hier soir mais mon intelligence suprême ne suffirait plus à nous sortir du pétrin dans lequel on s'était fourrés. Ma soeur pose sa tasse sur la table basse, se tourne vers moi et s'installe en tailleur. « J't'écoute petit génie. » Je lui explique ce que j'ai réussi à faire la veille au soir. Nous avons jusqu'à la tombée de la nuit pour nous pointer chez les Spark et donner des explications à nos géniteurs. Sinon, nous sommes condamnés au goulag et encore, ce serait trop gentil comme sanction. Il fallait qu'on trouve un plan en béton armé. C'est pourquoi j'ai convoqué toute la fratrie pour une réunion urgente. Un problème de plus à gérer : faire tenir Marley et Jean dans la même pièce sans qu'elles ne s’étripent. C'était pas gagné d'avance. « Mec, t'as prévu de faire exploser l'appart en demandant aux filles de v'nir, t'es sérieux ? » Je grimace. Elle n'a pas tord. Le truc, c'est que j'avais besoin qu'elles soient là toutes les deux. On avait besoin de tous les cerveaux disponibles et entre ma petite amie et ma meilleure amie, j'étais certain de pouvoir trouver quelque chose qui passerait sans problème. « Je sais ... Mais tu sais aussi bien que moi qu'elles nous aideront certainement plus si elles sont toutes les deux ... On a pas l'choix là Sly ... » Elle réfléchis et finit par acquiescer. On sait tous les deux que j'ai raison. Il ne restait plus qu'à prier pour qu'on s'en sorte maintenant.

« JE SUIS RENTRÉE !!! » Ni une, ni deux, Liberty me saute dans les bras. Tomber par terre en deux secondes, j'adore. Ma soeur est tarée, je vous avais prévenus. D'accord, je l'avoue, il ne m'a pas fallu longtemps avant d'éclater de rire. On avait retrouvé l'appart et elle venait de sortir de sa cure. Je devais bien l'avouer, elle m'avait manqué. Et puis, elle semblait tellement mieux. Je ne sais pas, c'était peut-être juste une illusion, l'effet positif de sa sortie, l'euphorie de rentrer à la maison. Je ne saurais pas donner la bonne réponse. Passer du temps avec mes deux débiles de grandes soeurs, ce n'était pas du luxe et puis, ça m'avait manqué. Je n'arrivais pas à le leur avouer et pourtant, je les aime comme un malade. J'ai beau leur balancer tout un tas d'horreur à la figure, j'ai besoin d'elles pour avancer. Elles sont mes meilleures amies et mes pires ennemies à la fois mais putain ce que j'ai besoin de les savoir près de moi, tout l'temps, dans toutes les décisions que je prends, j'ai besoin de savoir qu'elles me soutiennent. Alors oui, s'il faut que je le dise, je vais le dire : je les aime.

« Oh Eve, j't'avais pas vu. » J'affiche aussitôt un immense sourire. Une petite beuverie comme on en fait pas ailleurs. J'ai voulu rentrer et j'me suis payé un petit bout de femme. Ouais, c'est ce qui arrive quand on ne regarde pas où on va. Eve, c'est genre la petite soeur que j'protège tout le temps, et souvent pour rien. Ouais, je sais, je compense de ce que je ne pourrais jamais faire avec les jumelles, so what ? Eve est aussi la petite soeur de Kyle alors forcément, j'en prends soin. Kyle était un grand frère à mes yeux, il faut bien que je fasse attention à baby v quand il n'est pas là. Bref. Je passe mon bras autour de ses épaules et je l'entraine avec moi à l'intérieur. Elle ne résiste pas, et ça, c'est encore mieux. Directement, on tombe sur Jake et là, un check perso et hop, le tour est joué. J'avoue que je ne fais pas trop attention à ce qu'il se passe avec miss Poynter puisque mes potes débarquent en groupe et hop, bonsoir et blablabla. Je récupère Jake et hop, on part faire les cons. Parce que ouais, ça, on sait faire mieux que personne. Je fume comme un porc. Je bois aussi. Oh et puis tiens, une charmante demoiselle. Aller hop, vient par là ma jolie. Bref. Le temps file à toute vitesse. Enfin ça, c'était avant que je vois Eve suivre un type chelou. Enfin, je l'ai déjà croisé mais il ne m'inspire pas grand chose celui-là, surtout vu comment il la mate depuis tout à l'heure. J'aime pas ça. Et puis, ils se cassent tous les deux. Oula mec, c'est le moment de se réveiller. Je les suis du coin de l'oeil jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision. Non mais attendez, je rêve où ils sont partis dans une chambre. Oh mon dieu. Tous mes sens sont en alerte. Elle n'avait pas l'air vraiment d'accord en plus. Ouais, ça pue toute cette histoire. J'avale mon verre cul sec, je fais tourner mon pétard et je jette proprement ma compagnie plus qu'appétissante. Merde, ils sont où au juste ? Je crois deux ou trois potes, complètement arrachés bien évidement, mais qui sont encore capables de me donner l'information que je veux. Je me pointe devant la porte fermée. Il ne m'a pas fallut longtemps avant de comprendre, à travers le boucan d'enfer qui règne autour de moi, que la brunette n'a absolument pas envie d'être là. Ni une, ni deux, j'ouvre la porte à la volée. Ce que je vois me fait redescendre d'un coup. J'hallucine, il essaye de la baiser. Oh putain. Qu'il dégage et vite de là sinon je le bute. « Hé mec, t'as pas compris ? Elle veut pas de toi, alors lâche-la de suite, vite fait bien fait, sinon tu vas te recevoir un joli poing dans ta face ! » Je l'attrape par l'arrière de sa chemise et le dégage de ma jolie poupée. Et puis quoi encore ? Il s'est cru chez mémé ou bien ? « Oké c'est bon, on va s'calmer. C'est pas ma faute si ta pote c'est une allumeuse. » Je le regarde de travers. Non mais il est sérieux lui ? Eve ? Une allumeuse ? Le mot de trop. Mon poing vient caresser sa joue. Jake m'avait suivit. Il avait compris que si je m'étais barré alors que j'étais en si bonne compagnie, c'est qu'il y avait quelque chose qui clochait. Et hop, un second coup de poing dans sa face d'arraché. Il part sans demandé son reste. Très bien, brave bête. Satisfait, nouveau check entre potes. J'aide ma petite poupée à se relever et, protecteur comme pas deux, je passe mon bras autour de ses épaules. Un regard entendu avec Jake. C'est décidé. « Aller viens, j'te raccompagne chez toi. A plus tard mec.! » Une fois sortis de la baraque, je lui donne un peu de liberté et fourre mes mains dans mes poches. Elle ne semble pas décidée à reprendre son souffle. Elle m'attrape le bras et refuse de le lâcher avant que l'on soit arrivés devant chez elle. Tu m'étonnes ! Attends, elle a juste manqué de se faire violer ! Tu m'étonnes qu'elle tremble de partout. « Lloyd... » Je connais ce regard, mais genre par coeur. J'attrape son visage entre mes deux mains. « Me remercie pas pour ça, c'est normal. Puis si tu veux savoir comment j'ai fait pour savoir où t'étais... Très simple, j't'ai surveillé. Le mec me paraissait louche, puis j'ai cru comprendre que t'avais pas très bien envie de le suivre. » Un sourire amusé sur le bout des lèvres, sans déconner, elle n'avait absolument pas à me remercier. Je veille sur elle, je l'ai juré à Kyle, je ne la lâcherais pas. « Si, Lloyd, j'insiste, laisse-moi te remercier pour une fois ! Et... S'il te plaît... Dis rien à mon frère, j'ai pas envie qu'il me fasse la morale, qu'il m'engueule ou qu'il s'inquiète. Cette histoire reste entre nous, oké ? » Je penche la tête sur le côté, poussant un petit soupire par la même occasion. Infernale c'te fille. « T'inquiètes, t'as ma parole, j'l'ui dirais rien. Mais s'il te plaît, essaye de faire un peu plus attention à toi. Bref, la princesse Eve est arrivé chez elle ! » Je dépose un baiser sur le haut de son crâne avant de lui faire une petite révérence. Ouais, d'accord, une grande révérence. Quoi ? Faut bien que je la fasse rire un peu. J'veux pas qu'elle repense à ça. « Promis et encore merci petite choucroute ! » Je la serre contre moi, elle dépose un baiser sur ma joue et file chez elle. Et dire qu'elle m'avait embrassé. Elle a un sérieux problème pour être tombé amoureuse de moi, sérieusement. Un sourire en coin, je fourre mes mains dans mes poches. Bon, c'est pas l'tout, mais j'ai une soirée qui m'attend moi !

« Allez, Jean, le prend pas comme ça ! » J'avais l'air très con quand on y repense. Elle était là, juste devant moi et au final, tout ce que j'avais trouvé à lui dire, c'était cette phrase ridicule. Non mais quel imbécile. Un véritable crétin. Pire que ça même, un abruti fini. Jean, c'est ma meilleure amie. C'est vrai qu'on a toujours été très proches. Enfin, ça, c'était avant que je dérape en allant vivre avec mes deux tarées de frangines. Depuis que je fais n'importe quoi, elle essaye de me faire ouvrir les yeux, de me faire prendre conscience du potentiel que j'ai - que ce soit en danse ou dans mes études. Ma meilleure amie, c'est vraiment la meilleure de toutes. Je ne la changerais pour rien au monde. Et pourtant, je sais que je la perds un peu plus chaque jour. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt mais je suis trop con, je ne trouve pas d'autres mots. Elle avait les larmes aux yeux et ça me foutait en rogne de la mettre dans cet état. Je ne voulais pas, je vous le jure. Je serais incapable de lui faire du mal, pas à elle. Et pourtant, j'étais la dernière des ordures. « Ce qui me fait le plus mal Lloyd, c'est d'être là, avec et pour toi, et de me rendre compte qu'au final, je ne te manque même pas. » Et aller, prend ça dans ta face crétin. En même temps, je l'avais mérité, c'était certain. En fait, depuis que je suis parti chez les jumelles, je l'ai complètement zappé et je m'en rends compte que maintenant. Bonjour le débile profond. « Jean je ... » La vérité, c'est que je n'arrivais même pas à trouver les mots. Moi qui avait réponse à tout, je ne savais même plus quoi dire. J'ai beau avoir une pêche d'enfer, être le petit rigolo de la bande, faire n'importe quoi et baiser tout ce qui bouge, mais là, je me retrouvais comme deux ronds de flanc devant ma meilleure amie. Oui, parce que ce que je ne vous ai pas dit, c'est qu'elle est la seule à me rendre tout bizarre. Je ne sais pas vraiment ce que c'est, je ne saurais pas mettre de mots sur ce que je ressens. Je ne connais pas ce sentiment étrange. Si je la perd, c'en est fini de LSD junior. Et ça, jamais je ne pourrais pas le laisser faire.

« Bon, à quel heure tu te la choppes ?! » Sly se pose contre moi, complètement arrachée. Obligé de la soutenir sinon elle se vautre comme une crêpe et j'ai pas l'intention de me retrouver le cul par terre. « J'avoue, tu baves Lloyd ! » Liberty s'appuie à moi de l'autre côté. Entouré de mes deux déchets de sœurs, je vais finir par crever, aidez-moi. Et puis, c'est quoi cette histoire, j'bave pas ? Qu'est-ce qu'elle dit elle encore ? Le réflexe le plus con de la terre fut de m'essuyer la bouche du revers de la main. Et les voilà parties dans un fou rire super gênant. Je les déteste ? Nan, même pas en rêve. D'accord, là, sur le coup, je ne les aime pas beaucoup. Je me contente de levers les yeux au ciel avant de m'éclipser et de les laisser dans leur délire. Je déteste quand elles font ça, elle me font littéralement péter un câble, c'est dingue ça. Bon et bien, finalement, elles avaient raison les gueuses. Ouais, j'me tape Marley, so what ? Enfin non, je ne me tape pas Marley, je sors avec Marley. Ok, là, c'est de plus en plus étrange. Je me suis casé les gars, ça mérite au moins la bouteille de champagne la plus chère que vous puissiez trouver non ? Et le mieux dans tout ça, c'est qu'elle me fait ressentir des choses que je n'ai jamais ressenti avant. Vous savez, cette impression de manque quand elle n'est pas là, cette envie de ne jamais la quitter, de toujours l'avoir dans mes bras. L'impression de ne voir qu'elle, tout le temps. Gosh, elle a fait de moi un petit être niais et sans cervelle. Oh mon dieu. D'accord, en temps normal, j'aurais pris mes jambes à mon cou mais là, j'peux pas. C'est Marley, j'peux pas la laisser m'échapper comme ça, j'ai pas l'droit. Et puis, avec Marley, c'est tellement différent. Elle est différente de toutes les autres filles. J'ai pas juste envie de la sauter et de la dégager. J'ai pas juste envie de m'en servir comme jouet. D'ailleurs, depuis que je suis avec elle, je me suis restreins, juste à elle. Si c'est pas beau ça quand même. Et puis, il s'est aussi passé un truc super étrange. Elle m'a fait prononcer les trois mots, les sept lettres. Je les ais dit. Et le pire dans tout ça, c'est que je les pensais ! Oh mon dieu, cette femme aura ma peau ! J'en ai carrément zappé ma meilleure amie, mise à l'écart presque volontairement même si je ne voulais pas considérer cette éventualité. Je ne voulais pas voir que j'étais capable de lui faire du mal et pourtant, j'ai réussi. J'ai délaissé Jean au profit de ma petite amie. En plus, comme si c'était déjà assez simple, elles ne peuvent pas se voir en peinture, si c'est pas génial ça. La prise de tête, j'vous jure ! Enfin, entre les deux, il y avait Mia, il y aura toujours Mia. Mon échappatoire à toutes ces tensions inutiles. Une bouffée d'oxygène lorsque l'air commençait à être irrespirable. Et puis, il y a eu cette fameuse soirée. Trop d'alcool, pas assez d'elle, trop d'ELLE. Ouais, j'ai embrassé Jean. J'ai merdé, mais alors complètement. Et puis d'ailleurs, c'est pas moi qui l'ai embrassé. ON s'est embrassés. J'suis pas l'seul fautif dans l'histoire, faut pas l'oublier surtout. Bref, ça a été le drame du siècle. Un truc monumental. Juré, j'ai cru que j'étais le pire enfoiré que toute la planète ait jamais rencontré. Ca a prit des proportions assez surréalistes d'ailleurs. Enfin, on a réussit à sauver les meubles. C'était certes plus comme avant mais on arrivait peu à peu à remonter la pente. J'avais besoin d'elle, je n'avais pas le droit de le nier. Et puis, tout est parti en vrille ce jour là. « J'ai merdé Lloyd ... J'étais défoncée et c'est arrivé comme ça ... Je sais, j'ai pas d'excuses mais ... J'suis désolée ... » Attendez, je rêve où elle vient de m'annoncer qu'elle m'avait clairement trompé en couchant avec ... Avec qui au fait ? Elle n'a jamais voulu me le dire, mais, soyons honnête, je savais très bien que c'était ce démon de Fawkes. Noah pour être plus précis. Non, pas Andreas, lui, il n'aurait pas couché avec sa meilleure amie. Alors c'est finit, juste comme ça. Un putain de pincement au coeur. J'croyais qu'on pourrait s'en sortir mais apparemment, j'me plantais complètement. Encore une fois. Mais, finalement, le plus important, ce n'est pas que ce soit fini, entre nous. C'est qu'on soit passés à autre chose, tous les deux. J'ai besoin d'elle, j'aurais toujours besoin d'elle. Mais plus de la même façon.

« Allez, lèves-toi phacochère et sors de ta tanière un peu, tu m'fais peur à rester cloitrer dans ta piaule, j'déconne pas. » Je sors la tête de sous mon oreiller et je me retrouver face à une Jean incrédule. Je grogne et retourne sous mon oreiller. Si elle croit me bouger comme ça, elle se fout le doigt dans l'oeil. « Lloyd, arrête de faire le gamin et lèves-toi bordel ! » Je ne bouge pas. Il en est hors de question. Et puis quoi encore ? Elle compte aller me faire courir le marathon ou quoi ? Si maintenant je n'ai même plus le droit de dormir pendant vingt-quatre heures, c'est franchement pas drôle. Je voudrais pouvoir oublier ces deux derniers mois, ce serait franchement sympa. Le souvenir de Marley ne me prendrait plus la tête et mon père serait encore là. Il n'y avait que lui qui pouvait me faire sortir de mon lit sans problème. Mon père n'est plus de ce monde. Mon monde à moi s'est écroulé lorsque ma mère m'a appelé quand on était à Coachella. Il m'arrive encore d'avoir l'impression de le voir au bout de la rue. C'est complètement con, je sais. Bref. Jean me vole mon oreiller. Non mais je rêve, elle n'a pas fait ça quand même ? Je tourne la tête et la vois tout sourire. « Ma vengeance sera terrible Cooper. » Je marmonne dans la couette et me tourne de nouveau. J'ai décidé que je ne me lèverais pas, c'est pas elle qui va y changer quelque chose. L'oreiller s'abat sur ma tête. Elle est pas sérieuse là quand même ? « Fais gaffe à ce que tu fais Cooper. » Je grogne. Elle recommence. Je ne bronche pas. Encore une fois et c'est la fois de trop. Je me redresse avec rapidité et agilité, l'attrape par les poignets et la fais tomber sur le lit. Je prends tout de même soin de ne pas lui cogner la tête ou de lui faire mal. J'veux pas la casser non plus. Bref. Il ne me faut pas longtemps avant de la plaquer sur le lit, posant ma tête sur sa poitrine et entourant sa taille de mes bras. Faut pas déconner non plus. Elle a voulu me piquer mon oreiller, très bien, j'en ai trouvé un autre. Et vachement mieux en plus. « Putain ... Tu fais chier, tu l'sais ça ? » Je resserre mon étreinte. Elle soupire et finit par laisser tomber. Comment je le sais ? Premièrement, l'oreiller tombe sur le sol. Deuxièmement, elle a soupiré. Troisièmement, l'une de ses mains se perd dans mes cheveux. J'ai gagné, je le sais. Je ferme les yeux, tout content de moi. « Lloyd ... » Je redresse la tête. Elle a l'air préoccupée et je sais pourquoi. Faut qu'elle arrête de réfléchir, comme ça, tout le temps. Je lui fais signe de se taire avant de passer ma main sur sa joue. « T'inquiètes ... Je gère. » Pas le temps d'attendre, mes lèvres attrapent les siennes. Il est hors de question qu'elle pense à quoi que ce soit, pas maintenant, pas aujourd'hui, j'ai pas envie.

Je me présente, LSD junior ou Bébé face de rat. J'ai dix-huit ans et j'ai hérité de toute l'intelligence et du bon sens de la famille. Enfin, le bon sens, j'ai tendance à lui marcher dessus ces derniers temps. Enfin, ce sera peut-être bien un mal pour un bien. Ah oui, le petit rigolo qui trouve amusant de se foutre de la gueule des gens, c'est moi. Mais sachez que ce n'est jamais bien méchant quand ça vient de ma part. Oh et, si un jour, vous croisez un fou furieux de la danse dans la rue, casquette bien enfoncée sur la tête, c'est probablement moi. Alors ne faites pas attention, ou alors diffusez ça sur le net, je pourrais m'faire de la thune et surtout on me remarquera. La preuve, qui c'est qui a rencontré Chris Brown ? C'est bibiiiiii.